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Constructeurs

Chaque faiblesse devient potentiellement une force

Publié le 4 novembre 2010

Par Christophe Jaussaud
5 min de lecture
Paul Sevin, directeur commercial Seat SA - A la tête du commerce de Seat depuis peu, Paul Sevin livre sa vision de la marque espagnole mais surtout sa feuille de route. L’ambition est grande et le travail aussi.

Journal de l’Automobile. Six mois après votre arrivée, quelles sont, selon vous, les forces et faiblesses de Seat ?
Paul Sevin.
Les produits de la marque sont une force fantastique. En plus du design, ils sont d’une consistance qui m’a bluffé. Nous sommes bien au-delà de l’émotion, avec une vraie qualité qui se sent immédiatement mais aussi une technologie incroyable au service du conducteur. Tout cela pourrait se résumer par une forme de plaisir, pas au sens hédoniste, mais un plaisir serein. Quant aux faiblesses, on peut noter le fait de ne pas avoir suffisamment confiance dans ces produits justement et de ne pas avoir assez communiqué. Mais nous allons nous y employer.

JA. Seat a vendu un peu plus de 330 000 unités en 2009. Où devez-vous conduire Seat ?
PS.
Ma feuille de route est simple. Nous disposons de Martorell, une usine exceptionnelle qui fait bien sûr partie des forces de Seat, qui affiche une capacité de production annuelle de quasiment 550 000 unités. Mon rôle est de faire en sorte que sa pleine capacité soit atteinte. Une augmentation qui ne se fera pas en allant vendre des voitures à l’autre bout du monde mais à partir du marché local. C’est-à-dire, l’Espagne bien sûr, mais l’Europe au sens large.

JA. L’Europe est pourtant un marché mature avec, en plus pour vous, l’influence importante de l’Espagne. N’avez-vous vraiment pas envie d’internationalisation ?
PS.
Je considère que chaque faiblesse devient potentiellement une force si l’on veut bien la considérer. Que le marché espagnol soit aujourd’hui en difficulté, nous oblige à regarder d’une autre manière les potentiels de développement des autres marchés européens. Et notre potentiel se définit par notre capacité à parler du cœur de la marque. Il faut arrêter de penser que la montagne est infranchissable ! Pour moi cette montagne “Europe”, même avec un marché difficile, reste l’opportunité de travailler avec des professionnels, dans un vrai plan de développement sur plusieurs années, en parlant des qualités de la marque tout simplement. Le monde automobile est en train de revenir sur des valeurs profondes et fondamentales. Le consommateur en veut pour son argent. Seat a tous les atouts pour y répondre. De la qualité, de la sécurité, de l’agrément de conduite, du plaisir et du design.

JA. Un mot sur le marché espagnol qui est très important pour Seat.
PS.
Le marché n’est pas en bonne santé. Mais là encore, cette situation fait naître des opportunités. Seat est une marque espagnole qui ne l’a pas suffisamment dit à ses compatriotes. Seat est notamment la 2e entreprise du pays en termes de R&D. Ensuite, c’est le moment de dire la vérité sur ce que sont les produits Seat. Nous allons communiquer sur ces points en concentrant nos moyens. Enfin, malgré les difficultés, pour la première fois depuis 10 ans, Seat est le leader du marché. Nous n’avons pas l’intention de perdre cette place.

JA. Votre réseau va-t-il évoluer à l’échelle européenne ?
PS.
Globalement, le maillage est bon, bien qu’il y ait des insuffisances dans les centres urbains. Nous devons corriger cela car Seat est également une marque urbaine.
En revanche, il faut que l’on rénove notre réseau. Nous devons offrir plus de modernité à l’image du concept IBE. Cela va faire l’objet d’un programme précis. Nous en reparlerons en 2011.

JA. Faut-il voir le concept IBE comme un vrai positionnement de la marque sur l’électrique ou un simple “héritage” technologique du groupe ?
PS.
Bien sûr, nous nous appuyons sur les travaux du groupe, mais nous allons au-delà. Pour nous, la mobilité urbaine de demain sera électrique et on y travaille. D’ailleurs, nous sommes engagés dans un programme (Cinet Verde), aux côtés de 16 entreprises et 16 universités du pays, afin de travailler sur la future infrastructure espagnole pour que les VE puissent se développer et être pleinement utilisés.
Ensuite, ce concept nous renseigne également sur le design futur de la marque. Nous annonçons clairement le style de demain. C’est de la modernité dynamique et nous en sommes très fiers.
 

JA. Martin Winterkorn a, il y a quelques mois, évoqué le positionnement de Seat, laissant entendre qu’il y aurait une évolution. Votre positionnement “jeunes” appartient-il au passé ?
PS.
La jeunesse n’est pas un argument de vie, ce n’est pas un argument d’achat. La marque Seat propose des produits matures qui s’adressent à une cible beaucoup plus large. Avec l’Ibiza ST, l’Exeo, l’Exeo ST, l’Alhambra… nous sommes déjà dans cette voie. Nous nous ouvrons davantage, nous sommes dans la réalité du marché.
Seat est une marque qui s’ouvre aux jeunes d’esprit qui aiment l’automobile d’une manière rationnelle mais pas seulement. Comme je vous l’expliquais, la notion de prix abordable, mais aussi de qualité, de technologies utiles sont également au cœur. Puis à cela s’ajoute naturellement un design plus fort, plus latin que les autres.

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