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Shell Eco-marathon : évolution durable

Publié le 8 juin 2007

Par Tanguy Merrien
10 min de lecture
Pour sa 22e édition consécutive, le Shell Eco-marathon a définitivement inscrit sa démarche dans la durée. Le professionnalisme de l'organisation allié à l'engagement intelligent des partenaires a su répondre à l'enthousiasme technologique des quelque 250 équipes étudiantes participant au...
Pour sa 22e édition consécutive, le Shell Eco-marathon a définitivement inscrit sa démarche dans la durée. Le professionnalisme de l'organisation allié à l'engagement intelligent des partenaires a su répondre à l'enthousiasme technologique des quelque 250 équipes étudiantes participant au...

...challenge.


On les appelle tous "étudiants" même si certains d'entre eux affichent leur pré-adolescence avec détermination et leur 50 kg avec ostentation. Surtout les filles, recherchées exceptionnellement pour cette occasion comme pilotes pour leur poids plume et leur taille de guêpe. Mais étudiants, ils le sont tous, travaillant sans relâche toute l'année, souvent en dehors des heures scolaires ou universitaires, parfois dans des conditions difficiles - une équipe turque avait tout investi dans son prototype au détriment de son installation et de la restauration - pour la plupart avec leurs professeurs voire avec l'établissement tout entier. Un seul objectif les animant, être prêts pour produire le véhicule consommant le moins possible, le prototype écologique par excellence, pour la lutte finale contre les CO2. Du 11 au 13 mai derniers, sur le circuit de Nogaro dans le Gers, ils étaient plus de 250 équipes venues d'une vingtaine de pays d'Europe, du Canada et de Singapour pour répondre à l'invitation du groupe Shell et de ses partenaires Bosch, SKF, Michelin, Autosur ou encore Adecco.

De l'énergie au service de l'énergie

Cette année encore, les équipages ayant choisi les moteurs à combustion interne étaient les plus nombreux (116 utilisant du super, 21 le gazole et 18 le GPL), mais deviennent de plus en plus tentés par l'éthanol (19 équipages). Cependant, ce qui était le plus remarquable, c'est le nombre d'équipes ayant misé sur les énergies alternatives : presque 70 d'entre elles dont 27 pour l'hydrogène afin d'alimenter une pile à combustible. L'énergie solaire était aussi au rendez-vous. En définitive, le circuit de Nogaro, qui vient de se doter d'un nouveau bâtiment particulièrement agréable et fonctionnel, s'est transformé pendant trois jours en véritable laboratoire de recherche. Que ce soit en prototypes ou en UrbanConcept (véhicules s'approchant le plus possible des voitures circulant actuellement), les équipes cherchaient encore sur le circuit comment réduire la consommation, modifier l'ergonomie de certains équipements, alléger le poids ; les ordinateurs voisinaient avec les pinces coupantes, les circuits électriques cohabitaient avec les matériaux de récupération, les batteries avec les plans ou les moules pour expliquer les évolutions, les innovations, les décou-
vertes. Impressionnant aussi, cet échange permanent entre les équipes, n'hésitant pas à montrer telle invention, détailler tel mode de carburation ou emprunter un outil dans un esprit constructif permanent. Et ce dans un anglais très gestuel, une centaine d'équipes étant étrangères, aucune n'étant anglo-saxonne, il faut dire que pour la première fois en avril avait lieu l'épreuve américaine du Shell Eco-marathon. En gros, il y avait environ 3 000 jeunes et accompagnateurs qui se pressaient dans les stands pour faire avancer les recherches environnementales. Les journalistes ont perçu l'apport que cette épreuve générait à la recherche sur l'économie d'énergie puisqu'on comptait plus de 170 d'entre eux présents pendant le week-end.

