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Constructeurs

Champions du monde !

Publié le 21 octobre 2005

Par Marc David
6 min de lecture
En signant avec panache sa 7e victoire de la saison au GP de Chine, Fernando Alonso a offert sur un plateau le titre à Renault. Juste retour des choses. "Pour moi, le titre mondial le plus important est dans la poche, celui des pilotes. Celui des constructeurs sera...
En signant avec panache sa 7e victoire de la saison au GP de Chine, Fernando Alonso a offert sur un plateau le titre à Renault. Juste retour des choses. "Pour moi, le titre mondial le plus important est dans la poche, celui des pilotes. Celui des constructeurs sera...

...la cerise sur le gâteau, mais pas une obsession. Nous le disputerons à Shanghai pour faire plaisir à Bernie qui m'a demandé de ne pas gagner ici !". Au soir du GP du Japon magistralement remporté par Kimi Raïkkönen et sa McLaren MP4/20, Flavio Briatore, le bouillant directeur général de Renault F1 Team, trouve encore le goût à plaisanter. Ou peut-être se force-t-il à le faire, pour dissiper son amertume. Pourtant, en dépit de la victoire envolée à l'amorce du dernier tour suite au dépassement imparable du finlandais (pourtant parti en 17e position !) sur Giancarlo Fisichella, la troisième place d'Alonso permet à l'écurie française de quitter le Japon avec deux points d'avance sur sa rivale britannique. Plus sérieusement, Flavio Briatore, toujours : "Il nous reste une course à faire, nous menons le championnat des constructeurs, et nous aurons une nouvelle spec moteur en Chine. Nous avons encore toutes nos chances". Belle sérénité ! Disons-le tout net, en ce qui nous concerne, nous ne donnions pas cher des chances de Renault (à tort !) au vu de la déferlante McLaren-Mercedes. Et pour cause. Depuis le GP de Hongrie le 31 juillet dernier, les flèches d'argent avaient enchaîné les victoires : six consécutives dont quatre pour Raïkkönen et deux pour Montoya.

A Shanghai, Renault alignait l'ultime évolution de son V10 à 72° dont la genèse remonte à juillet 2003

Mais attention ! Au vu du règlement actuel et de son décompte de points (10, 8, 6, 5, 4, etc.) la seule victoire ne suffit plus. La deuxième voiture se doit de franchir la ligne d'arrivée, si possible sur le podium. Et à ce niveau… force est de reconnaître que le colombien de McLaren se sera montré le meilleur allié de Renault avec ses deux derniers rendez-vous manqués. A son actif, une sortie de route suite à un contact avec Villeneuve à Suzuka et, à sa décharge, un abandon dans le stand après avoir roulé sur une plaque de visite du système de drainage baladeuse à Shanghai. Blotti derrière une autre voiture, il n'a pu éviter l'obstacle situé sur la trajectoire, c'est-à-dire sur le vibreur extérieur.
Mais, retour aux éléments "intrinsèques". La performance pure des R25, la seule qui au départ fait la différence. A Shanghai donc, Renault, le pionnier du moteur V10 depuis l'ouverture du chapitre en 1989, alignait l'ultime évolution (dans la mesure où la saison 2006 verra le retour du V8) de son RS 25 à 72°. A savoir, la spec "E" dont le régime dépasse les 19 000 tr/mn ! Surtout, un moteur "plein" en terme de plage d'utilisation. Résultat, l'écurie française décrochait sa meilleure qualification de la saison 2005, avec une première ligne 100 % à ses couleurs. Le nouveau champion du monde signait sa 6e pole position de la saison (en 1'34''080) tandis que son équipier italien, relégué à quelque 3/10e se plaçait à ses côtés. Au passage, Renault offrait à Michelin sa 100e pole position en Formule 1.

Voilà bien longtemps qu'un tel écart n'avait pas été constaté chez les "Constructeurs"

Pas de quoi, toutefois, ébranler la confiance des hommes de Ron Dennis, persuadés de pouvoir réaliser le doublé en course. Pour eux, les Renault avaient sans doute embarqué moins de carburant que les MP4/20, d'où un probable arrêt aux stands aux environs du 15e ou 16e tour…
La course leur donnera tort. Grâce à la protection "rapprochée" de son équipier, Fernando Alonso s'échappait à raison d'une seconde au tour, au minimum. De quoi se constituer un matelas de 20 secondes jusqu'au 19e tour. Las, cette confortable avance sera réduite à néant par l'intervention du Safety Car suite à l'incident dont fut victime Montoya. Conséquence directe, Raïkkönen, Alonso et Fisichella empruntaient de concert la voie des stands pour ravitailler, ôtant définitivement les doutes des gris-argent. C'est alors que survint le coup de grâce, avec l'abandon du colombien. Les choses se présentaient donc au mieux pour l'écurie Renault et la deuxième intervention du safety car au 29e tour (suite à la violente sortie de route de Karthikeyan) n'y changera rien. Pas plus que la pénalité (contestable) infligée à Fisichella pour obstruction à l'entrée des stands alors qu'il effectuait son pit-stop, tout comme Raïkkönen et Ralf Schumacher (Toyota) qui le suivaient. Bref, Alonso s'impose avec maestria devant un Raïkkönen impuissant quant à son équipier italien, il échoue aux pieds du podium, la 3e marche revenant à un opportuniste Ralf Schumacher. Largement suffisant pour offrir le titre à Renault qui s'impose avec seulement 9 points d'avance face à McLaren (191 à 182). Voilà bien longtemps qu'un tel écart n'avait pas été recensé chez les constructeurs ! La Marseillaise pouvait retentir, sans retenue. Sûr que Carlos Ghosn, le nouveau président de Renault, doit apprécier.


Marc David





ZOOM

Le premier titre d’un “généraliste” !
Bien sûr, il y avait eu les six titres de champion du monde des “Constructeurs” obtenus de 1992 à 1997. Des titres glorieux certes, mais différents de ce nouveau titre 2005. En effet, la belle série ininterrompue des années 90 résulte d’un partenariat étroit avec les écuries Williams et Benetton qui alignaient leurs châssis, Renault se positionnant pour sa part en tant que motoriste. Aussi, ce titre 2005 restera à jamais le premier titre 100 % Renault, depuis l’arrivée de la marque au losange dans la discipline en juillet 1977 sur le circuit de Silverstone. A cette époque, “the yellow tea pot” (soit la théière jaune ainsi que les anglais surnommait la RS 01) se faisait surtout remarquer par les nombreuses casses de son moteur V6 turbo. Pas suffisant pour ébranler la confiance de la bande de Frenchies “convertis”, les François Castaing, Bernard Dudot, Gérard Larrousse et Jean Sage ! Vingt-quatre saisons plus tard, Renault, le constructeur “généraliste”, est devenu champion du monde grâce aux qualités de son châssis “R 25” et à la fiabilité exemplaire de son V 10 “atmo” répondant au nom de code “RS 25” : une seule casse moteur à déplorer durant toute la saison (Fisichella à Bahreïn), alors que McLaren en a essuyé cinq avec le V10 Mercedes de Raïkkönen, obligeant le finlandais à réaliser des remontées d’anthologie à l’instar de celle de Suzuka ou de Magny-Cours. Bref, ce premier titre de Renault, est aussi celui de Michelin, Elf, Magneti-Marelli, Champion, OZ… Pour ne parler que des partenaires techniques.

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