Grève “à l’ancienne” chez Dacia
...satisfaisants. En effet, les ouvriers réclament une augmentation des salaires de 50 %, prétextant un meilleur partage des bénéfices dégagés par le constructeur. Le salaire des ouvriers passerait ainsi de 285 euros, actuellement, à plus de 430 euros. Dacia ne semble pas ouvert à une telle augmentation. La direction a d'ailleurs annoncé que les salaires de ses ouvriers avaient déjà augmenté de plus de 140 % ces 5 dernières années. Pour tenter de débloquer la situation, le constructeur s'est résigné à revoir sa proposition, en accordant une hausse de 21 % des salaires au lieu des 19 % initialement prévus. Le groupe a, par ailleurs, précisé que les bénéfices dégagés les exercices précédents avaient pour vocation de participer au désendettement de Dacia et à la modernisation de son appareil productif. L'ensemble des syndicats du groupe Renault a soutenu la grève de l'usine de Pitesti. Le comité de groupe, qui réunit les salariés des pays où Renault est implanté, a adopté le 13 mars dernier, une motion de solidarité, incitant le constructeur à "traduire par des évolutions salariales significatives, l'augmentation importante des volumes de production et les efforts fournis pour l'atteinte des performances". On peut se demander quel impact aura cette motion sur la décision du constructeur. Néanmoins, les syndicats espèrent ainsi donner un plus large écho aux revendications des ouvriers roumains. Jugeant cette grève "illégale", le patron de l'usine a saisi la justice roumaine pour casser la grève. En effet, il estime que moins de la moitié des ouvriers ont suivi le mouvement, contrairement aux 80 % annoncés par le syndicat. Outre cet épiphénomène, le mouvement des ouvriers Dacia pourrait être un signe avant coureur, d'un changement de situation en Roumanie et remettre ainsi en cause l'attractivité du pays. En effet, à l'image de la Tchèquie, une nette augmentation du coût de la main-d'œuvre pourrait inciter les investisseurs à regarder vers d'autres pays low-cost. D'ailleurs, Renault pourrait délocaliser, en partie, la production roumaine vers ses nouveaux sites marocains, russes ou indiens. Ford doit suivre attentivement l'évolution de la situation, puisque le constructeur a récemment officialisé le rachat de l'ancienne usine roumaine de Daewoo.
Photo : Malgré la grève, l'usine continue de produire quelque 400 unités par jour.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.