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"La rupture technologique devrait encourager à poursuivre les efforts sur la CEM*"

Publié le 25 février 2011

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
Philippe Garreau, président fondateur de Microwave - Microwave Vision est devenu leader mondial dans la conception et la commercialisation d’outils de mesure d’antennes et de scanners 3D. La société française cible, entre autres, l’automobile car les enjeux y sont de haute importance, alors que l’architecture des véhicules se complexifie.
Philippe Garreau, président fondateur de Microwave - Microwave Vision est devenu leader mondial dans la conception et la commercialisation d’outils de mesure d’antennes et de scanners 3D. La société française cible, entre autres, l’automobile car les enjeux y sont de haute importance, alors que l’architecture des véhicules se complexifie.

Journal de l’Automobile. Présentez-nous votre société et votre positionnement sur le marché ?
Phillippe Garreau.
La société a été créée en 1987 et durant une dizaine d’années, nous avons œuvré en tant que bureau d’étude car nous étions des experts en ondes magnétiques. Nous avons développé des outils de mesure performants, ce qui nous a poussés, en 1996, à devenir une société d’ingénierie au service de l’industrie. Nous avons alors recruté des talents, issus notamment de la science aérospatiale. Microwave Vision propose, désormais, des systèmes de mesure d’antennes pour visualiser en 3D des phénomènes invisibles à l’œil nu, la propagation des ondes électromagnétiques.

JA. Qui sont vos clients ?
PG.
Nous vendons nos scanners à tous les fabricants d’antennes. Nous travaillons avec trois secteurs que sont l’aérospatial, les télécommunications et les constructeurs automobiles. Pour eux, nous analysons le rendement des antennes, nous effectuons de l’imagerie des champs électromagnétiques, nous réalisons de la mesure de données pour savoir si une information transmise est bien reçue - ce qu’on appelle la sensibilité. Enfin, nous sommes capables de créer des scénarios d’émissions électromagnétiques pour savoir comment le récepteur s’adapte, dans un environnement naturel, afin d’offrir une bonne qualité d’écoute.

JA. Quels rapports entretenez-vous avec la filière automobile ?
PG.
Nous leur vendons nos solutions. C’est-à-dire des salles spécialisées et l’équipement de tests appropriés. Pour y parvenir, nous intervenons plus particulièrement auprès des équipes responsables de l’électronique embarquée qui remontent ensuite le dossier à la direction. Pour citer un exemple, Renault nous a contactés en 2000, à l’heure où ils allaient prendre un virage technologique majeur. Nous les avons donc équipés d’une chambre de tests et de matériels pour un investissement d’environ 2,4 millions d’euros.

JA. Un montant important. Quels sont les autres coûts à prévoir ?
PG.
Le matériel s’amortit dans le temps. Il faut prévoir une mise à jour annuelle du matériel et des protocoles. Cela coûte de 10 000 à 100 000 euros par an, selon la configuration. A ceci, on ajoute la maintenance afin de garder un bon calibrage, soit 6 à 7 % du prix d’achat.

JA. Quels sont aujourd’hui les enjeux dans le secteur de l’automobile ?
PG.
Il faut savoir que les voitures modernes de haut de gamme peuvent cumuler jusqu’à 40 antennes, notamment depuis la multiplication des capteurs. Cette rupture technologique devrait encourager les constructeurs à poursuivre leur effort sur la CEM (compatibilité électromagnétique, N.D.L.R.). Les constructeurs achètent des antennes à des équipementiers. Des produits de qualité, mais qui employés, dans un environnement automobile, peuvent perdre de leur efficacité, voire devenir inutilisables. Les perturbations provoquées par la carrosserie en sont la première cause. En R&D, les départements mécanique et électronique embarquée sont culturellement en guerre, nos outils crédibilisent les réclamations du second.

Un autre enjeu serait la standardisation des tests car à ce jour il n’y a aucune normalisation même si les procédures sont définies. Il y a une concertation en France et en Allemagne entre les constructeurs pour établir un cahier des charges.

JA. Quels sont les points sur lesquels les constructeurs insistent dans leurs tests ?
PG.
Offrir une bonne réception de la radio est un basique. Ils y accordent une grande attention, comme à la commande de fermeture des portes ou le fonctionnement des kits main-libre. Une exigence que l’on ne retrouve pas encore sur les capteurs de pression des pneus, par exemple.

JA. Les évolutions stylistiques ont-elles altéré les capacités techniques ?
PG.
Les ingénieurs ont effectivement fait des choix sur lesquels ils reviennent. Dans l’automobile les antennes traditionnelles refont leur apparition car les solutions stylisées dans leur design ou intégrées aux vitres avaient un rendement bien moindre. Une antenne est un transformateur d’impédance qui demande à ce qu’on travaille graduellement l’onde. La conception d’antenne est un métier où l’on peut encore être très inventif et rendre les produits plus intelligents.

JA. Quid de la LTE, la technologie appelée à amener Internet au sein des véhicules ?
PG.
Nous sommes prêts à effectuer les tests pour les clients demandeurs. Nous avons tous les protocoles pour collaborer avec Agilent, Rhodes & Schwartz et Anritsu, les grands acteurs.

* Comptabilité électromagnétique

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ZOOM - Deux sorties produit

D’ici quelques semaines, Microwave Vision intégrera une nouvelle solution logicielle dans son catalogue. Commercialisée sous le nom de SAT_Insight, elle sert à analyser comment les courants électriques se propagent, en l’occurrence sur une automobile, pour donner naissance à une onde radio. Une innovation au service du contrôle du rayonnement, strictement normalisée. SAT_Insight sera suivie d’un autre logiciel, de visualisation 3D perfectionné.
 

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