Gefco fait dans l’exceptionnel
La logistique automobile, aux yeux de tous, consiste à gérer le transit des véhicules neufs de leur site d’assemblage jusqu’à leur point de vente dans le réseau de la marque. Toutefois, en marge de cette activité à gros volumes que quelques grands noms se partagent, il existe des marchés de niche sur lesquels l’expertise acquise au fil des années confère à certains acteurs le privilège et la responsabilité de transporter des marchandises exceptionnelles.
Le salon Rétromobile, rendez-vous annuel des passionnés de véhicules anciens, a, cette année encore, accueilli nombre de pépites automobiles, qu’il a fallu acheminer jusqu’à Paris, à la Porte de Versailles. Un transport tantôt risqué, parfois secret, toujours très bien assuré, et organisé par un service à part entière de Gefco, qui a accepté de nous montrer l’envers des stands.
Activités confidentielles
Il est 12 h 30 en ce 4 février. Le temps presse, le salon Rétromobile ouvre ses portes aux passionnés exigeants dans deux jours. A l’arrière du hall 3 du parc des expositions de la Porte de Versailles, le parking est jonché de gros porteurs en attente de déchargement. A l’intérieur, des trésors automobiles de toutes les époques, venus d’Europe entière. Le camion qui nous intéresse est totalement banalisé, blanc comme neige, et surtout totalement fermé et étanche, à l’abri des infiltrations et des regards, contrairement à un convoi bâché.
A l’intérieur, quatre voitures uniques, des Germain Lambert (1903-1983), du nom d’un artisan constructeur français des années 40 spécialisé dans la construction mécanique. Il dessinait lui-même les pièces et les réalisait seul pour assembler ses autos. Ses grands maîtres, dont on ressent l’inspiration dans les modèles que vous voyez, sont Bugatti bien sûr, mais aussi De Dion Bouton et Voisin. Les Lambert qui vont quitter ce camion si mystérieux sont des voitures uniques, “dans leur jus”, cédées à la Cité de l’Automobile de Mulhouse par un héritier de la famille Lambert. Après un passage sur le salon Rétromobile, elles reprendront la route (dans des camions Gefco) pour rejoindre l’atelier de rénovation du musée. Inutile de préciser qu’elles ont une valeur tout à fait inestimable.
Le déchargement
Il est maintenant temps de livrer les belles aux yeux des visiteurs, sur le stand prévu à cet effet. Deux voitures se situent dans la remorque, deux autres dans le porteur. Et ce n’est pas un hasard.
En utilisant ce type de transport, on peut décharger deux véhicules, sans toutefois avoir accès aux deux autres. Pour la petite histoire, cette confidentialité se révéla primordiale à l’époque du début de la collaboration entre Peugeot et Citroën. Les bâtiments de design des deux marques étaient les mêmes, mais les équipes souhaitaient maintenir le cloisonnement des projets. “Ainsi, dans les mêmes camions, nous avions des concept-cars Citroën et des Peugeot. Ce qui permettait des économies d’échelle, tout en maintenant le secret”, s’amuse Olivier Vaillant, responsable des Transports Spéciaux chez Gefco.
La porte arrière de la remorque s’ouvre et dévoile la première Lambert, un modèle de 1931, particulièrement fragile, car en partie réalisée en bois. Les véhicules spéciaux ou de collection sont toujours transportés à plat, contrairement aux voitures modernes, que l’on peut incliner. Il s’agit là d’éviter les pertes d’huile. De même, inutile d’espérer ancrer les anciennes avec les dispositifs actuels. Chaque transport présente ses spécificités en la matière, et nécessite la plus grande ingéniosité de la part des chauffeurs. Des conducteurs qui sont des professionnels émérites, triés sur le volet au sein de l’équipe Gefco. Le service des Transports Spéciaux en compte une trentaine, souvent passionnés d’automobiles. Ils sont aussi des personnes d’expérience, discrets et surtout très disponibles. Car qui dit véhicules spéciaux dit souvent horaires spéciaux, pas mal d’attente, de longues périodes loin du domicile… Chacun a la responsabilité de son propre camion et de sa propre remorque, ce qui crée une relation particulière entre le chauffeur, son camion et son chargement. “De plus, nous essayons de maintenir le même chauffeur à l’aller et au retour pour un véhicule, car la relation personnalisée reste importante dans la confiance attribuée à Gefco par le propriétaire de véhicules parfois très précieux”, nous explique Olivier Vaillant.
