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La France aime la franchise

Publié le 26 février 2010

Par Clotilde Chenevoy
8 min de lecture
La franchise a connu une année 2009 plutôt positive, tant sur la création que le développement des enseignes existantes. L'apport d'un franchiseur représente un soutien indéniable en temps de crise, qu'il porte...
La franchise a connu une année 2009 plutôt positive, tant sur la création que le développement des enseignes existantes. L'apport d'un franchiseur représente un soutien indéniable en temps de crise, qu'il porte...
...sur le conseil, la mise en place de nouveaux services ou encore un appui auprès des banques.

Toujours plus de réseaux et de franchiseurs. La franchise semble avoir le vent en poupe et continue de s'accroître malgré le contexte économique défavorable. Au total, la fédération française de la franchise (FFF) annonce 130 nouvelles enseignes, avec environ 2 500 nouveaux points de ventes. Le chiffre d'affaires global, en 2008, se montait à 120 milliards d'euros, dont 48 milliards issus de la franchise. Le montant pour 2009 n'est pas encore connu mais pour Guy Gras, président de la FFF et directeur juridique pour le groupe Yves Rocher, "la franchise représente toujours un secteur attractif, même si certains domaines attirent toutefois plus que d'autres." (Voir le tableau d'évolution des réseaux et des franchisés.) Si on se focalise sur l'automobile, le secteur accueille 7 nouveaux réseaux et 541 nouveaux franchisés, entre 2008 et 2009. Ce domaine n'est pourtant pas en odeur de sainteté d'un point de vue politique. La chasse au CO2 est omniprésente dans les municipalités. Pourtant, "il n'y a pas de problème de vocation, car les candidats ont bien conscience qu'il y aura toujours des véhicules à réparer et à entretenir pendant 20 à 30 ans", explique Nicolas Pontet, responsable du développement pour Feu Vert. Deux autres secteurs suivent également une croissance régulière, la restauration rapide et l'alimentaire. Les services à la personne et aux entreprises connaissent, eux, une forte poussée. En revanche, l'équipement de la maison ou le secteur de l'esthétique et des cosmétiques ont enregistré moins d'achats en 2009.

Plus globalement, la crise a toutefois eu des répercussions sur la structure des franchisés. En effet, ils se sont adaptés à la crise en diminuant leurs charges d'exploitation. Le nombre d'employés moyen par centre est passé de 8 à 6. Les surfaces des magasins ont également été réduites et l'espace conservé a été optimisé. La FFF note également une baisse du revenu moyen des franchisés. En 2008, il se montait à 2 500 euros, et sur 2009, il a perdu 100 euros net mensuel. La franchise reste toutefois attractive pour le chef d'entreprise, puisque le revenu pour un artisan commerçant, donc un indépendant, tourne autour des 2 000 euros mensuel. Si maintenant on s'attarde sur le chiffre d'affaires median, on note bien le passage de la crise puisqu'il passe de 530 000 euros à 430 000 euros.

Par ailleurs, l'implication des banques a été la grande inconnue pour le développement de la franchise en 2009. Selon Guy Gras, "les grandes banques disposent d'un pôle franchise et ont majoritairement suivi les projets. Il a toutefois été plus difficile d'avoir des prêts, avec une augmentation des niveaux de garantie. Mais l'appui d'un franchiseur représente pour les banques un gage de sérieux important. Oséo a également été d'un grand secours pour le concours bancaire." Côté franchiseur automobile, Nicolas Marquis-Sebie, directeur général de Maxauto, souligne que les banques se sont montrées très frileuses sur le financement des projets (Voir interview complète dans le JA 1104).

Un dialogue franchisé franchiseur accru

La mauvaise conjoncture économique a eu un impact favorable sur les relations entre franchiseurs et franchisés, avec un développement de l'assistance aux franchisés. En effet, comme le rappelle Guy Gras, "la franchise n'est intéressante que si les deux acteurs y gagnent." Les réseaux ont donc augmenté les contacts avec leurs centres, et mis en place des solutions pour les aider à développer leur activité. Par exemple, Rent A Car, pour pallier les défaillances d'approvisionnement en voitures, a mis en place Logirac, un pool de véhicules dédié aux franchisés. "Ce service permet de dépanner les centres ayant besoin d'un véhicule pour une courte période", détaille Guilhem Mazzia, directeur général délégué. Et pour 2010, l'enseigne de location courte durée va déployer dans son réseau un nouvel outil de gestion, sur l'intranet, qui permet de suivre et d'orienter l'activité du franchisé pour améliorer sa rentabilité.

Les périodes de crise ont également tendance à pousser certaines personnes vers l'entrepreneuriat, et ainsi ne plus à avoir à subir la crise. Selon Chantal Zimmer, déléguée générale de la FFF, "la franchise offre une opportunité de reconversion professionnelle intéressante." Par ailleurs, "pour un entrepreneur individuel, la franchise est évidemment une solution rassurante, assure le directeur général délégué de Rent A Car, car il bénéficie dès le lancement de sa société de la notoriété d'une enseigne nationale, et du soutien de son franchiseur. Fort de sa connaissance du métier, il lui apporte une logistique déjà bien rodée et un apport de chiffre d'affaires auquel il ne pourrait prétendre en développant seul son affaire." La FFF souligne d'ailleurs que l'âge moyen des franchisés a rajeuni, avec une moyenne de 43 ans, et le niveau d'étude augmente également. Les franchiseurs doivent donc s'adapter à ces nouveaux profils des candidats.

