Ford sanctionné par les agences de notation
L'agence de notation Standard and Poor's (S&P) a annoncé, vendredi 28 octobre 2019, avoir abaissé d'un cran, à "BBB-", la note de solvabilité financière de Ford, estimant que les récentes contre-performances du constructeur automobile en Chine et en Europe allaient rendre difficile d'atteindre ses objectifs de rentabilité à terme. "En dépit d'une amélioration de la rentabilité des activités automobiles, nous n'anticipons plus une marge brute d'exploitation aux alentours de 8 % avant 2022", explique S&P dans un communiqué. L'agence juge aussi que la cure d'austérité en cours chez le groupe américain pourrait buter sur la dégradation de la conjoncture économique mondiale et les risques géopolitiques.
Ford a enregistré une perte de 281 millions de dollars en Chine au troisième trimestre et un déficit de 179 millions en Europe. La note, qui a été assortie d'une perspective "stable", suggérant que l'agence ne compte pas y toucher à court terme, est à un cran seulement de celle accordée aux entreprises susceptibles de ne pas rembourser leurs dettes. Moody's, concurrente de S&P, n'a pas eu, elle, ces pudeurs : elle a relégué début septembre Ford dans la catégorie des emprunts toxiques, jugeant que les investisseurs qui achèteront ses obligations risquaient de ne pas être remboursés.
La décision de Standard and Poor's est néanmoins un coup dur pour Ford, qui doit démarrer dès lundi des négociations difficiles sur un nouveau contrat de travail avec le puissant syndicat UAW. Ce dernier a appelé à une grève inédite ayant duré six semaines chez General Motors pour obtenir des hausses de salaires et des garanties sur l'emploi aux Etats-Unis. Ford a par ailleurs prévenu mercredi 23 octobre 2019 qu'il serait moins rentable que prévu en 2019, du fait d'une hausse plus importante qu'anticipée des coûts en Amérique du Nord et d'une baisse des volumes de ventes de voitures projetées en Chine.
Le constructeur a entamé en avril une vaste restructuration comprenant la suppression de 12 000 emplois et la fermeture de six usines d'ici fin 2020 en Europe. Il va arrêter la production de citadines et berlines aux Etats-Unis et abandonner son activité de poids lourds en Amérique du Sud. Cette cure d'amaigrissement devrait lui coûter 11 milliards de dollars, selon les calculs du PDG Jim Hackett, qui essaie de redonner un nouvel élan au constructeur, en retard dans les véhicules électriques et autonomes. Mais elle lui permettrait de faire d'importantes économies et de se concentrer sur les grosses voitures, préférées par les Américains. (avec AFP)
Sur le même sujet
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.