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Constructeurs

Diesel : Renault à nouveau pointé du doigt

Publié le 15 mars 2017

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Les affaires autour du Diesel continuent. Le Français, visé par une information judiciaire, se retrouve sous les feux de l'actualité suite à la parution d'extraits d'un procès-verbal de la DGCCRF. Le constructeur a réaffirmé de pas avoir triché et n'utiliser aucun logiciel.

 

Soupçonné par Bercy d'avoir installé un "dispositif frauduleux" pour fausser les tests d'homologation de moteurs Diesel, Renault a répété mercredi qu'il respectait les règles et réservait ses explications aux magistrats. Le journal Libération a publié mercredi des extraits d'un procès-verbal de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui a contribué le 12 janvier à l'ouverture par le parquet de Paris d'une information judiciaire visant le premier groupe automobile français pour "tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués".

 

Selon ces éléments datant de novembre, Renault "a trompé les consommateurs sur les contrôles effectués et notamment le contrôle réglementaire de l'homologation sur les émissions de polluants". "La société a utilisé une stratégie ayant pour objectif de fausser les résultats de tests antipollution", selon la même source. Selon Libération, le document met en lumière des écarts importants entre les performances de certains moteurs Renault au moment de leur homologation en laboratoire, et leur utilisation en conditions réelles, en particulier les modèles Renault Captur et Clio IV qui dépasseraient le seuil réglementaire d'émission de dioxyde de carbone de respectivement 377% et 305%.

 

"Ces résultats permettent de soupçonner l'installation d'un dispositif frauduleux qui modifie spécifiquement le fonctionnement du moteur, pour en réduire les émissions de NOx (oxydes d'azote, NDLR) dans des conditions spécifiques du test d'homologation, afin que les émissions respectent les limites réglementaires", conclut la DGCCRF dans son procès-verbal. Ces soupçons rappellent le scandale Volkswagen, qui a reconnu en septembre 2015 avoir équipé onze millions de ses véhicules Diesel à travers le monde d'un logiciel destiné à tromper les contrôles anti-pollution. Partie des Etats-Unis, cette affaire a coûté pas moins de 23 milliards de dollars au géant allemand dans ce pays. De son côté, Renault a dit mercredi dans un communiqué avoir "pris connaissance d'un article déséquilibré paru ce jour dans la presse nationale relatif au dossier 'émissions'".

 

Le groupe "rappelle qu'aucun de ses services n'a enfreint les règles, européennes ou nationales, relatives à l'homologation des véhicules. Les véhicules Renault ne sont pas équipés de logiciels de fraude aux dispositifs de dépollution". Enfin, la société "n'entend pas commenter une instruction en cours, procédure confidentielle par nature et à laquelle l'entreprise n'a, à ce stade, pas accès. Renault ne peut en conséquence confirmer la véracité, l'exhaustivité et la fiabilité des informations contenues dans cet article. Renault justifiera de son respect de la règlementation et réserve ses explications aux magistrats en charge d'instruire ce dossier", selon la même source.

 

La Bourse a mal accueilli ces nouveaux éléments, le titre Renault perdant près de 3% à 11h à Paris, dans un marché stable. Début février, le P-dg de Renault, Carlos Ghosn, avait assuré "qu'il n'y a(vait) pas de triche chez Renault, il y a des améliorations à amener en matière d'émissions dans des conditions réelles d'utilisation (que) nous nous sommes engagés à faire". Carlos Ghosn avait aussi justifié le fait que son entreprise n'avait pas passé de provisions dans ses comptes 2016 pour faire face aux éventuelles conséquences financières de l'affaire. "On sait ce qu'on a dans nos moteurs. Et quand on regarde ce qu'il y a dans nos moteurs, on n'a pas besoin de passer des provisions", avait-il juré.

 

Mercredi, la CGT de Renault a déploré que l'image de l'entreprise soit "fortement ternie par ces révélations" et appelé la direction à "faire toute la lumière sur cette affaire qui traîne depuis trop longtemps et pour laquelle elle n'a pas daigné donner la moindre information aux organisations syndicales". Alors que l'Etat détient encore 19,74% du capital de Renault, l'affaire a également fait réagir le candidat à l'élection présidentielle Jean-Luc Mélenchon pour qui "naturellement, l'Etat ne peut pas approuver l'idée que l'on viole la loi et les décisions des parlementaires". "Par conséquent, Renault serait puni" si les soupçons de tromperie étaient confirmés, a déclaré le candidat de La France insoumise au micro d'Europe 1.

(Avec AFP)

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