Une reprise prudente se dessine pour les loueurs courte durée
Réservations annulées, disparition des voyageurs internationaux, multiplication des visioconférences : les loueurs de voitures serrent les dents et resserrent leurs flottes depuis que les effets du Covid-19 paralysent leur activité.
Ainsi, Europcar vient d'annoncer que son chiffre d'affaires avait été quasiment divisé par deux en 2020 (-45 %), à 1,7 milliard d'euros. Au quatrième trimestre, l'activité a frémi pendant quelques semaines avant que la deuxième vague de Covid-19 n'empêche le loueur, comme tout le secteur du tourisme, de redresser la barre.
Le concurrent américain Hertz s'est, lui, placé en faillite au printemps 2020 et va être repris par trois sociétés d'investissement, après avoir perdu 1,7 milliard de dollars en 2020. Il avait annoncé dès le mois d'avril 2020 la suppression de 10 000 emplois en Amérique du Nord. Un des autres géants américains, Avis Budget, a perdu 684 millions de dollars sur l'année, et a réalisé 2,5 milliards d'économies. L'allemand Sixt a vu son chiffre d'affaires chuter de 38,8 %, à 1,53 milliard d'euros, mais a échappé de justesse à une perte l'an dernier.
Reduction drastique des flottes
La directrice générale d'Europcar, Caroline Parot, s'est félicitée, mercredi 7 avril 2021, devant des analystes financiers que "l'horrible année 2020" soit terminée. Si 2021 promet d'être "en demi-teinte", ce sera "une année de transition et non pas une année de crise", a-t-elle assuré.
"Je reste prudemment optimiste", a aussi souligné Erich Sixt, PDG du loueur allemand, lors de la publication des résultats de son groupe début mars. "Avec la fin des restrictions (...) nous retrouverons la croissance", notamment via une expansion dans les aéroports américains. En attendant, tous les groupes ont freiné sur l'achat de voitures neuves.
Les négociations évoluent "au jour le jour" avec les constructeurs automobiles, ont souligné plusieurs dirigeants. Dès la fin de l'été 2020, traditionnellement la pleine saison pour les loueurs, Avis a ainsi vendu un nombre record de véhicules. Sur l'année, le loueur en a écoulé 250 000, réduisant sa flotte de 31 %. Sixt a aussi réduit la sienne de 25 %, Europcar de 39 %.
Chez Europcar, on espère que l'activité reprendra très vite en Europe avec les campagnes de vaccination. Mais, se demande Caroline Parot, ce sera "mi-juin, fin juin, ou mi-juillet ?". Le loueur, qui prépare chaque hiver ses commandes de voitures pour l'été, a dû "parier" cette année sur le nombre de voitures nécessaires, mais "s'adaptera" très vite quand l'activité reprendra, souligne-t-elle.
Le boom des livraisons
Une reprise qui pourrait être disparate selon les marchés, en fonction de l'évolution de la pandémie et des campagnes de vaccination. En Europe, "on voit que reprise ne sera pas aussi rapide qu'attendu, avec une saison estivale encore compliquée. Est-ce que ce sera -20 % ou -40 % par rapport à 2019 ? Il est encore trop tôt pour le dire", souligne Eric Kang, de l'agence de notation Moody's. Aux Etats-Unis cependant, "le regain d'activité commence à être de plus en plus visible".
D'autres effets indirects de la pandémie pourraient aussi transformer le marché de la location. L'explosion de la livraison à domicile a ainsi provoqué une forte croissance de la demande de location de camionnettes, sur laquelle comptent Sixt comme Europcar. Le secteur des loisirs pourrait se reprendre "rapidement" mais du côté des voyageurs d'affaires, "beaucoup de déplacements, entre 10 % et 30 % potentiellement, vont être remplacés par de la visioconférence", par souci d'économie mais aussi de respect de l'environnement, souligne Eric Kang. (avec AFP)
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