S'abonner
Social

Les salariés d'Opel consentent à travailler plus

Publié le 12 novembre 2004

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
En Allemagne, les salariés d'Opel ont fait une proposition à la direction indiquant qu'ils consentaient à travailler plus pour sauver des emplois. Après la fin de la grève sauvage de Bochum, cette concession place les négociations sur une base plus constructive. Mais la situation reste complexe et...
En Allemagne, les salariés d'Opel ont fait une proposition à la direction indiquant qu'ils consentaient à travailler plus pour sauver des emplois. Après la fin de la grève sauvage de Bochum, cette concession place les négociations sur une base plus constructive. Mais la situation reste complexe et...

...délicate, et l'avenir plutôt sombre.

Pour tenter d'enrayer la menace des 8 700 licenciements en Allemagne, les salariés d'Opel ont proposé à leur direction de renoncer à certains de leurs acquis en travaillant plus. "Nous sommes prêts à modifier le corridor actuel, qui impose une semaine de travail de 32 à 38,75 heures, pour passer à un corridor de 30 à 40 heures, avec un salaire de 35 heures en moyenne", a ainsi affirmé Klaus Franz, membre du syndicat IG Metall et président du conseil central d'entreprise Opel. Cet effort concerne le site principal de Rüsselsheim, sous la menace de 4 000 suppressions de postes, mais aussi ceux de Bochum et de Kaiserlautern, respectivement visés par 4 000 et 700 licenciements. Bien qu'elles demeurent complexes, les négociations sont donc réactivées, deux semaines après la fin de la grève de l'usine de Bochum et les différents débrayages sur d'autres sites européens de la marque. Pour relancer les discussions, syndicats et salariés jouent donc sur le levier du coût de la main-d'œuvre et, par extension, sur l'argument de la rentabilité des sites. Même si ce n'est pas le seul élément qui motive le plan de licenciements annoncé par le groupe GM Motors (voir JA n° 893/894), il reste néanmoins déterminant.

2 545 € de salaire bruts mensuels

Les coûts de main-d'œuvre de production sont très élevés en Allemagne, ce qui pose aujourd'hui problème. A titre indicatif, le salaire mensuel moyen d'un ouvrier de l'usine de Rüsselsheim s'établit actuellement à 2 545 € bruts. Face aux pertes enregistrées sans discontinuité par le groupe en Europe depuis 1999, la tentation peut donc être grande de délocaliser la production vers des pays à moindre coût de main-d'œuvre. D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si l'usine d'Eisenach, située en ex-Allemagne de l'Est, n'est pas concernée par les licenciements, elle qui n'a jamais obtenu la semaine de 35 heures en dépit des grèves du printemps 2003… Le site polonais du groupe n'est pas non plus visé par le plan de restructuration. La concession faite par le personnel a permis de renouer le dialogue, mais elle risque fort de se révéler insuffisante pour sauver un nombre significatif d'emplois. Les salariés avaient déjà accepté de faire des efforts de même nature à Rüsselsheim et la situation ne s'est pas pour autant décantée. Les pertes du groupe en Europe restent considérables et le sévère plan de restructuration baptisé "Olympia", qui ne date "que" de 2001, n'a pas inversé la tendance. Bref, aujourd'hui, sauf intervention d'un deus ex machina politique, des coupes franches dans les effectifs de la marque semblent inexorables.

Rüsselsheim ou Trollhaettan ?

Toujours dans une optique de réduction des coûts, GM a mis en concurrence les sites Opel de Rüsselsheim et Saab de Trollhaettan (Suède) pour la production des modèles de milieu de gamme. Il convient de rappeler que l'usine de Trollhaettan est concernée par le plan de licenciements du groupe à hauteur de 540 salariés. Il apparaît que le perdant de cet "appel d'offres" met tout simplement une bonne partie de son devenir en péril. C'est cruellement vrai pour le site suédois, de taille plus modeste (5 600 employés dont 3 400 affectés à la production) et non "protégé" par la tradition historique que peut faire valoir Rüsselsheim. Le gouvernement social-démocrate suédois et la direction de Saab ont donc réagi : afin de parvenir à un coût par véhicule produit plus compétitif, Saab va épouser le principe de 3 x 8 h. L'usine, qui produit actuellement 120 000 véhicules, passerait à une capacité de 60 véhicules par jour sur 3 postes. De son côté, le gouvernement suédois prévoit de débloquer 199 millions d'euros pour améliorer les infrastructures de la région de Trollhaettan (liaison entre le site et le port de Goeteborg, doublement de la ligne ferroviaire entre les deux villes…) ainsi que le dispositif de formation des professionnels automobiles. Le programme de modernisation régional reposait déjà sur un budget de 855 millions d'euros. En outre, une enveloppe supplémentaire serait mise à la disposition des activités de recherche automobile par le gouvernement. Bref, fort de ce soutien, le site de Trollhaettan peut espérer rivaliser avec celui de Rüsselsheim. Le résultat de l'arbitrage entre les deux sites sera connu prochainement. Au même titre que le résultat des négociations entre syndicats et direction. C'est-à-dire au même titre que le volume exact de licenciements à venir pour Opel Europe en général et Opel Allemagne en particulier…


Alexandre Guillet

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle