"Nous nous orientons vers le véhicule électrique"
Journal de l’automobile. Pouvez-vous nous présenter le Centre des formations industrielles (CFI) ?
Cécile Montier. Il s’agit de l’une des quatre écoles technologiques de la CCI de Paris, qui existe depuis plus de quatre-vingts ans. Notre offre de formation démarre des classes préparatoires à l’apprentissage, jusqu’au-delà du BTS. Déjà aujourd’hui, et clairement à partir de la rentrée 2012, le CFI est orienté autour de la maintenance des véhicules et de l’énergie. Au total, nous formons environ 1 000 jeunes par an, répartis sur trois sites.
JA. Qu’en est-il des effectifs concernant les métiers de la maintenance des véhicules ?
CM. Nous avons 313 apprentis, du CAP au BTS, pour les VP (217) comme les VI (96). Faire venir des jeunes dans la filière VI est très difficile, car c’est la passion de l’automobile qui les amène à nous. Donc il y a moins de jeunes, bien que ce soit plus intéressant technologiquement, car plus élaboré. On essaye de les y intéresser, notamment avec le BTS européen, et ses parcours en Suède et en Espagne. Du côté de l’évolution, l’effectif global ne baisse pas, même s’il y a parfois des repositionnements. Le CAP reste très apprécié par les employeurs.
JA. La crise industrielle a-t-elle des effets négatifs sur ces effectifs ?
CM. Il y a parfois des difficultés économiques, des garages qui ferment par exemple, mais cela reste très rare. Au niveau du CFI, nous ne rencontrons pas de difficultés particulières. Vous savez, les jeunes sont passionnés par l’automobile, ils veulent vite être dans un garage. Il ne faut pas oublier que beaucoup ne se sentent pas bien dans le système scolaire classique. Et la rémunération n’apparaît pas comme la première des motivations.
JA. Quel est le profil des apprentis ?
CM. Il n’y a quasiment que des garçons (2 % de filles). Mais, vous savez, ce sont les mêmes difficultés que rencontrent les filières scientifiques à recruter des filles. Du côté des parcours, certains jeunes s’arrêtent après chaque diplôme, même s’il y a une relative continuité entre CAP et Bac. Ensuite, du Bac au BTS, le niveau attendu est très différent. Certains issus de Bac S réussissent mieux que ceux venant d’un Bac professionnel maintenance des véhicules automobiles. Donc, certains s’arrêtent parce qu’ils savent qu’ils ne sont pas assez bons. Et puis, pour des raisons économiques parfois, beaucoup décrochent leur emploi dans l’entreprise d’accueil. Ce qui signifie que nous devons trouver d’autres entreprises partenaires pour les stagiaires à venir.
JA. Que peut-on dire de l’insertion ?
CM. L’insertion est plutôt stable d’un niveau à l’autre. Nous avons un taux de 85 % six mois après l’obtention du diplôme. Du CAP au BTS, nous constatons les mêmes statistiques. Le taux de 42 % de l’Anfa reflète une situation au plan national. Mais, par exemple, nous adaptons l’offre de formation, et évitons ainsi une chute du taux d’insertion. L’Anfa nous avait orientés vers une réduction de l’offre carrosserie, pour coller davantage aux besoins réels.
JA. On parle de mutations des métiers de la maintenance automobile. Comment le CFI anticipe-t-il, s’adapte-t-il ?
CM. Avec, par exemple, la certification de qualification professionnelle (CQP) qui a été mise en place avec Citroën. Nous nous orientons vers le véhicule électrique (Technicien expert après-vente automobile, TE AVA), et formons à l’habilitation électrique et à la manipulation des fluides frigorigènes. En revanche, lorsque nous préparons les diplômes de l’Education nationale, il est plus difficile de s’adapter. Le rôle de la CCI est de servir les entreprises, de répondre à leurs besoins. Nous sommes là pour cela, et c’est pour cette raison que nos référentiels évoluent.
JA. Qu’apportent ces CQP ?
CM. Ce sont des formations spécifiques aux besoins de la branche, ce qui n’est pas le cas des autres diplômes développés par l’Education nationale. Ici les programmes sont clairement orientés sur la pratique professionnelle, avec davantage d’enseignements techniques. La CQP TE AVA, typiquement, est une formation en partenariat avec Citroën, qui est le résultat d’une démarche de prospection menée à l’époque par le CFI et dont l’aboutissement a été facilité par les relations privilégiées entretenues avec ce groupe.
JA. Comment le CFI travaille-t-il avec les entreprises afin de favoriser les recrutements puis l’insertion professionnelle ?
CM. Nous avons une collaboratrice dédiée à la relation avec les entreprises, afin de veiller à ce que tout soit satisfaisant. Il y a également un suivi individuel pour chaque jeune. Les enseignants créent un lien fort. De plus, le conseil professionnel se tient tous les ans avec les entreprises de nos apprentis. Toutes ne sont pas présentes, bien entendu, puisqu’il y a parfois de toutes petites structures. Nous essayons de tisser du lien au quotidien.
JA. Qu’apporte la certification des maîtres d’apprentissage en entreprises ?
CM. Il s’agit d’une proposition que nous leur faisons, d’une formation de quelques jours pour mieux préparer la relation avec l’apprenti, et pour répondre à des besoins spécifiques.
JA. Quels avantages tirez-vous d’être un des CFA pilotes de l’Anfa ?
CM. C’est plus une reconnaissance, en fait. La conséquence d’un enseignement de qualité, avec un taux de réussite aux examens de 87 %. Nous menons des projets innovants, comme cet outil original que nous avons développé, qui est un tableau individuel de suivi de formation. Un garagiste obtient les bulletins de notes, mais il ne sait pas ce que cela veut dire en termes de compétences. C’est ce à quoi sert ce tableau. Il existe pour les formations sur les VP, et nous le généraliserons aux VUL et VI.
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