Ingénieurs à tout faire
Le commerce automobile est, vraiment, un secteur d’embauche qui est soumis à des variations insoupçonnées et récurrentes. Une récente étude de l’ANFA (Association Nationale pour la Formation Automobile), qui cite des chiffres de l’UNEDIC, souligne, que depuis le début des années 2000, les effectifs du commerce automobile sont en constante régression. Il est intéressant de comparer ces données avec les besoins en formation qui se trouvent en totale contradiction et qui émanent principalement des distributeurs eux-mêmes.
En effet les organismes formateurs, tels que l’ESCRA, le GARAC, ou encore le GNFA en partenariat avec l’ESSCA, ont constaté très simplement que la demande s’avérait très élevée. Celle-ci ne reposant pas tellement sur le fait qu’il manque cruellement de personnel, mais étant plutôt due à une élévation du niveau de compétences, qui nécessite d’être formé à un niveau supérieur.
De ce constat, naissent des cursus (depuis des années déjà), qui dispensent des enseignements propices à développer les compétences que l’on demande aux managers, directeurs commerciaux, directeurs de sites… d’aujourd’hui. Juste ce qu’il faut de culture d’entreprise, jumelé à un savoir technique approfondi.
Diversifier les formations d’ingénieurs
“La France manque d’ingénieurs pour assurer la bonne marche de sa production industrielle et de services technologiques”. Jean-Charles Pomerol, président de l’université Pierre et Marie Curie (UPMC), commence ainsi son réquisitoire contre la Commission des Titres d’Ingénieur (CTI, organisme indépendant chargé de promouvoir le titre et le métier d’ingénieur, en France et à l’étranger) qui, selon lui, “mène campagne contre la diversification des formations d’ingénieurs” et empêche ces dernières de “devenir un cursus identitaire reconnu”. Il estime que les évaluations de la CTI font l’impasse sur les sciences sociales et de l’ingénieur, carence parfois ressentie dans les postes à responsabilité de la distribution automobile. Il poursuit en louant les pratiques étrangères, où les étudiants ont le temps “d’approfondir les bases scientifiques et techniques de leur future expertise”. Notamment grâce aux quatre premières années qui sont beaucoup plus pluridisciplinaires et laissent le temps aux étudiants de tester leur vocation et de bénéficier d’une expertise plus large.
Des ingénieurs polyvalents
Lors d’une Journée technique de l’ANFA, en janvier dernier, Didier Arnould, directeur adjoint du GNFA, déclarait que “plus de gens devaient cumuler plus de compétences”. La polyvalence et l’élévation du niveau de compétences apparaissent donc comme deux problématiques mises en avant par la multiplicité des formations d’ingénieurs, qui présentent, toutes, des programmes étoffés. La lucidité sur la situation de la distribution automobile transparaît dans ces cursus, qui laissent tous une grande place à la mise en pratique en entreprise. Entre formations au long cours, qui s’effectuent en alternance, et celles, de courte durée, qui consacrent, tout de même, trois à quatre mois à un stage. Les formations évoquées dans ce dossier illustrent les réponses attendues, avec des modèles “visant la réussite et l’insertion avec tout l’éventail de niveaux et de possibilités”, pour reprendre une nouvelle fois les propos de Jean-Charles Pomerol.
Besoins en recrutement
L’ANFA, dans l’étude mentionnée précédemment, portant sur le commerce et la réparation automobile, définit les besoins en recrutement sur la base de quatre critères, dont les départs en fin de carrière et la mobilité. L’analyse prospective qui y est menée, envisageant la période 2005-2015, estime les besoins en cadres entre 1 000 et 3 000 chaque année, dont deux tiers proviennent des entreprises du commerce automobile.
Ce potentiel d’embauche qui existe bien, ne peut être comblé que par les formations d’ingénieurs. Grâce à la diversité de leurs programmes et à leur capacité d’adaptation aux besoins des entreprises, ces cursus permettent de répondre aux effets de mobilité externe comme interne, à l’image du BADGE (diplôme ESSCA-GNFA), qui accueille des groupes provenant de constructeurs ou de grands groupes de distribution. En effet, entre 25 et 50 % des besoins en cadres seraient pourvus par la promotion interne.
Par ailleurs, étant donné que l’essentiel des cadres actuels sont des cadres de professions tertiaires, les formations d’ingénieurs à forte vocation technique viennent résoudre ce déficit.
L’enquête mentionne de surcroît que 90 à 100 % de ces 1 000 à 3 000 cadres devraient avoir un diplôme supérieur ou égal à un niveau III. Signe fort que ces diplômes d’ingénieurs spécialisés dans la distribution automobile, dont les capacités d’accueil sont revues à la hausse (en formation “initiale”), vont redessiner le paysage de la profession et tirer la filière vers le haut.
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