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Carrosserie - En phase avancée ­de consolidation

Publié le 1 juillet 2015

Par Alexandre Guillet
4 min de lecture
Sur la plupart des marchés matures de la réparation-collision, un processus de consolidation est à l’œuvre, par ailleurs promis à se renforcer dans les années à venir. Rex Green, directeur général de BB&T Capital Markets, décrypte le phénomène sur le marché américain. Instructif.
Rex Green, directeur général de BB&T.

Si la consolidation des marchés de réparation-collision ne s’opérera pas de façon homogène, en intensité ou en redistribution de la valeur selon les acteurs concernés, partout dans le monde, c’est assurément le sens de l’histoire, d’autant que c’est le fruit de la volonté des donneurs d’ordre, assureurs en tête, et des réseaux structurés. En fait, seuls les législateurs ont le pouvoir de ralentir le processus, ainsi que quelques spécificités locales de marché très prononcées. Pour Rex Green, directeur général de BB&T (N.D.L.R. : cette importante banque américaine est notamment intervenue récemment sur les dossiers Carstar et Axalta Coatings Systems) l’histoire est précisément en train de s’écrire à grande vitesse sur le marché américain : “La consolidation du secteur a d’ores et déjà débuté et elle va encore s’intensifier. On le mesure bien depuis 2011, car de nombreuses opérations d’envergure ont eu lieu. Selon le jeu des fusions attendues, on estime qu’il restera quatre gros acteurs sur le marché à terme”.

Consolidation : quatre leaders et beaucoup d’outsiders

Aux Etats-Unis, on recense encore 34 000 ateliers de carrosserie, pour un marché estimé en valeur à 30 milliards de dollars (hors vitrage) par an, à rapporter à quelque 11 millions de réparations et à un coût moyen de sinistre de 3 004 dollars. “Dans le processus de consolidation à l’œuvre, on peut distinguer quatre meneurs, à savoir Boyd Group, Abra, Caliber Collision et Service King. Au cumul, leur nombre de points de vente a augmenté de 25,8 % ces dernières années et d’ici dix ans, on estime qu’ils détiendront 50 % du marché de la réparation-collision”, indique Rex Green, avant de poursuivre : “Au-delà de ces quatre leaders, il y a encore beaucoup de réseaux qui ont des perspectives de croissance pour les dix prochaines années et les réseaux de franchise ont aussi une carte à jouer”. En effet, dans beaucoup de zones, ces derniers font office de point d’équilibre entre contrôle central et entreprenariat local, ce qui intéresse les assureurs par rapport à la garantie d’une qualité de services homogène.

L’appétit des fonds de private equity

Selon Rex Green, les éléments clés de la consolidation sont identifiés. Tout d’abord, la taille importe, dans une logique prosaïque de synergie au niveau des achats, de capacité d’investissement, de lisibilité des ICP (Indicateurs clés de performance) et par extension, d’aptitude à capter et gérer les flux distribués par les donneurs d’ordre. Par ailleurs, plus encore que la taille, la disponibilité du capital s’avère fondamentale. Et à ce niveau, Rex Green avance un scénario édifiant : “Les acteurs de la réparation-collision ont alors la possibilité de s’associer à des fonds de private equity qui ont accès à l’argent et ne sont pas destinés à rester dans la boucle plus de quatre à six ans. Certains acteurs, comme Caliber Collision par exemple, ont déjà franchi le pas en s’associant à des valeurs sûres du private equity pour financer leur croissance”. La motivation des investisseurs pour ce secteur est bien entendu de nature financière. “Si la consolidation du marché va plus vite que la contraction de celui-ci, on estime que la valeur annuelle de 30 milliards de dollars passera bientôt à un montant compris dans une fourchette allant de 25 à 20 milliards, il y a beaucoup d’argent à gagner dans l’intervalle !”, souligne Rex Green.

Le scénario américain est duplicable en Europe

Par ailleurs, même si les assureurs n’ont pas encore l’habitude de travailler avec des fonds de private equity, ils identifient très bien les gains potentiels de la consolidation : économies d’échelle, orientation à la baisse du coût moyen de sinistre, amélioration de la satisfaction globale des clients… “Par l’orientation des flux, les assureurs sont déjà acteurs de la consolidation. Et ils ne voient naturellement pas d’un mauvais œil le fait que le risque financier soit porté par d’autres”, rappelle Rex Green. Selon lui, sous l’effet de la consolidation programmée, 10 000 ateliers de carrosserie, sur le total de 34 000, devraient disparaître dans les cinq à dix prochaines années ! Il précise que l’activité de carrosserie chez les concessionnaires de marque est moins exposée, la distribution ayant une longueur d’avance dans son processus de consolidation. Enfin, il juge que ce scénario américain est tout à fait envisageable en Europe, où la consolidation est aussi en marche. “Même si pour des raisons culturelles, le private equity ne portera peut-être pas son nom”, conclut-il avec humour.
 

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