Le temps de la rationalisation
Il y a deux types d’utilisateurs : les concessionnaires qui placent le DMS au cœur de la stratégie, et ceux qui voient l’informatique comme un mal nécessaire. Malheureusement, la majorité se trouve encore dans ce second groupe. C’est en tout cas le sentiment que partagent les éditeurs, selon qui, “acquérir du matériel informatique, c’est un investissement pas un achat”. Mais quelles en sont les retombées ? “Ce n’est pas le genre de calcul que nous faisons”, rétorquent instantanément la plupart d’entre eux. Dans un monde où chacun calcule minutieusement l’effet de levier dès le premier euro engagé, il faudrait accepter l’idée que les fournisseurs de DMS n’ont jamais pris la peine de revenir chez leur client pour les sonder et établir un bilan du travail accompli. “Le retour sur un DMS est non mesurable, répète Didier Taormina, responsable produit de Sage, mais nous observons des améliorations au magasin”.
Laurent Laisné, directeur général de la branche Volkswagen du groupe Schuller et client CarBase 3G de T-Systems, amorce un début de réponse : “Un distributeur a besoin d’outils sans perdre du temps-homme à la remontée de chiffres”. Le temps, voilà quelle serait la base de calcul. Il y a ce qui se mesure, telles les retombées marketing, la qualité des données qui permettent de réaliser des opérations d’une “précision chirurgicale” ou l’augmentation de trafic en concession, et ce qui nécessite de l’interprétation, comme l’exploitation du temps dégagé grâce à une meilleure saisie en amont. “La double saisie reste une de nos problématiques principales”, confirme Pascal Drouet, directeur de la branche automobile de T-Systems.
Une situation de paradoxes
S’il est donc difficile de statuer sur le ROI d’un DMS, on peut trouver davantage d’informations sur le coût à l’acquisition. “L’informatique vaut relativement cher et nécessite un budget cohérent”, lâche encore Laurent Laisné qui dit consacrer 0,1 % du CA par an. “Etre à jour dans les innovations est une obligation, exhorte-t-il ses confrères, car avec un outil poussé, on fiabilise les opérations et donc notre travail.” Entre 30 000 et 50 000 euros pour 5 postes, tel serait le prix, “sachant que les éditeurs margent pas mal, sur des développements que nous avons nous-mêmes parfois soutenus”, croit-on savoir chez Honda.
“En général, un projet se finance sur cinq ans, dans le cas d’un achat, et sur 36 mois pour une location”, évalue Georges Fontaine, président d’Eris Informatique. Pareils aux concessionnaires, les éditeurs gagnent à placer des licences en location. Et pareils aux concessionnaires, ils ont dû trouver un argument commercial solide : l’ASP.
Sur un devis, “50 % du prix concerne le matériel, 25 % la licence et 25 % les services, détaille Christophe Lahitte, d’Everlog. Le modèle hébergé en ASP élimine les frais de hardware”. Raison pour laquelle il va, comme Alain Falck, de Fiducial, se lancer à plein dans cette voie en 2011 et rejoindre ainsi Sage, Datafirst et Micrauto. Entre les lignes, il faut lire que “sous ASP, la rentabilité est atteinte en 2 ou 3 ans, ensuite il ne reste que le profit”, reconnaît un éditeur. A ceci près que le démarrage de l’ASP tarde. Outre la méfiance à stocker les données à l’extérieur du site, les concessionnaires privilégient en effet l’achat à la location, “à près de 90 %”, estime-t-on chez Reynolds&Reynolds.
Honda, Toyota, Nissan, VW ou encore le groupement des agents Peugeot : Tous promettent en tout cas de bouleverser l’ordre établi. Une course à l’homologation s’organise. “Les clients se posent des questions sur leur avenir, il nous faut montrer notre solidité et notre capacité à les accompagner. Et d’autre part, l’attente n’a jamais été aussi élevée chez les constructeurs”, résume à la perfection, Didier Taormina, face à cette situation plus complexe.
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