"Notre ambition est de produire low cost sur les marchés matures"
JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Autour de quelles activités le groupe est-il organisé aujourd’hui ?
Antoine Namand. La logistique automobile, qui consiste à gérer les flux physiques et administratifs de véhicules, représente 70 % de notre activité. La logistique cargo, qui prend en charge la livraison et la gestion de pièces détachées, mais également la gestion de motos, activité sur laquelle nous sommes devenus progressivement un leader mondial, pèse 30 % de notre chiffre d’affaires.
JA. Le secteur a été fortement touché par la crise. Celle-ci est-elle derrière vous désormais ?
AN. En 2008, nous avons senti les prémices d’un durcissement économique via l’Espagne. Progressivement, la crise a gagné l’Europe, avec un premier impact fort à la rentrée de septembre et un pic particulièrement violent fin 2008 et début 2009. A titre d’exemple, en janvier 2009, notre volume de gestions de véhicules était inférieur de 60 % par rapport à janvier 2008. Heureusement, nous avions à cette période déjà bien entamé notre démarche de réduction de coûts, destinée à accroître notre compétitivité et notre productivité. Et nous avons été réactifs en mettant en place un plan de développement commercial qui nous a rapidement permis de réaliser une croissance et de prendre des parts de marché.
JA. Ce secteur d’activité a-t-il connu de grandes mutations ces dernières années ?
AN. Nous observons une volatilité de plus en plus importante des flux, un phénomène qui s’est fortement accentué sous l’effet des politiques de soutien adoptées par certains gouvernements européens, sur des périodes différentes, et des stratégies commerciales des constructeurs. Certains marchés se sont tenus quand d’autres se sont effondrés. Dès lors, nous avons assisté à une fluctuation des immatriculations qui a conduit à un bouleversement des équilibres de flux. Dans l’activité de logistique, cela a une incidence considérable.
JA. Comment vous êtes-vous adaptés à cette donne ?
AN. Nous sommes capables de basculer notre capacité de transport et de production selon les besoins des marchés. Nous avons également établi un système de management qui nous permet de nous adapter rapidement tout en conservant des coûts intéressants. L’enjeu, aujourd’hui, est d’être global, mondial et multicanal. Or, beaucoup d’acteurs sont concentrés sur des marchés très localisés. CAT s’appuie aujourd’hui sur des filiales dans 25 pays et intervient dans 85 pays.
JA. Quelles ont été les grandes phases de développement de votre groupe ces dernières années ?
AN. Ces quatre ou cinq dernières années, nous avons réduit nos coûts de production de manière significative. Par ailleurs, nous avons également fait évoluer notre business model en définissant une stratégie de contrôle de moyens propres, qui représentent actuellement 50 %, en vue d’assurer une meilleure maîtrise et optimisation des coûts. Avant, nous sous-traitions plus de 80 % de nos activités. Notre ambition est de produire low cost sur les marchés matures, afin d’améliorer nos coûts de production et d’optimiser l’ensemble des paramètres de la chaîne logistique. Mais nous ne voulons pas importer une approche low cost. Nous venons également de lancer un plan d’investissement ambitieux sur les cinq prochaines années.
Enfin, nous avons fortement axé nos développements et acquis des parts de marché en Russie et en Inde, où nous nous appuyons sur la présence de partenaires dans le cadre de coentreprises.
JA. Ces coentreprises sont-elles incontournables pour investir ces marchés dans votre secteur d’activité ?
AN. Il s’agit d’un bon compromis, qui permet de s’implanter très rapidement, d’accélérer la connaissance du marché en nous appuyant sur un réseau déjà existant et structuré, de mieux appréhender la culture locale et, enfin, d’être plus complets dans l’offre de services.
JA. Quelles sont les ambitions internationales de CAT ?
AN. Nous avons encore des ambitions de croissance sur les marchés matures, où le potentiel est moindre, mais où nous pouvons encore progresser. En plus de l’Inde, de la Russie et de l’Afrique du Sud, nous observons un potentiel fort en Afrique du Nord, plus particulièrement au Maroc.
JA. Il n’est pas question de Chine à ce jour ?
AN. La Chine ne représente pas un axe de développement dans l’immédiat car il s’agit d’un marché complexe, et nous préférons consolider nos investissements et notre position sur nos marchés à fort potentiel plutôt que de nous disperser. Mais nous y arriverons d’ici deux ou trois ans.
JA. Cette arrivée plus tardive en Chine ne risque-t-elle pas d’être préjudiciable ?
AN. Nous n’étions pas les premiers à venir sur le marché russe, d’autres étaient déjà là avant nous, pourtant nous avons vite progressé et gagné des parts de marché. Plus que le timing de l’implantation, l’enjeu principal consiste à mettre en place sur chaque marché le meilleur ratio coût / qualité de production.
JA. Le marché s’annonce compliqué en 2012. Le ressentez-vous sur ces premiers mois d’activité ?
AN. Nous voyons effectivement un marché européen qui se comprime en volume. L’activité sur les mois de janvier et février a été en retrait par rapport à l’an passé, et le redémarrage est très lent. Nous avons gagné ces derniers mois des contrats avec SsangYong et BMW en Angleterre, avec BMW et Volkswagen en Pologne, pour la gestion des pièces, ainsi qu’avec Kia en France, qui nous permettent de contrer cette baisse de volumes.
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