Prime aux moteurs à combustion interne

Qui réussira à faire tomber la couronne de la tête du lycée St Joseph de la Joliverie de Nantes ? Cette année encore, le Lycée, invaincu depuis des années, a remporté le premier prix en réalisant 3 039 km avec un seul litre de carburant dans la catégorie "moteurs à combustion interne" section prototypes. L'Estaca, l'école d'ingénieurs de l'automobile de Paris, réalise 2 291 km toujours dans cette catégorie suivie du Finlandais Tampere University of Technology avec 2 137 km. Côté piles à combustible, c'est un peu la déception puisque la première équipe, nantaise elle aussi, l'Ecole Polytechnique de Nantes, atteint le seuil des 2 797 km et reste donc encore très éloignée du premier. A noter cependant un deuxième légèrement supérieur au 2e essence, la Hochschule Offenburg-Univ. Of Applied Sciences (Allemagne) atteignant les 2 716 km. Le troisième réalisant 2 552 km (Chemnitz University of Technology, Allemagne). Le premier à énergie solaire est aussi un français, le lycée Louis Pasquet.
En revanche du côté des UrbanConcept, la pile à combustible l'emporte allégrement : l'équipe hollandaise De Haagse Hogeschool-Rijswijk Academie affichant un 557 km alors que le premier en motorisation essence ne fait "que" 306 km (DTU Kgs Lyngby du Danemark), le second 289 km (FEUP Porto, du Portugal) et le troisième 229 km (Lycée N.Niepce). Plusieurs écoles présentant deux projets avec énergies différentes, l'édition 2008 devrait être particulièrement disputée.

Des prix complémentaires très recherchés

"Je reviens toujours gonflé à bloc, et encore plus enthousiaste chaque année au Shell Eco-marathon. De voir tous ses jeunes se mobiliser avec autant d'ardeur autour d'un projet commun et sur l'écologie donne confiance en l'avenir" confiait Guy Maugis, président de Bosch France avant de préciser : "Ces jeunes qui ont su tenir leur engagement et mener un projet de bout en bout tout en poursuivant leurs études sont typiquement ceux à qui l'on peut proposer un emploi avec peu de risques de se tromper". Un commentaire commun aux différents membres des jurys venus décerner les prix spéciaux récompensant "les innovations clés en matière de conception durable et de créativité technique". Ces prix portant le nom des partenaires sont au nombre de sept : prix de l'Education Nationale, prix de l'Eco-conception - Shell, prix du design - SKF, prix de l'innovation technologique - Bosch, prix de l'animation - Adecco, prix de la sécurité - Autosur, et le prix de la communication - Shell. Sept prix et sept jurys composés d'ingénieurs, de techniciens, de designers, de journalistes automobiles, de responsables marketing ou d'inspecteurs de l'éducation nationale, avec pour seule mission de détecter la meilleure idée, le meilleur dessin, la meilleure innovation et de délivrer le prix si l'équipage se qualifie sur circuit. En effet, les UrbanConcept ou les prototypes devaient prouver qu'ils pouvaient rouler avant de voir leurs autres qualités récompensées. Par ailleurs, les conditions de sécurité devaient être remplies par chaque équipe dans chaque stand pour ne pas être disqualifiée. En dehors des résultats techniques, la conduite de projet, la prise en compte des conditions du travail en équipe, la gestion des équipements de sécurité à l'intérieur comme à l'extérieur de l'engin prenaient sur le terrain une importance capitale.


Hervé Daigueperce



Prix du design - SKF

Pas de révélations mais beaucoup d'améliorations et d'évolutions de bon aloi ont caractérisé les projets proposés tant en Urbanconcept qu'en prototypes, des projets en grand nombre puisque 27 équipages postulaient. Deux premiers prix ex aequo ont été remis, l'un au Oestfold University Collège de Norvège pour la grande légèreté de ses lignes et une intelligente intégration des systèmes, l'autre à l'UrbanConcept proposé par l'IES Alto Nalon Barredos-Asturias, d'Espagne pour un design compact et original d'un 3 volumes extrêmement abouti. Le troisième prix a récompensé un hymne au peintre Mondrian, un UrbanConcept bien sûr hollandais, le prototype du Hofstad Lyceum Den Haag. L'Ecam de Bruxelles a reçu une mention spéciale pour une réplique assez hallucinante d'une Mégane, la M'Ecam Trophy. A présenter d'urgence à Renault, qui, précisons-le, n'a en aucune façon participé à la conception de ce véhicule.

Prix de la Sécurité - Autosur

22, c'est le nombre d'équipes ayant postulé au challenge sur la sécurité, c'est aussi la preuve d'un attachement des jeunes à la sécurité routière. Le jury a noté de nombreuses innovations comme la réalisation d'un système de freinage progressif, une direction à assistance électronique associée à la vitesse du prototype, un projet de sonde de choc sur le casque du pilote avec avertissement automatique de l'équipe concernée ou encore un système d'absorption automatique de carburant par de la poudre spéciale métallique en cas de fuite. Le premier prix a été décerné au Lycée professionnel Roger Claustres de Clermont-Ferrand pour l'ajout d'équipements supplémentaires de sécurité tant pour le véhicule que pour le stand. Le second a été emporté par l'UrbanConcept du Ostfold University College de Norvège notamment pour son système de suspension sécurisant sur le train avant. Enfin, le troisième prix a été remis au prototype de l'Université de Poitiers en particulier pour toutes ses actions périphériques de prévention.

