Olympiades des métiers : des finales avant l’heure
Enfants, parents, grands-parents, professionnels, professeurs ou simples spectateurs, près de 70 000 personnes se sont retrouvées du 29 au 31 janvier au Parc des expositions du Wacken, à Strasbourg. Trois jours durant, ces curieux ont pu observer de près la crème des représentants de la filière professionnelle tricolore. Au total, 823 candidats venus des quatre coins de l’Hexagone et issus de 49 métiers différents se sont affrontés au travers d’épreuves particulièrement exigeantes. Le but pour chacun d’entre eux : figurer parmi les meilleurs de sa discipline et gagner le droit d’intégrer l’Equipe de France des métiers qui participera, en août prochain à Sao Paulo (Brésil), aux WorldSkills International, soit l’équivalent des Jeux olympiques des métiers manuels. Un challenge de taille, à en croire Corentin Baudelet, représentant de la région Nord-Pas-de-Calais en “Tôlerie-Carrosserie” : “Je crois que l’on rêve tous d’être le meilleur représentant de notre spécialité. Aller au Brésil et défendre les couleurs de la France est un rêve, bien évidemment. Maintenant, les finales nationales sont bien trop difficiles pour penser à autre chose. Il est important de rester focalisés sur ces trois jours.” Ces dernières n’ont, en effet, rien d’une partie de plaisir pour des participants déjà tout heureux d’avoir franchi les sélections régionales. En automobile, cinq grandes spécialités sont ainsi représentées. Outre le stand Tôlerie-Carrosserie, figurent également celui dédié aux Cycles et Motocycles, celui de la Mécanique véhicule industriel et, enfin, ceux de la Technologie automobile et de la Peinture automobile. Et pour ne rien laisser au hasard, dans ce qui demeure avant tout une compétition, chaque stand se livre à un ballet réglé au millimètre. Se décrivant comme l’homme à tout faire, Pierre est ainsi le référent métier du stand Peinture. “Mon rôle, comme celui de mes collègues, consiste à gérer tous les aspects logistiques. Nous avons donc préparé tous les supports, nous avons mis en place les ailes, les outils, la cabine de peinture pour que, lorsque les candidats arrivent, tout soit en place.” Et le travail s’avère bien plus conséquent qu’il n’y paraît, son stand comprenant dix-sept postes (pour les dix-sept régions représentées) à remettre à jour avant chaque épreuve (six durant le week-end).
20 heures d’épreuves en trois jours
Expert-métier, Nicolas Jelot est de son côté le cauchemar de tous les candidats puisque c’est à lui que revient la conception des sujets : “Notre mission en tant qu’experts-métiers consiste à concevoir les épreuves, et donc à les tester en amont, mais aussi à créer un barème de notation cohérent et à organiser les notations avec les différents membres du jury.” Le jury, justement, ou une armée de spécialistes à l’œil aiguisé et à qui rien n’échappe. Enseignant dans un CFA automobile, Etienne compte parmi l’armada de juges de ces finales nationales. Il étaye son rôle : “Pour optimiser le travail du jury, chacun d’entre nous va analyser la même chose sur les réalisations des dix-sept candidats. Ainsi, moi, je dois regarder les raccords qu’ils font entre différents éléments. C’est la meilleure manière de couper court aux critiques, aux débats, avec un système de jugement uniquement basé sur des critères objectifs.” Reste que, derrière l’apparente rigidité du protocole, les Olympiades demeurent pour les candidats un grand moment professionnel et humain. “Si la compétition est palpitante, tout ce qu’il y a autour l’est encore plus, souligne Corentin Baudelet. Quand vous réalisez vingt heures d’épreuves en un week-end avec la crème de votre génération, des liens se nouent. Les Olympiades font naître des amitiés, mais elles permettent aussi de créer des contacts privilégiés avec des gens du métier et des relations peuvent être nouées.” Plus qu’une compétition, les Olympiades des métiers demeurent également “le plus efficace des salons d’orientations”, comme l’expliquait Michel Sapin, l’ancien ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. L’organisation ne s’y est d’ailleurs pas trompée en dédiant un vaste espace du Wacken aux écoles et lycées, mais aussi en organisant des visites guidées avec des professeurs venus accompagner des élèves souvent ravis de découvrir un univers mal connu. Difficile de dire si cette débauche d’énergie suffira à offrir à la France l’organisation des WorldSkills International 2019. En attendant, elle permet une nouvelle fois de mettre en lumière des formations professionnelles plus que jamais au cœur du débat.
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FOCUS - Le programme d’ici Sao Paulo
Clos depuis le 26 janvier, le dépôt des candidatures place ainsi en concurrence la France, mais aussi la Belgique et la Russie. Entre le 9 mars et le 27 avril, les membres du conseil d’administration de WorldSkills International (WSI) rendront visite à chacun des prétendants. Dans le cas de la France, seront notamment concernés le Palais Omnisport de Paris Bercy (POBP) qui accueillera les cérémonies d’ouverture et de clôture, et le Parc des Expositions de la Porte de Versailles où se dérouleront les épreuves et la Cité Internationale Universitaire de Paris, où logera le millier de participants. A l’issue de cette visite, un rapport sera émis le 11 mai et validera ou non la démarche des candidats. En cas de réponse positive, ces derniers devront déposer le 29 juin au plus tard leur projet final. Le 10 août, lors de l’assemblée générale de WSI qui se déroulera à Sao Paulo, chaque dossier sera présenté devant les 71 pays membres qui éliront le pays organisateur des WorldSkills 2019.
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