La Formula Student veut s'installer en France

A l'inverse d'une compétition comme le Shell Eco Marathon, connue et reconnue de tous dans le microcosme estudiantin français, la Formula Student, quant à elle, ne réussit pas à franchir le cercle de quelques passionnés du genre. Créée il y a vingt-huit ans, cette compétition n'a pourtant rien du micro rendez-vous. Plus de 500 écoles mobilisées, dix épreuves dans le monde (Allemagne, Australie, Brésil, Etats-Unis, Italie, Japon ou encore Royaume-Uni figurent notamment à son calendrier) et huit épreuves différentes, soit statiques (évaluation des coûts, de la fabrication ou du design), soit dynamiques (accélération, endurance ou encore maniabilité), lors de chaque rassemblement dressent le portrait d'un événement d'importance majeur, complet et fédérateur.

Mercedes, Audi ou Fiat mobilisés

"C'est une compétition particulièrement attractive pour les étudiants car elle s'inscrit dans un projet à long terme, nécessite de multiples compétences et comprend une dimension internationale", étaye ainsi Florian Petitjean, membre de l'Ecurie Piston Sport Auto représentant l'Ecole centrale de Lyon. Ses homologues européens ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. En Angleterre, l'épreuve de Silverstone réunit chaque année 3000 étudiants, en Allemagne et en Italie, le rendez-vous est sponsorisé par de prestigieuses marques telles que Mercedes, Audi, Fiat ou Dallara, alors qu'aux Pays-Bas, une école jouit d'un budget atteignant le million d'euro.

Autant d'exemples qui contrastent avec ce que représente la Formula Student dans l'Hexagone. Seulement cinq écoles impliquées (Centrale Lyon et Paris, Estaca, Enim, Isat), des budgets limités (compris entre 50000€ et 100000€) et, donc, aucune épreuve d'organisée ni même en projet. Une situation que peine à expliquer Jonathan Meignan, membre de l'Isat Formula Team, avouant que "les constructeurs comme les équipementiers ne s'y intéressent. C'est d'autant plus dommage que l'on fait tout pour les inviter à nous suivre, et l'exemple des constructeurs allemands et italiens tend à prouver qu'ils ont un intérêt à investir dans cette compétition".

Un projet mené avec de multiples écoles

Plus que le gain en visibilité, accompagner cette dernière constitue surtout une bonne manière de détecter les meilleurs éléments de demain. Pour Jean Leguen, responsable département relations entreprises et insertion professionnelle de l'Estaca, la Formula Student permet "aux étudiants de toucher du doigt les exigences de leur futur métier, de se former plus rapidement et, pour nous, de les juger sur une situation concrète et complète". "Un ingénieur a vocation à savoir s'entourer et ce projet répond précisément à cela. Il est impossible pour lui de concevoir de A à Z sa voiture, d'où l'obligation de créer des synergies avec différents partenaires."

Des partenaires provenant exclusivement du monde étudiant. L'Estaca travaille ainsi avec le célèbre Garac d'Argenteuil (95) alors que Centrale Lyon coopère avec une école de design, une autre de management pendant qu'un lycée professionnel s'occupe des soudures châssis. "Cette complémentarité nous est indispensable et elle fait aussi notre richesse, ajoute Florian Petitjean. C'est un argument généralement fondamental au moment de trouver des sponsors". Reste à savoir si cela sera suffisant pour convaincre, tôt ou tard, les différents acteurs nationaux de s'impliquer davantage.