S'abonner
Services

Les réorganisations logistiques devraient se poursuivre en 2011

Publié le 31 mars 2011

Par Armindo Dias
9 min de lecture
Les responsables logistiques du secteur auto sont encore très nombreux à vouloir procéder à des réorganisations au cours des prochains mois. Ils sont 37 % à le déclarer dans la dernière étude du groupe AFT-IFTIM. Il s’agit plus que jamais de dégager des gains de productivité, surtout en ce moment où le prix du baril de pétrole repart à la hausse.
Jean-André Lasserre, directeur des relations institutionnelles et des études de l’AFT-IFTIM.

Les secteurs qui ont procédé le plus à des réorganisations logistiques l’an dernier devraient de nouveau être très actifs en 2011. L’AFT-IFTIM le révèle dans la livraison de sa 17e enquête annuelle sur les besoins en emplois et en formations dans les fonctions de la logistique : si les responsables logistiques du secteur auto sont 46 % à déclarer qu’ils ont procédé à des réorganisations en 2010, ils sont encore 37 % à vouloir en pratiquer sur 2011 (ces réorganisations sont au programme des secteurs de la pharmacie, du commerce, du transport et de l’industrie agro-alimentaire à hauteur de respectivement 63 %, 55 %, 53 % et 44 %). Ces données ne doivent rien au hasard. En effet, si les logisticiens du monde de l’auto affirment, d’une part, à 78 % que leur activité a connu des signes de reprises l’an dernier et, d’autre part, à 50 % que ladite activité a retrouvé son niveau d’avant-crise, ils sont également 46 % à reconnaître que leur établissement connaît actuellement des difficultés (ils précèdent de peu leurs confrères du secteur de la chimie où les difficultés sont encore à l’ordre du jour à 51 %, la moyenne des sondés s’établissant à 33 %). Résultat : des facteurs qui les ont incités à procéder à une ou plusieurs réorganisations logistiques l’an dernier pourraient de nouveau faire parler d’eux en 2011. Sur l’exercice écoulé, les services logistiques du secteur auto ont surtout été réorganisés afin de faire face à des réductions d’activité ou des restructurations (49 %), un motif qui a devancé de très loin les démarches entreprises dans le cadre d’une maîtrise ou d’une optimisation de coûts (18 %), les décisions prises dans le but de faire face à une diversification produits ou un recentrage d’activité (12 %) et enfin celles destinées pour l’essentiel à revoir l’organisation de la logistique client (12 %).

“Les sondés ont fait savoir dans leur ensemble qu’ils ont pris des mesures destinées à réduire les coûts de la supply chain à 79 %”, souligne Jean-André Lasserre, le directeur des relations institutionnelles et des études de l’AFT-IFTIM. Elles ont consisté pour l’essentiel à optimiser les transports et les entrepôts, et ce, aussi bien pour l’ensemble des répondants que pour les responsables logistiques du seul secteur auto. Ces derniers ont cité l’optimisation des entrepôts à 65 % et celle des transports à 55 %. Rien d’étonnant donc si, tous secteurs confondus, l’exercice écoulé a aussi été marqué par une hausse significative du taux d’équipement des infrastructures en systèmes d’information et de gestion, les ERP enregistrant même une hausse de 26 points à 72 % (+ 11 points pour les EDI à 65 %, + 16 points pour les lecteurs de code-barres à 69 %, + 16 points pour les solutions de suivi de la production ou MES à 35 % et + 7 points pour les logiciels de gestion d’entrepôts ou WMS à 27 %). “La sous-traitance d’opérations de transport-logistique est également repartie à la hausse après un net repli pendant les années 2008 et 2009”, relève Jean-André Lasserre. Et dans ce domaine, le secteur qui nous intéresse a fait très fort : 100 % de ses responsables logistiques ont déclaré avoir sous-traité certaines opérations de transport ou de logistique en 2010 (ils sont autant à vouloir encore en faire sur 2011), contre 83 % en 2009 et 87 % en 2008 (tous profils de répondants confondus, la moyenne s’est établie à 86 %, en légère hausse par rapport à 2008). Tous ces phénomènes et décisions n’ont bien évidemment pas été sans incidence sur le front des effectifs. “L’évolution a été contrastée mais nous sommes en voie d’amélioration”, résume à ce titre le directeur. En 2010, la proportion d’établissements qui a vu ses effectifs de cadres logistiques diminuer s’est rétractée de 3 points à 5 %. Celle des établissements qui a vu ses effectifs de techniciens/agents de maîtrise baisser s’est quant à elle stabilisée à 10 %. Les effectifs d’opérateurs ont, quant à eux, été sujets à beaucoup plus de fluctuations : si la part des établissements où cette catégorie d’effectifs a enregistré une progression a plus que doublé à 14 %, celle des établissements où elle a comptabilisé une baisse a gagné 6 points à 19 %.

