Le marché des lubrifiants retrouve des couleurs
A fin avril 2021, le marché des lubrifiants automobile enregistrait une progression de 21,4 %, selon les chiffres du CPL (Centre Professionnel des Lubrifiants), avec un volume de 102 000 tonnes. Il faut dire qu’à lui seul, et il s’agit là d’une première à n’en pas douter, le mois d’avril enregistrait une hausse phénoménale de 81,8 % par rapport à la référence 2020 ! En année glissante, soit du 1er mai 2020 au 30 avril 2021, la progression se veut bien plus rationnelle, puisqu’égale à + 4,7 % (292 900 tonnes).
Sur cette même période, le segment "Essence et mixtes" relatif aux moteurs de voitures de tourisme, largement majoritaire sur le marché, enregistre une progression de 6,3 % tandis que celui du "Diesel tourisme" enregistre une baisse de 11,4 %. Constat on ne peut plus logique, dirions-nous. Cela dit, pour ce qui est de la tendance sur le premier quadrimestre et en particulier sur avril, celle-ci est le reflet de la tendance perçue chez certains acteurs, tels le distributeur vendéen Lubexcel et l’IG (indépendant du graissage) Yacco, qui évoquent simplement une progression à deux chiffres sur cette période.
Dans notre dossier Lubrifiants, paru dans Le Journal de l’Automobile de juin 2021, Eric Candelier, président de la société de Rueil-Malmaison, ne manquait pas, d’ailleurs, de soulever le décalage très fort entre l’activité dans les garages (- 4,5 % pour l’après-vente mécanique sur le 1er quadrimestre par rapport à 2019, selon le dernier baromètre CNPA-Solware) et les ventes de lubrifiants.
"Tandis que les différents baromètres font état d’une activité plutôt modérée côté entretien/réparation jusqu’en avril, paradoxalement, nous avons connu une activité très soutenue côté lubrifiants, en particulier sur mars/avril, confirmait-il. Cette situation, qui a vu les clients professionnels constituer des stocks de précaution, résulte sans doute de l’annonce des hausses tarifaires des produits et peut-être aussi du contexte de pénurie évoqué par certains."
L'heure est à la stabilité haute
Le contexte de pénurie des matières premières et de leur hausse significative (les deux phénomènes étant intimement liés), notamment en raison des nombreux cas de "force majeure" recensés ces dernières semaines, nous l’avons largement traité dans notre dossier.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Récemment, soit au 15 juin 2021, l’heure était à la stabilité "haute", ce qui n’annonce rien de réjouissant pour la suite. Concrètement, les huiles de base de groupe I se situaient toujours à un niveau élevé, équivalent à 1 250 dollars la tonne (Icis SN 150) et 1 600 dollars la tonne (Icis SN 500). De son côté, le niveau tarifaire des huiles de base de groupe III (les plus utilisées dans l'automobile), dont la cotation est effectuée en euros, flirtait aux alentours des 1 200 euros la tonne.
En fait, pour Olivier Lafarge, responsable communication & marketing de Minerva Oil, les matières premières ont augmenté de 18 à 150 %, selon leur type. "Face à ce constat, en tenant compte que les prix d’achat de ces matières premières sont calculés au jour de chargement, et que la rotation des stocks se révèle très courte dans notre profession, l’ensemble de la profession a été dans l’obligation d’impacter les tarifs', rappelle-t-il.
Effectivement, si bon nombre d’acteurs ont passé deux hausses successives depuis le début d’année 2021, il se murmure que certains étudieraient la possibilité d’une troisième hausse dans le courant de l’été. Une chose est certaine, ainsi que le souligne Francis Perry, directeur des ventes France de Wolf Oil Corporation, "le contexte demeure toujours hyper tendu pour les approvisionnements y compris ceux des additifs sur lesquels des ruptures partielles sont constatées." Pas simple à gérer, tout cela.
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