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Folz va quitter PSA

Publié le 15 septembre 2006

Par Christophe Jaussaud
6 min de lecture
A la tête de PSA depuis le 1er octobre 1997, Jean-Martin Folz a décidé de quitter la présidence du groupe. Son soixantième anniversaire, en janvier prochain, sera synonyme de retraite. Son successeur sera désigné avant la fin de l'année. Retour sur dix années qui ont changé le visage de PSA...
A la tête de PSA depuis le 1er octobre 1997, Jean-Martin Folz a décidé de quitter la présidence du groupe. Son soixantième anniversaire, en janvier prochain, sera synonyme de retraite. Son successeur sera désigné avant la fin de l'année. Retour sur dix années qui ont changé le visage de PSA...

...Peugeot-Citroën.


Jean-Martin Folz va quitter la tête de PSA Peugeot-Citröen. Il n'ira pas jusqu'au 13 avril 2008, la fin officielle de son mandat. Une surprise ! La nouvelle est tombée le 8 septembre dans la matinée : "Jean-Martin Folz a informé Thierry Peugeot, président du Conseil de surveillance de Peugeot SA, qu'il souhaitait faire valoir ses droits à la retraite à 60 ans." Un anniversaire qu'il fêtera d'ailleurs le 11 janvier prochain. Si cette annonce a fait l'effet d'une bombe dans le milieu automobile, un porte-parole de la marque, interrogé par l'AFP, a toutefois précisé que "c'est une décision prise de longue date par Jean-Martin Folz, qui considère que la bonne durée d'exercice des postes très opérationnels tels que le sien est de 10 ans. Et elle coïncide avec le fait qu'il va avoir 60 ans en début d'année." La surprise est donc toute relative. Le président du conseil de surveillance a déjà chargé le comité des rémunérations et des nominations d'engager le processus de sélection du futur président du constructeur français. Téléphoneront-ils à Carlos Ghosn ? C'est à la mode en ce moment ! Blague à part, le successeur de Jean-Martin Folz sera connu avant la fin de l'année pour une prise de fonction durant le premier trimestre 2007. L'ère Folz est donc bientôt finie.




FOCUS

Jean-Martin Folz


  •  Né le 11 janvier 1947 à Strasbourg.
  •  1969 : Polytechnique. Sort deuxième de sa promotion.
  •  1971 : Stage à la maison franco-japonaise à Tokyo
  •  1972 - 1974 : ingénieur à la Drire de Rouen
  •  1974 - 1976 : Cabinet de Vincent Ansquer au ministère du Commerce et de l'Artisanat.
  •  1977 - 1978 : Directeur de cabinet d'Antoine Rufenacht au ministère de l'Industrie
  •  1978 : Entre chez Rhône-Poulenc. Directeur de l'usine de Saint-Fons.
  •  1980 : Directeur général adjoint de Rhône-Poulenc
  •  1984 : Directeur général adjoint de Jeumont-Schneider
  •  1985 : P-dg de Jeumont-Schneider
  •  1987 : Directeur général de Péchiney
  •  1991 : Directeur général d'Eridania Béghin-Say
  •  1995 : Entre chez PSA Peugeot-Citroën
  •  1996 : Directeur de la division Automobile du Groupe
  •  1997 : Président du directoire de PSA

  • Même si les résultats 2005 et surtout du premier semestre 2006 (voir tableaux et graphes) sont moins bons que les précédents, il ne faut pas pour autant oublier le formidable travail accompli par Jean-Martin Folz à la tête de PSA. Entré dans l'entreprise en 1995, il en prendra la direction le 1er octobre 1997, succédant ainsi à l'emblématique Jacques Calvet.

    Un discours fondateur

    Dès le 2 octobre 1997 la rupture est totale. Un discours fondateur devant 300 cadres de la société va jeter les bases du futur PSA. Le constat était sévère : "Le groupe manque de croissance, de rentabilité et d'innovations" avait alors conclu le président. Le slogan "Un groupe Deux marques" date aussi de cette journée. Depuis, les ventes du Lion mais surtout celles des Chevrons, enfin totalement intégrés depuis son rachat au milieu des années 70, ne vont cesser de croître. En 1997, le groupe avait vendu 2,1 millions d'exemplaires à travers la planète alors qu'en 2005 le total s'est porté à 3,39 millions d'unités. Une progression sans cesse nourrie par les ventes hors d'Europe de l'Ouest. Si les ventes sur notre continent sont passées de 1,9 à 2,3 millions sur la période, hors de notre territoire elles ont bondi de 320 000 à 1 029 500 unités. Un record de ventes, un chiffre d'affaires multiplié par deux, qui ne serait rien si la rentabilité n'était pas au rendez-vous. La politique de plate-forme commune (une Peugeot et une Citroën partagent au minimum 60 % de leur prix de revient) et les coopérations expliquent en partie les bons résultats financiers du groupe*. D'ailleurs la Bourse a également apprécié puisque le cours de l'action a doublé sous la présidence de Jean-Martin Folz. Cette nouvelle organisation industrielle a donné de nombreux fruits dont 850 millions d'euros d'économie par an. Mais ce passionné de technologie aura également laissé une empreinte dans ce domaine justement avec le filtre à particules. Non pas qu'il l'ait créé mais c'est tout comme tant il a mis la pression sur les ingénieurs du groupe pour qu'il soit prêt pour le lancement de la 607 en 2000. Ainsi, en interne à l'époque, le Fap avait un nouveau nom : le Folz à Promis ! Un tableau quasi idyllique assombri par une voix syndicale. Jean-Pierre Mercier, délégué central CGT, contacté par l'AFP, juge "son bilan social catastrophique". Selon lui, "il a multiplié par deux la production de voitures tout en supprimant 9 000 postes en CDI. Il a fait exploser la précarité, avec, sur six ans, plus de 12 000 emplois précaires (CDD, intérim) sur l'ensemble des sites". Et il enfonce le clou : "Il termine sa triste carrière en fermant l'usine de Ryton entraînant la suppression de 2 300 emplois".

    Encore des dossiers chauds avant la retraite

    Ce polytechnicien aura donc marqué l'histoire du constructeur français. Un constructeur, une famille en fait qui l'a laissé travailler sur le moyen, voire le long terme. En effet, les héritiers Peugeot qui détiennent toujours 30,25 % du capital et 44,94 % des droits de vote, protègent en quelques sortes ses présidents des pressions actionnariales. Sa gestion a d'ailleurs été saluée et pas seulement par le milieu automobile. Ainsi dès 2001, il reçoit le prix de Manager de l'Année du Nouvel Economiste et celui de Patron de l'Année décerné par Forbes Global. Jean-Martin Folz a trusté les récompenses. Il était donc logique de retrouver Jean-Martin Folz Homme de l'Année 2002 du Journal de l'Automobile.
    Une page se tourne, mais Jean-Martin Folz n'a pas pour autant refermé ses dossiers. Fin juillet lors de la présentation des résultats semestriels, PSA avait annoncé une baisse de 59,7 % de son bénéfice net à 303 millions d'euros, il avait alors évoqué "la poursuite de la réduction des frais de structures". Le futur ex-président va d'ailleurs dévoiler, dans les jours à venir, un plan afin de "restaurer la rentabilité du groupe".


    Christophe Jaussaud


    * Dossier spécial PSA JA N° 965 et JA N° 826 Spécial Jean-Martin Folz.


     

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