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Le syndrome du chien portugais

Publié le 15 décembre 2006

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Le syndrome du chien portugais : vous savez, ce chien en peluche, placé sur la plage arrière des voitures, qui dodeline de la tête mécaniquement, quasi inanimé… Bref, qui ne réagit jamais, pis, qui dit toujours oui. C'est le comportement de nombreux collaborateurs - pourtant bavards dans les...
Le syndrome du chien portugais : vous savez, ce chien en peluche, placé sur la plage arrière des voitures, qui dodeline de la tête mécaniquement, quasi inanimé… Bref, qui ne réagit jamais, pis, qui dit toujours oui. C'est le comportement de nombreux collaborateurs - pourtant bavards dans les...

...couloirs - en réunion. Attention, danger !

De la réunion et de sa bonne utilisation ! Cette pratique managériale de la réunion fit par le passé de tels ravages qu'elle déclencha une pandémie : la "réunionite". Peut-être avions-nous oublié que la réunion a principalement une fonction d'échanges. Un groupe réuni autour d'une table est créateur de relations. Ce n'est pas le contenu de votre réunion qui est ressenti comme intéressant : c'est l'ensemble des mécanismes relationnels qui se sont noués durant celle-ci. Ce processus de groupe est par essence improductif, mais il est inévitable et même nécessaire : c'est - paradoxalement - une sorte de tribut à payer à l'efficacité !
Mais quelle fonction ce rituel de la réunion remplit-il à l'heure où Internet et les nouveaux systèmes de communication permettent de partager l'information, de la stocker et… de l'oublier aussitôt puisqu'un nouvel événement va occulter l'ancien selon le principe que la nouveauté fait vieillir…
Certaines entreprises, en envoyant aux oubliettes papier et stylo et en encourageant l'utilisation des ordinateurs portables en réunion, choisissent de réduire les échanges verbaux et non verbaux. C'est le cas de la téléconférence qui ne satisfait qu'en partie la fonction relationnelle. Cette pratique peut être




FOCUS

Travaux pratiques


  •  Restreignez plutôt l'ordre du jour afin de laisser du temps pour l'expression de vos collaborateurs.
  •  Prendre des notes individuelles ne remplit pas les fonctions de restitution et de transmission qui caractérisent une réunion. Un participant est identifié avant la réunion pour satisfaire à cette tâche d'écoute.
  •  Une réunion se clôture par l'apport d'une solution ou d'une action. Sinon, se réunir ne sert à rien.
  • ponctuelle, mais elle a ses limites. Fondamentalement, il s'agit de redonner à vos réunions cet esprit de discussion où, en tant qu'animateur, vous occupez un rôle privilégié dans la gestion des processus d'échanges d'idées, d'opinions et de ressentis.

    Mieux vaut un style directif qu'un simulacre d'échange

    Il serait vain de vous forcer à solliciter l'expression des personnes assises autour d'une table si par la suite, vous ne tenez pas compte de leurs idées dans vos décisions et si, tout simplement, vous ne vous sentez pas encore prêt à gérer ce que vous craignez le plus (d'éventuels débordements sous forme de prises de position). On a beaucoup médit des réunions de style directif : ce style est bien préférable à un simulacre d'écoute qui ne leurre personne. Des comportements faussement ouverts ne sont pas neutres car, répétés au fil des réunions, ils peuvent provoquer des attitudes de désengagement de la part des participants : ceux-ci se trouvent alors menacés d'être atteints par le syndrome du chien portugais… Retenons ceci : le chien dodeline de la tête mécaniquement et justement, ce mouvement, vous pourriez le repérer chez ce collaborateur dont vous n'entendez jamais la voix et dont, c'est peu dire, qu'il fait preuve d'une faible réactivité. Lorsque vous lui demanderez d'exprimer ses remarques, ses hochements de tête seront assortis d'expressions que vous prendrez au pied de la lettre pour des engagements : "Faisons ainsi, c'est tout à fait cela, c'est faisable…". Alors que ces phrases ne sont en fait que le signe d'un total détachement.

    Ecouter, partager, impliquer

    Vous pouvez enrayer ce syndrome mystificateur en faisant de votre réunion un levier de motivation et de participation. Certes, il est plutôt rare d'avoir des contenus époustouflants à traiter chaque semaine… Aussi chercherez-vous à impliquer vos collaborateurs en leur demandant à tour de rôle de traiter de thèmes à la carte qui sollicitent leur créativité. Votre objectif est de faire s'exprimer vos collaborateurs sur des sujets qui les concernent ou les intéressent en dehors de leurs missions directes ! Bien entendu, pratiquer ce type de réunion doit être en cohérence avec la vision de votre management et ne pas démobiliser vos équipes, ce qui serait le contraire de ce que vous recherchez. L'objectif final demeurant l'efficacité d'ensemble.
    Bref, pourquoi ne pas faire cette proposition lors de votre prochaine réunion ? Surtout si vos collaborateurs expriment leur accord par des… hochements de tête !


    Elisabeth Damour, Coach
    elisabeth.damour@suivideffets.com


     





    ZOOM

    Elisabeth Damour est consultante en ressources humaines et son parcours professionnel l'a mené de Londres à Saõ Paulo et ensuite à Paris où elle a créé le cabinet Suivi d'Effets en 1999. Elle collabore depuis de nombreuses années avec des entreprises où l'innovation est culturelle : L'Oréal, Decathlon, Alstom, Wedgwood et bien sûr l'industrie automobile avec BMW, Seat, MAE, Renault, etc. Suivi d'Effets est spécialisé dans des interventions de teambuilding et de coaching pour les équipes de Design et de R&D. www.suivideffets.com 

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