Prix de l'Eco-conception - Shell

Plus difficile encore que le prix du design, celui de l'Eco-conception a malgré tout séduit 14 candidats, motivés par la réalisation d'un véhicule associant beauté et protection de l'environnement. Comme le précise le jury, "les aspects environnementaux sont pris en compte à tous les stades de la vie du véhicule : dans la phase d'étude, dans sa production, son utilisation et enfin sa destruction". C'est d'ailleurs grâce à l'utilisation de matériaux de recyclages de matériaux de la région, que l'équipage de l'IUT GMP de Toulouse a emporté le premier prix. L'UrbanConcept norvégien Ostfold University College a obtenu le second prix en prouvant que l'industrialisation d'un véhicule qui respecte l'environnement sonore, une faible pollution atmosphérique et une moindre consommation est possible. Enfin, utiliser des moules en bois peut payer, c'est du moins ce qui a permis à l'Ecole d'Arts et Métiers Erquelinnes de Belgique de prendre la troisième place.

Prix de l'Education Nationale

Remis par un jury d'inspecteurs de l'Education Nationale, ce prix récompense la prise en compte de la globalité du projet, le degré d'implication des jeunes, le souci des aspects économiques, le travail en équipe etc. Le premier prix a été remis, dans la catégorie "Collèges" au Collège Marcel Doret Le Vernet, en "Lycées", le lycée polyvalent Decazeville et en "Enseignement Supérieur", l'Ecole des mines d'Albi Carmaux et l'Ensem (Ecole Nationale Supérieure d'Electricité et de Mécanique de Nancy).

Prix de l'animation - Adecco

Peu de candidats participent à ce prix et pour cause : il faut animer en participant aussi aux épreuves, cela fait beaucoup à la fois. Cependant, les animations régionales qui font découvrir les plats du cru sont fort appréciées et sauvent la mise à de nombreux participants en mal de cuisine ! Le premier prix a récompensé l'Aforp de Drancy qui, entre autres, a distribué un jeu de société dédié au Shell Eco-marathon à tous les candidats. Le second a récompensé l'IFTS des Ardennes et surtout leurs 150 kg de pomme de terre, prétextes à de solides "réjouissances gastronomiques" et pôle de rendez-vous pour beaucoup d'étudiants. Enfin, l'IPSA a conquis le jury en passant LE film de l'édition 2007 de l'Eco-marathon dès le samedi soir.

Prix de l'innovation technologique - Bosch

Lorsqu'on est passionné, les détails finissent par devenir des réalités gênantes. C'est ainsi que nombre d'équipages ayant œuvré sur une prouesse technologique ont oublié qu'il fallait aussi finir la course ! Du coup, une seule équipe a pu être récompensée, il s'agit de l'Ecole Polytechnique de Milan pour "l'intégration de l'embrayage centrifuge à une roue arrière motrice en alliage léger, usinée dans la masse, et dotée d'une frette métallique insérée juste sous la jante pour la partie friction". A noter également pour cet équipage, un système de télémétrie avec transmission sans fil des données (Wi-Fi) entre le calculateur de bord, l'afficheur de bord du pilote et le PC d'exploitation des données dans le stand.

Prix de la communication - Shell

S'il est bien un domaine où des jeunes motivés se retrouvent dans les objectifs de leurs écoles, c'est la communication où ils déploient des trésors d'imagination. Pour nombre d'entre elles, c'est aussi leur ticket d'entrée, puisqu'elles doivent trouver leur financement en se faisant parrainer ou sponsoriser ! Même les familles royales s'y collent, note le jury ! C'est d'ailleurs Ostfold University College du royaume de Norvège qui a enlevé la palme de la communication par la pluralité de ses actions, site Internet, concours au niveau national permettant à quatre personnes de venir à Nogaro etc. En deuxième prix, blog et Internet ont permis à la Hollande d'être sur le podium avec l'équipe De Haagse Hogeschool-Rijswijk Academie. Enfin l'IUT de Poitiers a séduit le jury à l'aide d'un quotidien "l'Echo du Marathon", entre autres.

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