Portrait de Chantal Perrichon, présidente de la Ligue Contre la Violence Routière.
...les mentalités en matière de prévention routière et de production automobile.
Jamais elle ne s'arrête de courir. Quand elle ne travaille pas, elle pense à son travail. Sacrifiant soirées, week-ends et vacances, Chantal Perrichon ne s'accorde que peu de répit. Outre sa fonction de responsable de la communication du département informatique de l'Université de Paris VI, cette mère de trois enfants assure celle de présidente de la Ligue contre la violence routière (LVCR). Elle assume ses missions à plein temps et son agenda surchargé en témoigne. "L'ennui, c'est quelque chose que je ne connais pas. Je peux me réveiller au milieu de la nuit pour me consacrer à un dossier. Chaque matin, je me lève en me disant comment faire pour effectuer tout ce que j'ai prévu", confie-t-elle.
Femme de coeur mais femme forte
Chantal Perrichon est militante par nature. Dévouée à la cause de la prévention routière, son adhésion à l'association découle, au départ, d'une succession de chocs émotionnels causés par la perte de nombreux collègues et amis de la famille. "Je suis entrée à la ligue comme simple militante, pour découvrir et apprendre les méthodes d'actions. Ensuite, j'ai apporté mon expérience de communicante au CNRS pour faire avancer les projets et les mettre en place", raconte-t-elle. Et de poursuivre : "La sécurité en voiture est pour moi une chose des plus importante. Je compte parmi les premières utilisatrices du siège auto". Diplômée d'orthophonie, 1969. Responsable de publications au Laboratoire d'Analyse des Données (CNRS/Faculté des Sciences de Paris), 1969. Militante au MLF (Mouvement de Libération des Femmes) pour la contraception et l'avortement, 1970. Etudes de criminologie, 1971. Militante contre l'amiante 1975/Co rédactrice de l'ouvrage "Danger ! Amiante", Maspéro, 1977. DESS de psychopathologie clinique, Paris 5, 1977. Responsable communication de laboratoires d'informatique (CNRS : Université Pierre & Marie Curie), 1986. Présidente de la Ligue contre la violence routière, 2002. Mise en place du groupe d'experts. "Voiture Citoyenne", 2004.
En 2002, Chantal Perrichon accède à la présidence, poussée par les militants séduits par son engagement et sa motivation. On est alors en juin, soit quelques semaines avant l'annonce du projet présidentiel en matière de sécurité routière. Sa mission prend dès lors une autre dimension. "Je suis
consciente que je ne pourrai pas tenir ce rythme pendant des années, mais vu que mon action s'accorde avec le chantier instauré par le gouvernement en place, je dois en profiter pour faire entendre mes idées." Partisane de la première heure du dispositif de contrôle radar, elle cherche aujourd'hui à instaurer la boîte noire en voiture. Un objet qui, selon la présidente, "permettra de comprendre les raisons d'un accident afin de réduire les délais de procédures judiciaires et dont l'efficacité a été démontrée au travers de nombreuses études".
CURRICULUM VITAE
Vers une automobile plus féminine
"Je pense que 95 % des femmes ne vivent pas l'automobile comme les hommes. Pour nous, ce n'est pas un outil thérapeutique. On n'est pas là pour se prouver qu'on est les meilleures. Notre conduite ne consiste pas à défier les autres en permanence, lance-t-elle, même si l'on voit de plus en plus de femmes entrer dans cet esprit de rivalité." Chantal Perrichon milite pour une automobile dont les performances n'inciteraient pas les usagers à dépasser les limitations de vitesse : "Pourquoi les constructeurs ne brident-ils pas 10 % de leur production à une vitesse maximum de 130 km/h ? Ils se rendraient ainsi compte qu'il existe un type de clientèle qui n'attend que ce genre de produit, des gens qui, comme moi ne voient dans la voiture qu'un moyen de se rendre confortablement d'un point A à un point B."
Pour cela, elle tente d'imposer le classement de la "voiture citoyenne". Un classement établi par la "Ligue" sur les critères de protection des occupants, de respects des autres usagers et de l'environnement (cf. JA 984). "Après la nomination de la Grande Punto, Fiat nous a demandé l'autorisation d'exploiter le résultat dans sa campagne de communication. Nous en sommes très fiers et nous croyons que cela peut faire évoluer l'automobile", commente-t-elle avec émotion. D'autres pays comme l'Espagne ou la Pologne et même la Bolivie adhèrent au concept et viennent tour à tour prendre conseil auprès de la présidente. Son ambition est désormais internationale. Sur le plan des discussions, "les politiques sont habitués maintenant à ce que les femmes donnent de la voix, donc ils nous écoutent". Mais elle ne se cache pas des difficultés rencontrées et des coups bas : "J'ai déjà reçu des messages d'humiliation de la part d'opposants, usagers de la route ou politiques, mais je ne crois pas que se soit directement lié à ma condition de femme."
Sur la route, Chantal joue la prudence. Le dicton "femmes au volant, mort au tournant" n'est pour elle qu'une remarque machiste d'un autre temps destinée à conforter les mauvais conducteurs masculins, "ceux qui sont incapables de ralentir au feu orange". La présidente perçoit l'Automobile comme un milieu macho même si cette tendance disparaît peu à peu. "Prenez les journalistes, ils ne parlent que de puissance développée. Décrite ainsi, la voiture ne s'adresse qu'à un seul type de clientèle". Et conclut "dans ce monde, l'évolution doit venir de la gent masculine, à la fois en tant que dirigeants qu'en tant que consommateurs. Ce sont eux qui ont des efforts à faire."
Gredy Raffin
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