20 000 emplois menacés chez Volkswagen
...du conseil de surveillance, la direction du groupe Volkswagen vient d'annoncer dans un communiqué laconique que "sur les trois prochaines années, près de 20 000 emplois pourraient être affectés dans la marque Volkswagen, directement ou indirectement". Soit un emploi sur cinq au sein de la marque Volkswagen (100 000 salariés), tandis que le groupe réunit 345 000 employés. Bernd Pischetsrieder, président du groupe, ainsi que Wolfgang Bernhard, directeur de Volkswagen à la solide réputation de cost-killer, jugent les performances de la marque Volkswagen insuffisantes et stigmatisent notamment un mauvais taux de productivité en Allemagne. Pourtant, la marque Volkswagen est redevenue leader sur le marché européen (10,1 % de parts de marché), profitant du déclin de Renault, et les résultats financiers de l'exercice 2005, annoncés au début du mois, sont positifs. Ainsi, le bénéfice net a augmenté de manière notable, à 1,12 milliard d'euros, et le chiffre d'affaires a progressé de 7,1 % pour s'établir à 95,26 milliards d'euros. En outre, le dividende par action doit progresser pour la première fois depuis 2002. Toutefois, le groupe souffre terriblement sur le marché américain et en Chine.
Vers un vaste programme de départs en pré-retraite ?
"Pour assurer l'avenir à long terme du groupe, nous devons résoudre les problèmes de la marque Volkswagen rapidement et efficacement", avance Bernd Pischetsrieder en guise de justification. Tout en restant très évasif sur les modalités pratiques de cette réduction massive d'effectifs. Sur un premier niveau d'intervention, un vaste programme de pré-retraites devrait permettre de supprimer entre 13 et 14 000 postes. Par ailleurs, plusieurs usines de composants seraient susceptibles d'être externalisées. Corroborant ainsi la lecture de la vague formule "emplois affectés (…) indirectement". Au sombre jeu des pronostics, les sites de Kassel, Brunswick et Salzgitter, dédiés à la production de colonnes de direction et de moteurs, sont placés en ballottage défavorable. Ces sites sont néanmoins théoriquement "protégés" par l'accord signé avec les syndicats à la fin de l'année 2004, accord stipulant une protection de l'emploi jusqu'en 2011 en échange d'un gel des salaires de plus de deux ans, notamment. En outre, les quelque 50 000 salariés du site historique de Wolfsburg pourraient aussi être touchés.
Volkswagen veut augmenter le temps de travail hebdomadaire
L'annonce de ce plan social d'envergure met une nouvelle fois en exergue les difficultés de l'industrie automobile allemande (licenciements chez Opel, Mercedes…) et relance le débat sur la durée du temps de travail hebdomadaire outre-Rhin. En coulisses, la direction de Volkswagen réfléchit ainsi aux modalités à adopter pour faire accepter un retour aux 35 heures, voire plus. En effet, dans les usines ouest-allemandes, le temps de travail est en moyenne de 28,8 heures concentrées sur 4 jours. Un handicap certain eu égard à la compétition mondiale qui se joue actuellement à ce niveau. D'autant que les coûts salariaux sont aussi élevés. Face à cette situation délicate, les syndicats, le géant IG Metall en tête, s'inquiètent et dénoncent de concert "un plan social très flou qui pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses". Enfin, l'affaire prend un tour politique puisque l'Etat de Basse Saxe, qui détient 18,2 % des actions de Volkswagen, a fait savoir par la voix de son président Christian Wulff qu'il s'opposerait à toute externalisation de sites dans son périmètre.
Alexandre Guillet
"Retrouvez ce n° en kiosque jusqu'au 27 avril"
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