Champions du monde !
...la cerise sur le gâteau, mais pas une obsession. Nous le disputerons à Shanghai pour faire plaisir à Bernie qui m'a demandé de ne pas gagner ici !". Au soir du GP du Japon magistralement remporté par Kimi Raïkkönen et sa McLaren MP4/20, Flavio Briatore, le bouillant directeur général de Renault F1 Team, trouve encore le goût à plaisanter. Ou peut-être se force-t-il à le faire, pour dissiper son amertume. Pourtant, en dépit de la victoire envolée à l'amorce du dernier tour suite au dépassement imparable du finlandais (pourtant parti en 17e position !) sur Giancarlo Fisichella, la troisième place d'Alonso permet à l'écurie française de quitter le Japon avec deux points d'avance sur sa rivale britannique. Plus sérieusement, Flavio Briatore, toujours : "Il nous reste une course à faire, nous menons le championnat des constructeurs, et nous aurons une nouvelle spec moteur en Chine. Nous avons encore toutes nos chances". Belle sérénité ! Disons-le tout net, en ce qui nous concerne, nous ne donnions pas cher des chances de Renault (à tort !) au vu de la déferlante McLaren-Mercedes. Et pour cause. Depuis le GP de Hongrie le 31 juillet dernier, les flèches d'argent avaient enchaîné les victoires : six consécutives dont quatre pour Raïkkönen et deux pour Montoya.
A Shanghai, Renault alignait l'ultime évolution de son V10 à 72° dont la genèse remonte à juillet 2003
Mais attention ! Au vu du règlement actuel et de son décompte de points (10, 8, 6, 5, 4, etc.) la seule victoire ne suffit plus. La deuxième voiture se doit de franchir la ligne d'arrivée, si possible sur le podium. Et à ce niveau… force est de reconnaître que le colombien de McLaren se sera montré le meilleur allié de Renault avec ses deux derniers rendez-vous manqués. A son actif, une sortie de route suite à un contact avec Villeneuve à Suzuka et, à sa décharge, un abandon dans le stand après avoir roulé sur une plaque de visite du système de drainage baladeuse à Shanghai. Blotti derrière une autre voiture, il n'a pu éviter l'obstacle situé sur la trajectoire, c'est-à-dire sur le vibreur extérieur.
Mais, retour aux éléments "intrinsèques". La performance pure des R25, la seule qui au départ fait la différence. A Shanghai donc, Renault, le pionnier du moteur V10 depuis l'ouverture du chapitre en 1989, alignait l'ultime évolution (dans la mesure où la saison 2006 verra le retour du V8) de son RS 25 à 72°. A savoir, la spec "E" dont le régime dépasse les 19 000 tr/mn ! Surtout, un moteur "plein" en terme de plage d'utilisation. Résultat, l'écurie française décrochait sa meilleure qualification de la saison 2005, avec une première ligne 100 % à ses couleurs. Le nouveau champion du monde signait sa 6e pole position de la saison (en 1'34''080) tandis que son équipier italien, relégué à quelque 3/10e se plaçait à ses côtés. Au passage, Renault offrait à Michelin sa 100e pole position en Formule 1.
Voilà bien longtemps qu'un tel écart n'avait pas été constaté chez les "Constructeurs"
Pas de quoi, toutefois, ébranler la confiance des hommes de Ron Dennis, persuadés de pouvoir réaliser le doublé en course. Pour eux, les Renault avaient sans doute embarqué moins de carburant que les MP4/20, d'où un probable arrêt aux stands aux environs du 15e ou 16e tour…
La course leur donnera tort. Grâce à la protection "rapprochée" de son équipier, Fernando Alonso s'échappait à raison d'une seconde au tour, au minimum. De quoi se constituer un matelas de 20 secondes jusqu'au 19e tour. Las, cette confortable avance sera réduite à néant par l'intervention du Safety Car suite à l'incident dont fut victime Montoya. Conséquence directe, Raïkkönen, Alonso et Fisichella empruntaient de concert la voie des stands pour ravitailler, ôtant définitivement les doutes des gris-argent. C'est alors que survint le coup de grâce, avec l'abandon du colombien. Les choses se présentaient donc au mieux pour l'écurie Renault et la deuxième intervention du safety car au 29e tour (suite à la violente sortie de route de Karthikeyan) n'y changera rien. Pas plus que la pénalité (contestable) infligée à Fisichella pour obstruction à l'entrée des stands alors qu'il effectuait son pit-stop, tout comme Raïkkönen et Ralf Schumacher (Toyota) qui le suivaient. Bref, Alonso s'impose avec maestria devant un Raïkkönen impuissant quant à son équipier italien, il échoue aux pieds du podium, la 3e marche revenant à un opportuniste Ralf Schumacher. Largement suffisant pour offrir le titre à Renault qui s'impose avec seulement 9 points d'avance face à McLaren (191 à 182). Voilà bien longtemps qu'un tel écart n'avait pas été recensé chez les constructeurs ! La Marseillaise pouvait retentir, sans retenue. Sûr que Carlos Ghosn, le nouveau président de Renault, doit apprécier.
Marc David
ZOOMLe premier titre d’un “généraliste” ! |
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