Les quatre déchargements se poursuivent, avec d’immenses précautions, dues au rang des antiques, sous la surveillance du responsable de la Cité de l’Automobile de Mulhouse, venu suivre les opérations.
Une fois les véhicules descendus du camion, alors que la mission de transport proprement dite s’achève, les équipes de Gefco restent sur le pont et les accompagnent jusqu’à leur stand. S’ensuit une folle course à la poussette des quatre Lambert dans les allées du salon, sous les yeux incrédules des autres exposants, qui, bien souvent, n’ont jamais vu ces modèles uniques.
“Dans les transports spéciaux comme dans l’activité plus conventionnelle de Gefco, les services additionnels deviennent aussi importants que la prestation elle-même. Tous les acteurs du métier savent transporter des voitures. Après, il faut savoir se différencier”, analyse Olivier Vaillant.
Après de longues manœuvres pour mettre en place les quatre véhicules dans des positions incongrues et sur des espaces si contenus, la mission s’achève sans encombre.
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FOCUS - Prestations sur-mesure
Gefco propose des services spécifiques qui répondent à certains besoins exclusifs ou permettent de pallier une défaillance de la chaîne logistique. Gefco Spécial, par exemple, est capable de livrer en urgence une pièce manquante à l’autre bout du monde, pour éviter une panne industrielle. De même, l’activité Transports Spéciaux du logisticien assure les transports confidentiels (maquettes, prototypes…) confiés par les constructeurs ou des particuliers (véhicules de collection).
L’activité de transports spéciaux de Gefco a drainé pas moins de 200 000 véhicules depuis sa création il y a vingt-cinq ans. Elle représente un chiffre d’affaires de 9 millions d’euros annuels, sur les 3,8 milliards enregistrés par le groupe au titre de l’exercice 2011. Un chiffre qui paraît peu de chose, mais l’activité Transports Spéciaux est tout à fait rentable et le groupe l’utilise également comme une vitrine de l’excellence de ses prestations. Par exemple, Gefco est souvent choisi pour transporter de très sensibles concept-cars sur des salons, ou bien encore des prototypes pour tests en conditions extrêmes. Dans ce cas, l’entreprise utilise des camions spécifiques à température dirigée, dont les cabines peuvent varier entre - 30 et + 30 °C, ce qui permet de remplir des missions particulières en grand chaud ou grand froid, pour pallier les caprices de la météo…
Il y a peu d’acteurs sur le transport fermé confidentiel. Gefco présente toutefois l’avantage de bénéficier de la puissance et des infrastructures d’un grand groupe. Ce qui aide également à solutionner des problématiques d’assurance, puisque Gefco dispose déjà de ses propres polices. Car il faut reconnaître qu’il est parfois complexe de savoir comment assurer un véhicule de collection ou un concept-car… Et le logisticien peut aussi aller plus loin, en proposant une assurance particulière supplémentaire, facturée à part, mais gérée par Gefco. Un véritable enjeu, surtout quand on commence à passer des frontières, dixit les équipes des transports spéciaux.
A l’avenir, Olivier Vaillant, responsable de l’activité, a pour mission de développer de nouveaux contrats : “Nous venons de sortir du groupe PSA, qui détenait encore 25 % du groupe, ce qui va nous permettre de discuter avec des groupes qui n’avaient pas encore été approchés.”
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