Autolib a vécu !
Le syndicat mixte Autolib' a voté, ce jeudi 21 juin 2018, la résiliation du contrat avec le groupe Bolloré. Cette décision, attendue, doit entraîner l'arrêt du service de voitures électriques en libre service dans les jours qui viennent. Les élus des 98 communes qui adhèrent au syndicat mixte ont donc suivi la proposition de Catherine Baratti-Elbaz, sa présidente, de refuser le versement des 233 millions d'euros que réclame le groupe Bolloré au titre du déficit du service, refus qui entérine la résiliation du contrat.
Reste maintenant à savoir comment l'aventure va se terminer pour les quelque 150.000 abonnés ? Pour Marie Bolloré, fille de l'industriel Vincent Bolloré et directrice générale de Blue Solutions (batteries électriques), le service pourrait s'arrêter "dans les tout prochains jours", mais pourrait fonctionner encore quelque temps "en régie", à la demande du syndicat et contre rémunération.
Une sortie en douceur
La Mairie de Paris indique dans un communiqué de presse que les élus préconisent "une sortie en douceur, sur plusieurs mois, qui laisserait le temps aux abonnés de se reporter sur d'autres services et aux salariés d'être reclassés dans de bonnes conditions dans des filiales du groupe Bolloré. Plus de 600 véhicules en autopartage sont dès à présent disponibles à Paris intramuros, en alternative à Autolib’, à l’initiative des entreprises Communauto, Ubeeqo et Zipcar – dans le cadre d’un dispositif municipal baptisé SVP – ainsi que Renault Mobility et Zencar. D’autres entreprises vont déployer leurs flottes dans les prochains mois, pour porter rapidement l’offre parisienne d’autopartage à plusieurs milliers de véhicules. Une charte sera par ailleurs élaborée entre ces professionnels et la municipalité, qui établira les bonnes pratiques qu’ils s’engagent à respecter."
Le syndicat mixte, où la Ville de Paris est majoritaire, et le groupe Bolloré se renvoient depuis des jours, par presse interposée, la responsabilité d'un déficit dont souffre le service, estimé par Bolloré à un total de 293,6 millions. Le groupe prend à sa charge 60 millions, comme le prévoit le contrat. Reste donc 233,6 millions à la charge des communes. Le conflit a été porté sur la place publique après la publication d'un courrier du groupe, en date du 25 mai, réclamant le versement de 46 millions d'euros par an pour éponger cette dette. "abracadabrantesque", avait alors réagi la Maire PS de Paris Anne Hidalgo, qui nous avait précisé que "la délégation de service public n'était plus à l'ordre du jour".
Incertitude
Depuis, groupe et syndicat mixte ne sont d'accord sur rien. Chacun se renvoie la responsabilité de la résiliation du contrat et au-delà, celle de l'avenir des 254 salariés que chacun veut voir pris en charge par l'autre. Quant au coût d'une résiliation anticipée, elle est chiffrée côté Bolloré à 300 millions d'euros mais, pour la présidente du syndicat Catherine Baratti-Elbaz, à "moins de 100 millions d'euros", un désaccord laissant augurer là aussi une belle bataille judiciaire à venir.
L'incertitude est donc de mise même si Anne Hidalgo a reçu à la mi-juin des constructeurs désireux de reprendre le marché parisien, sous d'autres formes, qui pourraient démarrer avant la fin de l'année. Autolib a été en son temps "une belle invention, avec une vision révolutionnaire qui a offert et offre un service apprécié aux Parisiens et métropolitains", avait-elle néanmoins salué. Le ministre de l'Environnement Nicolas Hulot a estimé jeudi 21 juin sur Franceinfo que la fin d'Autolib était "dommage parce que ça ne va pas dans le sens de l'Histoire", qui est de "mettre des véhicules à disposition pour tout le monde".
En attendant, la Mairie de Paris indique que les 3 244 places de stationnement dévolues à Autolib' seront dédiées aux Franciliens propriétaires d'un véhicule électrique ou utilisant un véhicule électrique en autopartage, dès la fin effective du service. Ce stationnement sera gratuit dans la limite de six heures consécutives.
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