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"Désormais, tout le monde est concerné et, par extension, impliqué"

Publié le 23 mai 2012

Par Alexandre Guillet
5 min de lecture
Toujours affable et volontiers discrète, Claire Martin s'est bel et bien imposée comme une figure emblématique du groupe Renault au cours des dernières années. Elle revient en notre compagnie sur sa conception de la Responsabilité Sociale de l'Entreprise et sur les multiples actions du groupe dans ce domaine.
Toujours affable et volontiers discrète, Claire Martin s'est bel et bien imposée comme une figure emblématique du groupe Renault au cours des dernières années. Elle revient en notre compagnie sur sa conception de la Responsabilité Sociale de l'Entreprise et sur les multiples actions du groupe dans ce domaine.

En premier lieu, pouvez-vous revenir sur les principaux jalons de votre itinéraire professionnel ?

Après une double formation, universitaire, grande école, en l'occurrence Sup de Co Paris, puis Harvard, j'ai fait mes premiers pas professionnels en tant que consultante spécialisée en organisation et en accompagnement du changement. Par la suite, et un peu par hasard pour tout dire, j'ai rejoint l'industrie automobile, à savoir Renault. Durant dix ans, j'ai ainsi évolué dans les domaines du conseil et des recherches socioéconomiques, puis je me suis orientée vers la communication corporate, cinq ans pour Renault et cinq autres années pour Nissan. Je m'occupais notamment de la communication du président Carlos Ghosn. Il y a un peu plus de trois ans, il m'a sollicitée pour prendre la direction de la Fondation Renault, où nous co-concevons et finançons des programmes pédagogiques originaux. Nous nous sommes par exemple spécialisés dans le management multiculturel, un élément très important au sein du groupe, du fait de l'Alliance Renault-Nissan notamment. Dans la foulée, j'ai créé la direction de la nouvelle Responsabilité Sociale Entreprise. Renault menait en effet de nombreuses actions dans ce domaine, mais d'une manière trop éclatée, peu structurée, donc peu compréhensible et visible. Il était nécessaire de trouver une matrice pour structurer les différentes initiatives déployées à l'échelle mondiale. Par ailleurs, la politique de responsabilité sociale du groupe doit se décliner en interne, naturellement, mais aussi s'enrichir d'apports extérieurs. On peut rappeler que cette décision a été prise mi-2008, dans un contexte de grande incertitude économique, mais nous percevions que les exigences de la société civile vis-à-vis des grandes entreprises allaient s'accroissant.

A partir de quel moment la notion de développement durable a-t-elle été prégnante dans votre activité, sachant que les choses se sont considérablement accélérées dans ce domaine, mais surtout au cours des dix dernières années ?

A titre personnel, j'ai pris conscience très tôt de l'importance du développement durable, dès l'enfance en fait. Etudiante, je travaillais déjà sur le sujet via des activités associatives, en marge de ma scolarité à proprement parler. Je pense que le fait que j'ai vécu à Strasbourg et bien connu l'Allemagne n'y est pas étranger. Au niveau professionnel, ayant travaillé pour le recherche de Renault, j'ai aussi été très tôt confrontée aux enjeux de la raréfaction de certains matériaux, des énergies alternatives ou du recyclage. A ce propos, on parlait déjà d'économie circulaire. Même si c'était bien moins médiatisé qu'aujourd'hui, l'engagement de Renault dans ce domaine, à tous les niveaux, usines, logistique, etc., date des années 1990. Mais il est vrai que les choses se sont accélérées sur le front de l'opinion publique au cours des années 2000. C'est aussi pour cela que l'action de la Fondation est essentielle, car elle vise notamment à sensibiliser les plus jeunes au développement durable.

A l'aube du 21e siècle, comment actualiseriez-vous votre définition du développement durable ?

Vaste question… ! Pour répondre brièvement, je crois fermement en une approche globale impliquant tous les niveaux d'acteurs. De tous les citoyens au quotidien jusqu'aux sommets mondiaux qui peuvent entériner de grandes décisions. Désormais, tout le monde est concerné et, par extension, impliqué.

Pour quelles raisons avez-vous créé l'Institut de la Mobilité Durable au sein du groupe Renault ?

Nous avons créé l'Institut de la Mobilité Durable, en collaboration avec ParisTech, dès 2009, car nous sommes convaincus que la révolution de la mobilité a des ancrages scientifiques, technologiques, mais aussi sociologiques, macro et micro-économiques. C'est donc une plate-forme qui met en relation des équipes de recherche avec des opérationnels, entre guillemets, à savoir des personnes qui raisonnent avec un horizon de temps plus court et qui sont en lien direct avec la problématique de l'acceptation des consommateurs. Ainsi, l'objectif est notamment de parvenir à une meilleure prise en compte des attentes des citoyens-consommateurs. Nous avons déjà engagé une dizaine de contrats de recherche et certains d'entre eux ont d'ores et déjà été renouvelés. Bref, l'Institut peut revendiquer une approche très concrète, qui aide à la prise de décision, car nous prenons du recul et nous nous donnons vraiment le temps de l'analyse.

Votre groupe est très impliqué dans la promotion du véhicule électrique et a très tôt communiqué sur cette solution : quelle importance accordez-vous à la brique VE dans l'ensemble du développement durable ?

On ne peut pas réduire l'engagement de Renault dans le véhicule électrique à la communication et il convient de rappeler que ce programme représente un investissement de quatre milliards d'euros pour l'Alliance Renault-Nissan. En revanche, il était important de communiquer très en amont, car il est nécessaire de bien préparer le terrain avant un changement de cette envergure. Cela vaut pour les utilisateurs, mais il s'agissait aussi de préparer tout un nouvel écosystème, qui dépasse de très loin les seuls véhicules, pour intégrer de nouveaux acteurs, énergéticiens, urbanistes, responsables de collectivités… J'insiste d'ailleurs sur le fait qu'un tel changement nécessite des efforts convergents et qu'un industriel isolé ne peut pas le préparer tout seul.

Après l'heure des résistances, notez-vous une première inflexion positive des consommateurs vis-à-vis des véhicules électriques ?

Nous constatons effectivement des signes positifs : au niveau du trafic en concession pour les particuliers et chez les flottes, il y a aussi un intérêt manifeste des clients. En revanche, je ne me hasarderais pas à vous donner une date précise pour l'envol de ce marché. D'une manière générale, nous savons aussi qu'il n'y aura pas qu'une seule solution de mobilité à l'avenir. Face à la diversité des demandes et des besoins, il y aura une multiplicité de réponses à apporter et nous nous dirigeons vers un élargissement de la palette des solutions de mobilité. Ce n'est d'ailleurs pas la moindre des remises en cause qui nous est actuellement proposée.

Article écrit pour la Newsletter du véhicule électrique - Collaboration Avere-France - Journal de l’Automobile

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