Durisotti entame une nouvelle ère
Ces quinze derniers mois, la société familiale a traversé l’une des plus fortes tempêtes de son histoire. Fragilisé, menacé, le constructeur-carrossier a dû consentir des sacrifices importants pour ne pas baisser pavillon. Ainsi, 120 personnes, soit un tiers de son effectif total, ont été licenciées. Allégée, restructurée, l’entreprise a désormais réuni les conditions nécessaires pour entrevoir l’avenir plus sereinement. Depuis le 19 juillet dernier, le tribunal de commerce d’Arras a, en effet, validé le plan de continuation de la direction du groupe. Mais le contexte et le marché sont toujours aussi incertains. Difficile, à l’heure actuelle, de composer avec des budgets resserrés, des renouvellements de parc qui se font au compte-gouttes, ou alors reportés, certains clients privilégiant même la réparation de la flotte existante plutôt que d’investir dans de nouveaux produits. Et l’échéance prochaine des élections municipales pourrait encore prolonger la période d’attente. Voilà la situation. “Notre métier a toujours été très cyclique, mais depuis quelque temps il est devenu totalement imprévisible. Nous avons connu un passage à vide très fort en début d’année, avant d’enregistrer une hausse de l’activité en juin. Nous n’avons aucune certitude sur le lendemain, une situation qui nous pousse à être encore plus réactifs et à surtout ne pas nous endormir sur nos lauriers”, expose Jean-François Durisotti, président du groupe familial.
Devenir une force de proposition
Durant cette période, le constructeur-carrossier n’a jamais relâché ses efforts sur le plan de la recherche et des développements pour rester compétitif. “Nous avons fait plus que colmater les brèches, nous nous sommes organisés pour préparer l’avenir, avec comme mots d’ordre l’innovation, l’autonomie et la polyvalence”, détaille le dirigeant.
Durisotti a surtout su tirer de cette expérience nombre d’enseignements qui ont grandement façonné sa réorganisation et sa stratégie future. Le groupe, qui avait bâti sa croissance sur quelques gros marchés porteurs, a, notamment, mesuré la nécessité de diversifier son portefeuille clients, de prendre position sur de nouveaux segments de marché et d’être offensif. “Notre volonté est de spécialiser de plus en plus nos gammes pour devenir une force de proposition chez nos clients et renforcer notre crédibilité”, affiche Jean-François Durisotti. Ainsi, l’opérateur a repris à son compte, il y a un an, la fabrication de bennes HLE (acier Haute Limite Elastique), qui était autrefois sous-traitée à hauteur de 60 %. “Nous sommes revenus à la base de notre métier de constructeur-carrossier”, explique François Loor, directeur commercial du groupe, qui a été nommé président de Durisotti SAS. Avec cette benne 100 % Durisotti, qui commence à investir le réseau d’agents via des kits, le groupe revendique 60 à 80 kg de charge utile en plus par rapport à une benne classique en acier. L’opérateur nordiste travaille actuellement à l’élaboration de la logistique nécessaire au démarrage de la production en série des 208 de Peugeot Sport, un contrat pluriannuel qui pourrait également trouver un prolongement avec Citroën. L’entreprise a aussi remporté des nouveaux contrats avec JCDecaux, Vinci, les CRS ou encore l’Etablissement français du sang. En janvier 2014, la société entamera la production de fourgons grands volumes sur châssis, fabriqués exclusivement en interne, mettra un pied sur le marché des véhicules isothermes, tout en continuant d’étoffer son offre sur le segment du transport de personnes. Un déploiement qui commence déjà à porter ses fruits. “Nous avons retrouvé de la rentabilité, notre trésorerie est rassurante et le chiffre d’affaires est en progression, notre première étape de restructuration est positive”, se félicite Jean-François Durisotti.
Ouverture internationale et croissance externe envisagées
La phase de reconquête entamée par le groupe doit surtout s’inscrire dans la durée, via des défis parfaitement identifiés : l’élargissement des lignes de produits, mais également le développement de partenariats, l’ouverture aux marchés internationaux ou encore la croissance externe. Déjà présente en Suède, en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas et au Maghreb, la société entend répondre à une demande existante sur certains nouveaux marchés avec des produits à forte valeur ajoutée. “L’international représente plus une opportunité qu’une nécessité aujourd’hui, mais nous ne pouvons pas faire fi de cette étape”, juge Jean-François Durisotti. Bien qu’en reconstruction, la société doit également rester à l’affût d’éventuelles acquisitions, surtout dans la période actuelle, à condition “qu’elles nous apportent une crédibilité et un complément de gamme”, précise le dirigeant. Le groupe, qui compte actuellement 230 collaborateurs via ses sites de Sallaumines, Agen et Metz, devrait afficher un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros en 2013.
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