L'industrie automobile a perdu 100 000 emplois depuis 2008
100 000 emplois de perdus au cours des 13 dernières années : le décompte réalisé par l'Observatoire de la Métallurgie dans son étude sur les impacts des mutations de la constructeur automobile sur l'emploi et les compétences fait froid dans le dos. La crise financière de 2008 d'abord, puis le retournement de cycle avec la promotion de l'électromobilité et la fin du moteur thermique, ensuite, et enfin la crise sanitaire ayant entraîné une baisse de la production de 40 à 50 % et de 25,5 % des immatriculations.
Entre 2008 et 2019 : le déclin de l’emploi dans l’industrie automobile atteint 28,7 %, un déclin continu en dehors de la période 2010-2011 : de 260 000 salariés, le niveau de l’emploi passe à 190 000 salariés.
Ce déclin n’est pas propre à l’automobile : toute l’industrie a vu une contraction des effectifs et la moitié des 306 zones d’emploi en France n’avait pas recouvré, fin 2019, le nombre d’emplois de fin 2008.
Mais la construction automobile a connu une baisse deux fois plus importante que l’industrie nationale. Tous les territoires ne connaissent pas tous les mêmes trajectoires. La Bretagne, Centre-Val-de-Loire, Grand Est et Nouvelle-Aquitaine sont les régions les plus affectées par les pertes d’emploi.
Tandis que les Pays-de-la-Loire (-8%) et Auvergne-Rhône-Alpes (-20%) résistent mieux. Les zones d’emploi leaders historiques de l’automobile ont largement pâti de cette crise y compris celles qui se distinguaient par des fonctions de siège et de recherche & développement : Paris, Montbéliard, Rennes, Mulhouse… 150 zones d’emplois au total ont perdu 10 postes ou plus parmi celles qui en recensaient au moins 200 dans la construction automobile.
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Cette baisse de l’emploi ne s’explique cependant pas par les gains de compétitivité mais plutôt du fait du renchérissement des véhicules produits en France, les véhicules du segment B n’étant plus assemblés sur le territoire. De fait, le secteur a détruit des emplois parce que des sites industriels ont fermé ou réduit leur effectif. Ainsi le poids des constructeurs au sein de la famille d’activité de l’industrie auto (codes APE 29) ne représente plus que 49 % des emplois contre 52,5 % en 2008 et même 54 % en 2011.
Accélération programmée des pertes d'emplois
Cette tendance sur les dix années passées s’est cependant nettement accélérée en 2020-2021 notamment à cause de la pression environnementale en défaveur des motorisations thermiques, accentuée par la baisse de production suite à la crise sanitaire. Au total depuis le début de l’année 2020, l’observatoire recense, uniquement sur la base des annonces dans la presse, près de 13 000 suppressions de postes dans la filière. Dans le même temps, 4 806 créations de postes sont comptabilisées pour l’usine ACC de Douvrin (2 000 créations en 2023), PSA à Rennes (500 intérimaires supplémentaires), Toyota à Onnaing (400 créations de postes, Faurecia à Nogent-sur-Vernisson (60 créations) et Symbio Saint-Fons (300 créations en 2023).
Face aux défis de la transformation de cette industrie, une adaptation de l’emploi et des compétences est indispensable pour atténuer les scénarios. D’autant que l’étude met en avant que si la période 2022-2035 suit la même dynamique négative que la période 2008-2021, l’emploi auto risque de se réduire à nouveau de 90 000 personnes, ce qui ferait sortir la France des grandes nations de la construction automobile produisant un effet boule de neige et d’autres fermetures en cascade.
Cette érosion remettrait également en cause la viabilité d’un grand nombre de PME, fragilisant par là-même d’autres secteurs industriels comme le ferroviaire, mais aussi l’économie numérique qui ne peut survivre sans base industrielle forte.
Retrouvez l'intégralité de l'étude sur les impacts des mutations de la construction automobile sur l'emploi et les compétences, réalisée par l'Observatoire de la Métallurgie ici
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