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“Du véhicule sécurisant au véhicule intelligent, un bond énorme”

Publié le 4 mars 2014

Par Romain Baly
4 min de lecture
Plus léger, plus propre, plus intelligent, le véhicule d’aujourd’hui est en plein bouleversement. Alors qu’elles doivent également jongler avec la mauvaise santé du secteur et les besoins d’ailleurs, les écoles d’ingénieurs telles que l’Estaca tendent à une constante adaptation.
Jean Leguen, responsable relations entreprise de l’Estaca.

JOURNAL DE L’AUTOMOBILE. Le monde de l’automobile est en plein bouleversement technologique. De ce fait, est-ce que les formations suivent la même logique et le même rythme ?
JEAN LEGUEN.
Absolument. Les constructeurs et les équipementiers sont d’ailleurs les premiers demandeurs. Ils souhaitent que l’on forme nos étudiants sur des thématiques qui font leur quotidien, et cela nous oblige à revoir sensiblement le contenu de nos cursus. En dix ou quinze ans, nous sommes passés du véhicule sécurisant au véhicule intelligent. C’est un bond énorme. Désormais, il est question de poids des matériaux, d’impact environnemental des motorisations et d’intelligence embarquée. Voilà les grands enjeux.

JA. A l’image de l’ensemble du milieu automobile, est-ce que la crise économique touche également, de près ou de loin, les écoles ?
JL.
Nous constatons depuis 2008-2009 que nos effectifs diminuent légèrement. Une situation qui s’explique autant par le contexte actuel, où les gens ont des moyens plus limités, que par une prise de conscience sur le fait qu’il y a moins de postes à pourvoir dans notre branche. Du coup, il y a un phénomène d’autorégulation qui s’opère et qui nous permet de conserver un taux d’embauche toujours très élevé.

JA. Partant de ce constat, comment faites-vous pour continuer de séduire de nouveaux étudiants ? Avez-vous adapté votre message ou jouez-vous la carte de la transparence ?
JL.
Nous sommes honnêtes avec les jeunes. Clairement, il y a moins de postes qu’auparavant et on ne peut pas dire le contraire. En revanche, on les encourage toujours à nous rejoindre car, parallèlement à la crise, de nouvelles activités se sont développées, créant une brèche et offrant de nouvelles opportunités. C’est une donnée importante que l’on oublie trop souvent : le secteur automobile est en pleine mutation et il y a des places à prendre. Récemment, par exemple, Valeo nous a expliqué avoir des besoins en matière d’éclairage et qu’il pourrait être judicieux d’y consacrer un cursus. Considérant que c’est un secteur de plus en plus complexe mais aussi en plein développement, nous sommes en train de mettre au point un module allant dans ce sens.

JA. On a souvent l’impression que le statut de l’ingénieur, en France, n’est pas clairement défini car trop dilué dans des formations dépassant le simple cadre technique. Etes-vous de cet avis ?
JL.
J’ai plutôt le sentiment que c’est une chance. C’est vrai que nos étudiants sont peut-être moins pragmatiques que ne peuvent l’être les Allemands par exemple, mais en aucun cas ils sont moins techniques. Je pense que c’est important d’ouvrir nos cursus à de nouvelles problématiques. La multi-compétence et l’adaptabilité constituent des atouts considérables de nos jours. A l’Estaca, on a des partenariats avec des écoles de design pour que nos étudiants s’ouvrent à de nouvelles choses et apprennent un nouveau langage.

JA. Quid de l’internationalisation des élèves. Est-il désormais indispensable pour eux de connaître une expérience à l’étranger ?
JL.
C’est une obligation, surtout dans l’automobile, un secteur qui fonctionne sur un schéma mondial où la conception, la production et le stockage se font rarement dans un même pays. Il est indispensable de parler plusieurs langues et de connaître différentes cultures. En moyenne, 22 % de nos étudiants réalisant un stage à l’étranger, que ce soit via nos accords et la quarantaine de pays partenaires ou via des offres formulées directement par les entreprises. Pour la dernière promotion, ce chiffre est même monté à 35 %, preuve de l’importance grandissante que cela prend.

JA. Par quoi passera l’avenir de l’Estaca ? Quelles sont les tendances de demain ?
JL.
Elles tournent autour de trois axes. Nous souhaitons déjà multiplier mais aussi diversifier nos partenariats, que ce soit avec des entreprises ou des écoles. Nous voulons ensuite ouvrir davantage nos formations aux étudiants étrangers dans une logique d’ouverture à l’international. Enfin, nous comptons renforcer nos enseignements à projet. Comme je vous le disais, la multi-compétence est un atout indispensable et le fait de mener un projet de A à Z tend à les former dans ce sens et à crédibiliser notre enseignement.

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