Du bénéfice de l’alternance
Un constat : “En apprentissage, l’emploi des jeunes s’est amélioré de 2005 à 2008, passant de 61 à 69 %.” Jocelyn Gombault, chef de projet à l’Observatoire de l’Anfa, s’est penché dernièrement sur les taux d’insertion des apprentis, les comparant à ceux des lycéens. Le résultat est sans appel, largement en faveur du cursus en alternance. Si pour les deux la courbe monte depuis 2005, l’insertion des apprentis est bien supérieure de 14 points. Un décalage expliqué par la sélection dont font l’objet les apprentis, lors de la signature du contrat avec l’entreprise formatrice. “On identifie dès le départ des débouchés possibles, même s’il peut arriver de se tromper sur la personne”, analyse le chef de projet. Avant de tordre le cou à un poncif : “On entend parfois dire que les garages prennent une main-d’œuvre facile et s’en débarrassent à l’issue du contrat, mais ce n’est majoritairement pas le cas.” L’Anfa a toujours favorisé l’alternance. “Au vu de la différence d’insertion dans la branche, 20 % pour les lycéens contre 42 % pour les apprentis, du simple au double, l’alternance doit être le mode de formation privilégié”, selon Jocelyn Gombault. Il faut dire que la branche automobile n’a pas à rougir de ses statistiques. Si l’on s’attache aux types de contrats signés à l’issue des cursus, les métiers du commerce et de la réparation automobile (CRA) offrent un taux de 70 % de CDI, contre 40 % seulement dans les autres secteurs. “Même si la proportion des jeunes intégrés en CDI dans le CRA tend à baisser par rapport aux années précédentes, ce type de contrat reste très largement majoritaire pour les apprentis”, indique l’étude menée par Jocelyn Gombault.
Insertion rapide ou inexistante
Le travail sur lequel s’est appuyé le chef de projet rend compte de l’insertion des jeunes sept mois après leur sortie du système éducatif. “Sur la promotion d’apprentis de 2008, 42 % sont en emploi dans la branche à sept mois”, apprend-on. Le constat à plus long terme fait état de 38 % des apprentis en emploi trois ans après avoir quitté l’appareil de formation. A quelques points près les mêmes données, signifiant que “les jeunes sans emploi au moment des enquêtes à sept mois ne s’insèrent donc pratiquement pas dans la branche. L’insertion dans le secteur est soit très rapide, soit inexistante”. Jocelyn Gombault explique que le mois qui suit la fin du cursus est fondamental, car s’il n’a pas trouvé de travail à ce moment-là, “il y a de multiples chances qu’il soit au chômage ou qu’il quitte le secteur”.
Et de pointer un accroc : “Les deux ou trois derniers mois du contrat sont essentiels. Aujourd’hui, il y a trop souvent des jeunes qui n’abordent pas le sujet, alors qu’il leur faut du temps pour se retourner si besoin. Dans le cas où un employeur se sépare d’un apprenti parce qu’il n’a pas assez d’activité, le jeune doit pouvoir s’appuyer sur le réseau de l’entreprise pour rebondir.”
Les taux d’insertion constatés aujourd’hui reposent dont beaucoup sur la capacité à anticiper sur ces situations. “Il y a un travail à faire sur la clarification de cette étape, parce que la mise en contact est importante. On recrute encore énormément par le relationnel, informe-t-il. On a l’habitude de dire que si l’employeur dit trop tôt ce qu’il compte faire, le jeune se démotive. Il finit donc par choisir de ne rien dire. C’est une croyance assez nuisible.” On comprend là le rôle à jouer des CFA dans l’accompagnement, avec un suivi rigoureux sur les fins de contrats.
Progression de l’emploi
Entre 2002 et 2010, l’apprentissage et le contrat de professionnalisation ont perdu, respectivement, 27 % et 23,4 % de leurs effectifs, tous deux suivant une baisse constante. A la rentrée 2010, d’ailleurs, les contrats de professionnalisation repartaient légèrement à la hausse. Dans le même temps, les enquêtes prospectives font état de 8 000 besoins par an, quand 23 000 jeunes sortent des cursus. “Il n’y a donc pas de place pour tout le monde”, admet Jocelyn Gombault.
Si l’on rapporte ces effectifs à l’insertion professionnelle, il apparaît qu’ils sont fonction non pas de l’emploi sectoriel, mais bien de l’emploi en France. Jocelyn Gombault précise que le secteur des services de l’automobile est en crise depuis 2002, non pas 2008. “La baisse est liée à plusieurs facteurs. Notamment, il y a la difficulté de rencontre entre l’offre globale de véhicules neufs et les acheteurs. Et des raisons structurelles : la baisse de l’après-vente dans les concessions, avec la réduction des pas d’entretien.” Entre 2002 et 2009, le nombre de salariés dans le CRA est tombé de 378 210 à 363 703, quand depuis 2006 l’emploi des jeunes issus d’une formation progresse. Cependant, “il faut s’attendre prochainement à des statistiques en baisse puisque le chômage a fortement augmenté”, fait remarquer le chef de projet.
Les cursus en alternance prouvent ainsi leur efficacité dans l’insertion professionnelle et posent la question de leur préservation. L’année 2011 aura été, sur le plan politique, celle de l’alternance. Le gouvernement a lancé l’offensive sur les contrats d’apprentissage et de professionnalisation, précieux tissu de compétitivité industrielle. Une campagne de promotion subite, et l’adoption d’une loi allant dans le sens des aides à l’embauche. S’il est trop tôt pour juger de leurs effets, nos interlocuteurs semblent trouver que ces mesures vont dans le bon sens, s’interrogeant malgré tout sur le financement des effectifs supérieurs souhaités. Réponses dans quelques mois.
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.