“Nous avons assisté à la réapparition des difficultés de recrutement en 2010”

“Les diminutions d’emplois logistiques ont été plus fréquentes que leurs augmentations dans les secteurs du commerce, de la chimie et de l’automobile”, poursuit Jean-André Lasserre. Dans ce dernier secteur, il y a eu des différentiels négatifs à la fois au niveau des postes de cadres (- 16 % après - 14 % en 2009), des postes de techniciens/agents de maîtrise (- 24 % après - 23 % en 2009) et des postes d’opérateurs (- 32 % après - 14 % en 2009). Les réorganisations liées aux baisses d’activité et aux restructurations expliquent bien sûr l’ensemble de ces données. Et cela se confirme avec les techniques utilisées par les logisticiens du monde de l’auto pour y faire face sur le seul plan des ressources humaines : ils ont opté pour des mesures de chômage technique ou partiel à 33 %, des licenciements économiques à 18 %, des non-remplacements de départs à 18 % et des mises en congés ou en JRTT à 6 %. “Le non-remplacement des départs du personnel logistique a été particulièrement à l’œuvre dans l’industrie des équipements mécaniques avec un taux de citation de 34 %”, note Jean-André Lasserre. Dans le même temps, les responsables logistiques ont été plus nombreux à recourir à l’intérim, signe à la fois d’un retour d’activité et d’une très grande prudence des entreprises quant à sa pérennité sur 2011. Et la reprise de l’intérim a été particulièrement vigoureuse dans les secteurs industriels où son utilisation était tombée au plus bas, notamment l’industrie des équipements mécaniques et l’industrie automobile. Pour preuve : la proportion d’établissements de l’industrie auto qui a eu recours à l’intérim est passée de 20 % en 2009 à 66 % en 2010 (le pourcentage d’établissements ayant eu davantage recours aux heures supplémentaires est passé pour sa part de 12 % en 2009 à 60 % en 2010). Et cela pourrait se poursuivre.

Les logisticiens du monde de l’auto estiment à 57 % qu’ils stabiliseront ou augmenteront leur nombre d’opérateurs logistiques en intérim sur 2011, une diminution étant envisagée par les sondés à hauteur de seulement 6 %. Bref, l’optimisme est de retour. Les responsables logistiques du secteur de l’auto ne sont ainsi que 5 % à envisager des licenciements économiques et 8 % des non-remplacements de départs sur 2011 (les mesures de chômages techniques ou partielles sont envisagées à 7 % et les mises en congés ou en JRTT à 5 %). Il faut dire qu’ils sont aussi 82 % à estimer que leur activité logistique progressera ou se stabilisera en 2011 (voir graphique). Rien ne dit toutefois que ceux qui chercheront à recruter cette année trouveront rapidement chaussure à leur pied. “Nous avons assisté à la réapparition des difficultés de recrutement en 2010”, explique Jean-André Lasserre. Les logisticiens du monde de l’auto en ont éprouvé à hauteur de 40 % en 2010, contre 3 % en 2009 et 35 % en 2008. Ces difficultés ont progressé pour toutes les catégories d’emplois logistiques et, aux dires des sondés, elles ont reposé pour l’essentiel sur la pénurie de candidats, la faible qualification des candidats et la faible mobilité géographique de ces mêmes candidats. En 2010, les établissements recruteurs ont embauché des jeunes de moins de 26 ans à 83 % des cas, des personnes sans qualification à 39 %, des demandeurs d’emploi de plus d’un an à 37 % et des seniors de plus de 50 ans à 25 %. Les logisticiens recruteurs du monde de l’auto ont sollicité, eux, des jeunes de moins de 26 ans à 75 % et des demandeurs d’emploi depuis plus d’un an à 25 % (voir graphique ci-après). “La sortie de crise a été laborieuse mais l’optimisme est de retour”, conclut Bernard Prolongeau, le P-dg du groupe AFT-IFTIM.

--------------------
Les diplômes les plus recherchés

Les recruteurs ont été moins regardants sur les formations spécifiques à logistique pour certaines catégories de postes en 2010. Si elles ont été prises en compte par les établissements à hauteur de 77 % pour le recrutement de cadres (+ 2 points par rapport à 2009), elles ne l’ont été qu’à hauteur de 67 % au niveau des techniciens ou d’agents de maîtrise (- 5 points versus 2009) et de 42 % au niveau des opérateurs (- 12 points sur 2009). Et le secteur auto s’est une fois de plus fortement démarqué : le pourcentage d’établissements dont la formation spécifique à la logistique a été prise en compte dans le recrutement d’opérateurs y est passé de 63 % en 2009 à 31 % en 2010. Aussi, rien d’étonnant si les titres professionnels sont les premiers à souffrir de la vague de désaffection pour les formations logistiques d’opérateurs : les titres professionnels “préparateurs de commandes en entrepôt” et “agent magasinier tenue de stocks” ont tous deux perdu des points entre 2009 et 2010, au profit du CAP “agent d’entreposage et messagerie” (+ 1 point à 13 %), du BEP “logistique et commercialisation” (+ 3 points à 20 %) et surtout du Bac Pro Logistique (+ 12 points à 36 %).

Et ce dernier a effectué une percée significative y compris au niveau des recrutements de techniciens ou agents de maîtrise : il a progressé de 15 points avec 30 % des suffrages sur 2010, devançant de peu le BTS Transport (- 5 points à 36 %) mais très largement devant le DUT “gestion logistique et transport” (- 4 points à 19 %) et le titre de Technicien Supérieur en Méthodes et Exploitation Logistique ou TSMEL (10 % comme en 2009). En ce qui concerne le recrutement de cadres en logistiques, les professionnels ont donné la préférence aux diplômes et titres professionnels à Bac + 2, en l’occurrence le DUT “gestion logistique et transport” et le TSMEL : ces formations ont enregistré une hausse de 12 points avec 26 % des suffrages en 2010. Ils devancent de 5 points les diplômes d’Ecoles et d’Universités à Bac + 4 (21 %, contre 22 % en 2009), de 7 points ceux correspondant à des Bac + 5 (19 %, en recul de 3 points sur 2009) et de 8 points les licences professionnelles et diplômes d’Ecoles à Bac + 3 (18 %, soit 1 point de moins par rapport à 2009). Des salariés en place n’en devraient pas moins continuer à être envoyés en formation sur 2011 (voir graphique).

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle