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Quand la gestion du risque soutient la résilience de la supply chain

Publié le 28 mars 2013

Par Frédéric Richard
5 min de lecture
La dépendance aux fournisseurs constitue un domaine de plus en plus stratégique dans la gestion du risque chez les constructeurs.
Laurent Wantz, responsable de l’ingénierie de compte chez FM Global.

Auparavant, les industriels, notamment dans l’automobile, n’abordaient leur supply chain que pour améliorer sa performance, faire en sorte qu’elle soit toujours plus efficace, plus rapide et moins coûteuse. Mais à la lumière des récents événements survenus à travers le monde, la résilience de supply chain est devenue le sujet de préoccupation numéro 1 des Risk Managers des grands groupes. “Les constructeurs doivent protéger la continuité d’activité et s’assurer qu’ils détiennent les couvertures adéquates dans le cadre de leurs contrats d’assurance, en cas de problème. Il en va du maintien de leurs parts de marché”, estime Laurent Wantz, responsable de l’ingénierie de compte chez FM Global.

L’automobile, secteur exposé aux risques

Quand il s’implante dans un pays, la réussite d’un constructeur repose, entre autres, sur le taux d’intégration locale des fournisseurs. Plus il est élevé, plus les coûts de transports des composants sur le site d’assemblage diminuent. Ainsi, la mondialisation des marchés a-t-elle induit une importante multiplication des sources d’approvisionnement et des flux, à mesure que les constructeurs s’installaient sur de nouveaux marchés. Cette diversité des sources multiplie indubitablement les risques de rupture logistique. Plusieurs événements récents ont d’ailleurs douloureusement mis en lumière l’importance de la résilience de la supply chain. C’est le cas par exemple du printemps arabe, du séisme au japon, de l’ouragan Sandy aux Etats-Unis, ou encore de la catastrophe de Fukushima…

“Une récente étude a mis en lumière que 85 % des supply chains de grands groupes ont subi au moins une perturbation importante dans les douze derniers mois, tous secteurs confondus”, rappelle Nicolas Gaultier, associé Strategy & Operation chez Deloitte.

Quand on sait qu’une voiture représente à peu près 30 000 pièces, pour lesquelles un constructeur gère un portefeuille d’environ 1 000 fournisseurs, on prend conscience de l’importance de la tâche que représente la gestion de la résilience d’une supply chain, potentiellement impactée par des phénomènes tantôt naturels, tantôt géopolitiques, tantôt techniques, sur l’ensemble de ces fournisseurs !

Arbitrage entre “just in time” et “just in case”

Compte tenu de l’ampleur de la tâche et de l’expertise requise pour assurer la résilience d’une supply chain, plusieurs sociétés se sont spécialisées dans l’accompagnement des entreprises.

Il peut s’agir de services dispensés par des assureurs comme FM Global, spécialiste de la prévention, de la gestion et de l’assurance des risques industriels, qui dispose de 1 600 ingénieurs prévisionnistes à travers le monde, afin d’évaluer le risque des entreprises et ainsi mieux les assurer. Mais des cabinets d’audit tels que Deloitte disposent également de cellules dédiées à la gestion du risque de rupture de la supply chain, et utilisent des centaines de mathématiciens pour modéliser le risque, en combinant leurs analyses avec les statistiques.

Sous ces process de travail particulièrement complexes, se cache un seul et même objectif : “Comprendre la dépendance des revenus et bénéfices d’un client, vis-à-vis d’un aléa chez un fournisseur. Ce qui permet ensuite de diriger les ressources vers les éléments les plus critiques de la chaîne d’approvisionnement”, explique Laurent Wantz.

“Bien sûr, compétitivité et rentabilité sont importantes, mais il faut savoir maîtriser la volatilité du cash-flow. La gestion de risque est là pour ça, pour qu’une catastrophe naturelle, par exemple, ne compromette pas les capacités d’un constructeur à maintenir ses parts de marché”, poursuit-il.

La gestion du risque

Pour comprendre cette dépendance à un fournisseur et ensuite déterminer les expositions au risque, FM Global et Deloitte travaillent d’une manière comparable.

“La base de toute mission consiste à récupérer des données auprès des clients et des fournisseurs. Des données issues de leur activité globale, mais également des informations relatives au contexte géopolitique et économique du pays. Sans oublier sa situation géographique, déterminant son exposition aux risques naturels… A l’issue de cet audit, il est possible d’établir un classement multicritère des fournisseurs, évaluant le risque”, expose Nicolas Gaultier. Une information également stratégique pour FM Global, puisqu’elle détermine la police d’assurance. Mais Cédric Lenoire, Manager Business Risk Consulting chez FM Global, précise : “L’assurance n’est qu’une partie de la solution. Car elle ne prend en compte que la conséquence immédiate d’un sinistre et pas les pertes de parts de marché à long terme qui découleront de ce même sinistre.” C’est la raison pour laquelle l’assureur travaille également à l’amélioration de la résilience de la chaîne d’approvisionnement de ses clients, avec des solutions pour aider à la poursuite d’activité, comme des fournisseurs alternatifs, des solutions de stockage tampon… cela pour permettre le maintien de la production à un niveau correct.

Chez Deloitte, le recueil et l’analyse de toutes ces données internes et externes peuvent donner lieu à la mise en place d’un HIVE (Highly Immersive Virtual Environment), un système graphique très pointu permettant la visualisation de la supply chain et la simulation des risques, à tous les niveaux. Le système prend la forme de grands écrans installés chez le client, sur lesquels le Risk Manager peut simuler des scénarios de crise, et ainsi s’entraîner à réagir. Il est de la sorte possible de visualiser l’ensemble des fournisseurs sur une carte mondiale, en intégrant sur le bord de l’écran des données issues des réseaux sociaux ou des sites d’informations, afin de détecter en temps réel des signaux – même faibles – d’une crise à venir. “En cliquant sur une usine, je vois également tous les fournisseurs qui lui sont rattachés, et je peux connaître les alternatives, décrit Nicolas Gaultier. Je peux simuler la fermeture d’un port et voir immédiatement les répercussions sur mes fournisseurs, sur mes sites de production et sur mon marché. HIVE n’est pas un outil qui trouve les solutions, mais qui aide à la prise de décision”, conclut Nicolas Gaultier.

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