"Aux prémices de ce que peut apporter la digitalisation"

Journal de l'Automobile. A l'automne dernier, vous disiez avoir des projets en cours pour l'automobile, que sont-ils devenus ?

Timothée Raymond. A la fin de l'année 2013, nous avons entamé le développement d'une application mobile pour le compte de BMW. Celle-ci se destinait aux tablettes des commerciaux car elle concerne la simulation de plan de financement d'un véhicule. Si cela permet d'aller loin dans le parcours d'achat, elle n'en est qu'aux prémices de ce que peut apporter la digitalisation.

JA. Vers quoi voyez-vous se tourner le marché ?

TR. Très clairement vers la conduite connectée. Ce n'est qu'une question de génération de véhicules pour voir la technologie émerger et avec elle l'agrégation de données multiples vers des bases de données. Dès lors s'ouvrira un vaste champ des possibles.

JA. La collecte des données, un enjeu loin d'être réglé…

TR. La quantité d'informations disponibles est incroyable. Elle permettra d'affiner la connaissance et le ciblage des internautes. Toutefois, il existe une véritable problématique : la continuité entre les différents écrans. Nous travaillons tous à une solution pertinente, mais en attendant, l'un des meilleurs recours consiste à s'appuyer sur des régies publicitaires assez puissantes pour consolider la donnée.

JA. Vous dites réfléchir à une solution, quelle pourrait-elle être ?

TR. Nous pensons à l'insertion d'outil de traçage associé aux liens de navigation. On pourrait alors savoir quels sont les terminaux employés par chaque internaute. Autrement, l'identification universelle que propose l'API Graph de Facebook présente de nombreux avantages, tant dans la simplicité d'utilisation que dans la richesse des informations remontées.

JA. Justement, cette technologie peut-elle trouver sa place dans un point de vente ?

TR. Il peut être intégré au système d'information et servir de passerelle entre les mondes du online et du offline. Néanmoins, cela pourrait prendre du temps, voire être ralenti par la législation. Emerge alors une autre idée, celle de l'emploi du Bluetooth Energy comme alternative à l'identification et à la communication sur le lieu de vente.

JA. Que proposeriez-vous à un client qui vous laisserait carte blanche ?

TR. Dans l'automobile, ils en sont encore à l'intégration d'écran dans le hall. Nous commencerions par réinventer les configurateurs pour donner au consommateur l'opportunité de "construire" sa voiture et non plus de cocher des cases pour définir des critères.

JA. Votre stratégie est de pousser des applications, n'est-ce pas à contre-courant de la tendance ?

TR. Le Responsive Web Design, certes moins coûteux en développement et en mise en place, ne répond pas à l'impératif de qualité exigée par le consommateur. Il est limité techniquement, quand l'application offre un usage plus riche et visuellement plus intéressant. Nous avons la conviction qu'elle a encore de belles heures à vivre.