L'importance de la formation

Pour tous les candidats sérieux à la franchise, les franchiseurs imposent des formations, qui ont tendance à se rallonger. Ainsi, de 1,3 mois, le temps d'apprentissage est passé à 2,5 mois. Pour le président de la FFF, "les enseignes se professionnalisent et quasiment 100 % des réseaux ont une formation en interne. En outre, de plus en plus de franchiseurs forment les salariés des franchisés. En tant de crise, ces derniers sont davantage protégés d'éventuels licenciements car ils connaissant bien l'enseigne, son métier, sa culture et ses produits."

L'enseigne de location Ucar a d'ailleurs ouvert en novembre dernier son école, en partenariat avec RH Formation, filiale du Groupe Crit. Elle s'adresse autant aux futurs salariés des franchisés qu'aux franchisés eux-mêmes. A chaque session, une quinzaine de personnes est ainsi formée au métier d'agent d'opération de location (AOL). Chaque stagiaire bénéficie ensuite d'une facilité pour obtenir un poste au sein du réseau. L'objectif du réseau est de former et d'intégrer 300 stagiaires sur 2010. Et pour les franchisés déjà en poste, l'école permet de compléter leur formation avec des modules portant sur le commerce ou le marketing par exemple.

Toujours dans la même optique, la FFF a d'ailleurs lancé en février 2009 son école, baptisée l'Académie de la Franchise, qui dispense notamment deux nouveaux modules dédiés aux fonctions d'animateur et de manager de réseau. "L'Académie propose des formations opérationnelles associant l'enseignement théorique (acquisition des connaissances nécessaires à l'exercice de l'une de ces fonctions) à la pratique (partage d'expériences avec d'autres animateurs, managers ou franchiseurs, tests comportementaux, mises en situation concrètes et interactives, etc.)," détaille la fiche de présentation de l'école. Concrètement, les formations, suivies en alternance, s'articulent autour de 5 sessions de 2 jours pour les animateurs de réseau et de 2 sessions de 2 jours pour les managers de réseau.

Lors du salon Franchise Expo Paris, qui se tient du 14 au 17 mars, les organisateurs, la FFF et Reed Expositions, vont d'ailleurs mettre l'accent sur la formation et le conseil (Plus d'informations sur www.franchiseparis.com). A quelques semaines de l'événement, le nombre d'exposants est d'ailleurs en croissance, avec plus de 400 exposants. Faut-il y voir une embellie pour 2010 dans le secteur de la franchise ? Selon le président de la FFF, "on nous avait prédit une année 2009 noire, et, au final, la situation n'a pas été si catastrophique. Donc pour 2010, il n'y a pas de raison d'être moins confiant qu'en 2009 !"

FOCUS

L'automobile à Franchise Expo

* ADA
* American Carwash
* Ceccato
* Feu Vert
* Maxauto
* Midas
* Mouss'Auto
* Point S
* Rent A Car
* Roady
* Speedy
* Ucar

QUESTIONS À

"Il y a plus d'opportunités en reprise qu'en création"

Nicolas Pontet, reponsable du développement pour Feu Vert.

Journal de l'Automobile. Combien d'ouvertures avez-vous réalisé en 2009 ?
Nicolas Pontet. Au total, nous avons ouvert 5 Feu Vert et 1 Feu Vert Service. Cette enseigne light fait suite au rachat de l'enseigne de Carrefour, Vidange et Soin Automobile, en 2007, que nous avons commencé à transformer en 2009. Il s'agit de petites entités avec des ateliers uniquement. Elles ne pouvaient pas rentrer dans un cadre classique Feu Vert, d'où l'appellation différente. Ce format peut aller sur des zones de chalandise plus simples, mais il est encore prématuré de parler de nouvelle franchise aujourd'hui. Cela ne veut pas dire que cela ne le sera pas demain.

JA. Ce chiffre correspond à vos prévisions ?
NP. Malgré la crise, nous avons fait le volant d'ouvertures prévues. Globalement, nous n'avons pas rencontré de problèmes de financement. Nous travaillons avec des banques partenaires qui ont l'habitude de travailler avec nous et ont confiance dans nos études. Elles savent que nos prévisions seront dans les clous par rapport à la réalité. Après, il est vrai que les banques ont demandé des garanties aux franchisés beaucoup plus importantes que d'habitude, voire trop importantes par rapport à la somme à emprunter.

JA. Quels sont vos objectifs pour 2010 ?
NP. Nous ciblons 6 nouveaux centres, dont 4 franchisés et 2 succursales. Le premier centre a d'ailleurs ouvert ce mois-ci. Nous avons déjà plusieurs centres en cours de signature, nous pourrions donc avoir du bonus ! Par ailleurs, nous souhaitons intégrer entre 15 à 20 nouveaux franchisés, car il y a beaucoup d'opportunité pour des reprises, davantage que pour des créations. Ainsi, nous réalisons de la prospection en permanence, avec un site web dédié, l'objectif étant d'avoir en permanence un vivier de bons candidats. Depuis quelques mois, on enregistre d'ailleurs un redémarrage des candidatures, revenant ainsi au niveau de 2007. Cela s'explique par un climat économique moins dépressif et à notre communication à destination des prospects. Le plus dur semble derrière nous. Espérons que cette tendance se prolonge.

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