Bertrand Petipa, Audi : "WLTP aura forcement un impact financier sur les flottes"
JA. Quels ont été les résultats d’Audi sur le canal des flottes l'an passé ?
BP. Si la marque en France a enregistré un record de ventes tous canaux confondus avec plus 65 000 véhicules écoulés, 2017 a été un peu plus difficile sur le canal des flottes. Sur ce marché en baisse 6 % pour les marques premium, Audi a subi un recul de 8 %, à un peu plus de 19 512 unités, dont un peu plus de 10 700 à société et 8 800 en LLD. Les ventes aux professionnels ont représenté un peu moins de 30 % des commercialisations totales d'Audi France.
JA. Comment expliquer ce recul ?
BP. Par la diminution des ventes sur les segments historiques B (-20 %) et C, qui ont impacté nos commercialisations d’A4 et d’A6. Nous avons aussi connu des difficultés d’approvisionnement pour nos SUV Q2 et Q5 dues à une demande internationale forte. Nos prises de commandes ont ainsi augmenté de 5 % en 2017. Seul le volume d’immatriculations sur les grands comptes a reculé, en raison du cycle de renouvellement des contrats.
JA. Comment se place Audi par rapport à ses concurrents ?
BP. Sur le périmètre des marques premium, nous nous sommes maintenus second sur le marché des flottes, derrière BMW à 19 771 unités et devant Mercedes à 18 999 VL, incluant donc la filiale Vans.
JA. Comment anticipez-vous 2018 ?
BP. Nous misons un marché des flottes stable et une tendance similaire pour Audi, dont l’année sera tout de même marquée par un nombre de lancements record. Sur le premier semestre, nous commercialiserons la RS4, l’A7, mais aussi le Q8. S'y ajoutent les versions renouvelées de l’A6, en berline et Avant, de l’A1 et du Q3, trois modèles décisifs pour le marché des flottes.
JA. Qu’en est-il de la gamme électrifiée ?
BP. La gamme s’enrichira dès cette année de deux modèles hybrides Diesel e-tron, l’A8 version l et normale et l’Q5. Enfin, nous présenterons en toute fin d’année notre premier SUV tout électrique, baptisé "e-tron". Ce dernier préfigure la stratégie tout électrique d’Audi avec un lancement prévu chaque année jusqu’en 2020. En 2019, nous proposeront une Sportback e-tron, puis une compacte e-tron l’année suivante.
JA. Quelles sont vos ambitions sur ce marché de l’électrique ?
BP. Nos ambitions sont calées sur celles du groupe Volkswagen, qui commercialisera une vingtaine de modèles hybrides ou électriques d’ici à l’horizon 2025. Même si nous ne communiquons pas de chiffres ni de prévisions de ventes, il faut savoir que les commercialisations ont quasiment doublé pour le Q7 e-tron et se sont accrues de 40 % sur l’A3 e-tron en 2017.
JA. Quels sont vos projets pour le réseau afin d’encourager les ventes flottes ?
BP. Nous travaillons en local avec le réseau, notamment sur la partie services, que nous voulons à la hauteur de la marque, premium. Parmi eux, Audi Twin Service, qui propose un entretien en quatre-vingt-dix minutes, visant à limiter l'immobilisation du véhicule, ou encore Audi Rent pour les besoins ponctuels des entreprises.
Parallèlement, nos 144 points de vente bénéficient toujours d’un accompagnement pour la professionnalisation des collaborateurs. Des visites de nos équipes sont organisées dans les concessions afin de les accompagner sur les points techniques, les informer sur les évolutions législatives, les aider à mettre en place des actions marketing ciblées, mais aussi former les nouveaux entrants.
JA. Observez-vous un basculement de vos ventes flottes vers l’essence ?
BP. Non, la part de l’essence reste pour le moment stable même si nos clients nous questionnent beaucoup. Mais si cette part venait effectivement à augmenter, cela ne changera rien pour nous. Cela fait des années que nous proposons une gamme de moteurs essence, et sommes donc prêts à cette potententielle montée en puissance. Reste que, sur le plan économique, le Diesel l'emporte encore via la fiscalité encore avantageuse sur le carburant et le niveau de CO2 plus élevé avec l'essence.
JA. Comment Audi réagit-il par rapport à la forte augmentation de la TVS ?
BP. Cette augmentation constitue une composante de l’environnement dans lequel nous opérons et sur laquelle nous n’avons de toute façon pas la main. Nous n’allons évidemment pas créer des moteurs exprès pour la France, et allons donc nous battre avec nos armes. Une bonne partie de notre gamme reste sous les 120 g, et nous observerons la manière dont les modèles émettant entre 130 et 150 g seront impactés.
JA. Comment vous positionnez-vous par rapport au WLTP ?
BP. Malheureusement, une nouvelle fois, nous nous positionnons de manière attentiste sur ce sujet car nous n’avons pour l’heure pas connaissance des homologations de nos modèles en WLTP. Certes, il y a des éléments qui émanent de nos usines, mais qui ne sont pour l’instant pas descendus à la filiale française. Il est en tout cas certain que ce cycle d’homologation aura un impact financier sur nos clients, mais nous ne savons pas de quel ordre sera cet impact.
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