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Constructeurs

Carlos Ghosn : si Versailles m'était compté…

Publié le 20 février 2020

Par Christophe Jaussaud
4 min de lecture
Après une enquête préliminaire d'un an, les deux soirées au Château de Versailles feront bien l'objet d'une instruction par des juges du parquet économique et financier. Carlos Ghosn est ici soupçonné d'abus de biens sociaux.
Carlos Ghosn est soupçonné d'abus de biens sociaux.

 

Les deux soirées fastueuses organisées au Château de Versailles en 2014 et 2016 étaient-elles des évènements privés ou professionnels ? Un an après l'ouverture d'une enquête préliminaire sur des soupçons d'abus de bien sociaux chez Renault visant son ex-patron, Carlos Ghosn, le parquet de Nanterre (92) a transmis l'enquête à un juge d'instruction.

 

Cette information judiciaire, confiée à plusieurs juges d'instruction du pôle économique et financier du tribunal de Nanterre, a notamment été ouverte "pour abus de biens sociaux, abus de confiance aggravés, faux et usage, blanchiment aggravé d'abus de biens sociaux (...)" pour des faits commis entre 2009 et 2020, a précisé le parquet dans un communiqué.

 

L'ancien patron de l'Alliance est soupçonné d'avoir organisé deux soirées d'ordre privé au Château de Versailles, en échange d'une convention de mécénat signée entre la marque au losange et l'établissement qui gère le château. La justice soupçonne la première fête, organisée le 9 mars 2014, d'avoir eu lieu en l'honneur des 60 ans du patron déchu et non pour célébrer les quinze ans de l'Alliance Renault-Nissan. Les images de cette soirée fastueuse à 530 000 euros avec musiciens, figurants en costume d'époque et feu d'artifice, avaient fait polémique lorsqu'elles avaient été révélées par le site de L'Obs.

 

D'après un audit interne commandé par Renault, 94 des 154 invités à ce banquet supervisé par le chef Alain Ducasse étaient des proches de l'homme d'affaires (enfants, sœurs, cousins, amis...), essentiellement d'origine libanaise. Lors de sa conférence de presse du 8 janvier 2020 à Beyrouth, Carlos Ghosn a maintenu qu'il s'agissait d'une soirée à but strictement professionnel, malgré la présence de nombreux proches et l'absence des dirigeants de Nissan.

 

Dans le viseur de l'Oclciff

 

L'autre soirée dans le viseur de la justice est la location du Grand Trianon, dans le parc du château, pour l'organisation en octobre 2016 de son mariage avec Carole Ghosn, une prestation évaluée à 50 000 euros. La convention de mécénat signée entre Renault et le Château de Versailles, d'un montant de 2,3 millions d'euros, autorisait le constructeur automobile à recevoir une contrepartie à hauteur de 25 % de son mécénat. Sollicité par l'AFP, Renault n'a pas souhaité faire de commentaire.

 

L'ex-grand patron, âgé de 65 ans, est aussi dans le viseur de l'office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff) pour des "flux financiers suspects", entre Renault et le distributeur du constructeur automobile français à Oman, Suhail Bahwan Automobiles (SBA). Les enquêteurs se demandent si une partie de ces fonds n'a pas été détournée pour servir les intérêts personnels de Carlos Ghosn.

 

"Cette ouverture d'information n'est pas une nouvelle très significative", a réagi auprès de l'AFP Jean-Yves Le Borgne, un des conseils de Carlos Ghosn. "Il nous appartiendra de donner nos explications au magistrat désigné après avoir pu prendre connaissance du dossier".

 

Une autre information judiciaire est déjà en cours, à Paris, pour des faits d'"abus de biens sociaux" et de "corruption passive". Elle porte sur des contrats signés par RNBV, la filiale néerlandaise à 50-50 entre Nissan et Renault censée incarner l'Alliance, lorsque Carlos Ghosn en était le PDG. La candidate LR à la mairie de Paris, Rachida Dati, et le criminologue Alain Bauer ont touché environ un million d'euros chacun pour des missions de conseil dont aucune trace n'a été retrouvée.

 

Carlos Ghosn fait aussi l'objet de quatre inculpations par la justice japonaise, notamment pour abus de confiance et détournements de fonds. Il y a quelques jours, Nissan annonçait porter plainte devant un tribunal civil au Japon pour réclamer 83,4 millions d'euros de dommages et intérêts à son ancien patron, qui poursuit lui-même le constructeur automobile pour rupture abusive de son contrat. (avec AFP)


 

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