Marché du travail : avantage aux étudiants
Certains y verront un juste retour après des années de dur labeur, d’autres une inégalité de plus au moment de trouver un travail et de rentrer dans le monde des “actifs”. Sur un marché de plus en plus tendu, la recherche d’un emploi est souvent vécue avec amertume et incompréhension en cas d’échec. Une sensation qui échappe, globalement, aux étudiants issus des filières du commerce et de l’ingénierie automobiles. Car dans un secteur à l’image de la société, en crise, ces jeunes diplômés conservent une cote d’amour particulièrement élevée. Une preuve de plus permettant de souligner la période de transition que vivent constructeurs et équipementiers, tous engagés dans une refonte complète de leurs technologies et de leur fonctionnement, et désormais prêts à miser gros pour convaincre les forces vives de les rejoindre. Une impression confirmée par Stéphane Gomez, dirigeant du cabinet de recrutement Auto Consultant : “Aujourd’hui, ce sont bien les étudiants qui ont les clés du marché. Du moins pour ceux qui sortent des écoles de haut niveau et des écoles spécialisées. Dans l’automobile de pointe, il est évident qu’il y a plus d’offres que de candidats.” Une situation qui oblige les entreprises à prendre les devants pour éviter que ne s’éparpillent les meilleurs éléments. Nombre des plus grandes d’entre elles multiplient depuis plusieurs années les partenariats avec les écoles. Un système gagnant-gagnant qui offre à ces dernières des opportunités de stage, un taux de placement élevé en fin de cursus et même parfois un apport financier. “C’est d’autant plus vrai dans le milieu automobile que le nombre d’écoles spécialisées demeure assez faible, étaye Stéphane Gomez. Les entreprises sont très intéressées par ce type de profils qui présentent des atouts que n’ont pas ceux des écoles généralistes.” Un profil de passionnés qui s’accompagne bien souvent d’un bagage culturel important, fruit d’un intérêt ancien pour l’automobile, mais aussi d’une motivation sans faille.
L’influence directe des entreprises
Au-delà du recrutement, les sociétés savent qu’en consolidant ces relations privilégiées avec les établissements, ces derniers leur offriront un droit de regard sur le contenu de leurs cursus. Dans un monde en mouvement, toutes les écoles se doivent de revoir leurs formations et de les adapter aux exigences du moment. Un changement qui s’opère avec l’avis et parfois même l’aval des acteurs du secteur. Du côté de l’Escra-Iscam, par exemple, un conseil de perfectionnement réunit tous les ans, autour du corps professoral, les dirigeants des entreprises partenaires qui font ainsi part de leur analyse de l’enseignement actuel et de leurs désirs pour l’avenir. Très prisée dans le monde de l’ingénierie, l’Estaca admet même être directement contactée par certains grands groupes qui souhaitent voir apparaître de nouvelles thématiques dans les cursus en place.
La question du salaire reste un problème
Une influence directe qui ferait sursauter bien des représentants professionnels, mais qui ne choque pas plus que cela dans l’automobile. Stéphane Gomez explique : “Les recruteurs recherchent de la multi-compétence aujourd’hui. Il y a quelques années, les formations n’étaient pas adaptées, ce qui posait problème. Elles ont désormais compris l’intérêt qui était le leur et ont agi dans ce sens.” Reste un sujet crucial sur lequel ni les étudiants ni les établissements n’ont encore pris l’avantage. Celui des salaires. Rapportée à l’importance que leur confère leur statut d’élite, la rémunération des jeunes diplômés français reste encore en deçà de celle de leurs homologues allemands, japonais ou américains. “C’est vrai, mais il ne faut pas oublier que le coût d’un salarié en France est bien plus important qu’ailleurs”, selon le dirigeant d’Auto Consultant, qui conclut en affirmant que, de toute façon, “l’argent est loin d’être le premier critère de sélection chez les jeunes. Passionnés comme ils le sont, ils pensent à leur futur emploi avant de penser à leur futur salaire.”
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