Dieselgate : VW et ses clients allemands devant la justice
Depuis aujourd'hui, le 30 septembre 2019, le groupe Volkswagen affronte le premier grand procès de consommateurs en Allemagne, regroupant des centaines de milliers de clients demandant réparation pour leurs voitures diesel truquées, quatre ans après l'éclatement du dieselgate. L'audience, qui devrait s'étaler sur plusieurs années, s'est ouverte à 8 heures au tribunal régional de Brunswick, à une trentaine de kilomètres du siège historique de Volkswagen à Wolfsburg (Basse-Saxe).
Près de 450 000 personnes se sont inscrites pour cette requête groupée, la première de ce type en Allemagne, selon une procédure adoptée dans la foulée du dieselgate. L'association de consommateurs VZBV fait office de requérant unique et accuse le groupe automobile d'avoir délibérément nui à ses clients en installant à leur insu un logiciel faisant paraître le véhicule moins polluant qu'il ne l'est en réalité. Ce procès est pour l'instant le plus important en Allemagne dans ce scandale à tiroirs, qui continue de hanter le constructeur alors qu'il tente de tourner la page en misant sur l'électrique.
Concrètement, les juges devront trancher une cinquantaine de points, mais la question principale sera de déterminer si Volkswagen a "causé un préjudice" et agi "de manière contraire à l'éthique". Klaus Müller, directeur de la VZBV, se dit "convaincu" de voir le tribunal conclure en ce sens. Mais Volkswagen soutient qu'il "n'y a pas de dommages et donc pas de fondement à cette requête". "Encore aujourd'hui, des centaines de milliers de véhicules sont utilisés" sur les routes, insiste Martina de Lind van Wijngaarden, avocate de l'entreprise.
Même s'il s'avérait défavorable à Volkswagen, le jugement n'entraînera pas directement un remboursement : chaque consommateur enregistré devra ensuite faire valoir ses droits individuellement. L'examen de cette requête collective devrait durer au moins jusqu'en 2023 en raison d'un appel possible devant la Cour fédérale, selon Volkswagen. Les procédures individuelles peuvent encore prendre plus d'un an par la suite.
Pour écourter la procédure, la VZBV est "ouverte" à un accord à l'amiable mais "dans ce cas, Volkswagen devrait malgré tout payer une somme significative", a expliqué Klaus Müller à l'AFP. Le constructeur estime qu'un tel accord est "peu imaginable" en raison de l'hétérogénéité des situations : une partie des dossiers seraient des doublons ou concernent des clients résidant à l'étranger ou ayant acheté leur voiture après la révélation de l'affaire. Enfin, en parallèle de la procédure groupée, 61 000 requêtes individuelles ont été déposées en Allemagne, dont une partie ont abouti à des accords extra-judiciaires.
Le scandale remonte à 2015, quand Volkswagen a avoué avoir équipé 11 millions de véhicules de logiciels truqueurs. Il a depuis coûté au groupe plus de 30 milliards d'euros en frais juridiques, amendes et dédommagements, déboursés pour l'essentiel aux Etats-Unis. Pour l'heure, le constructeur n'a payé en Allemagne que trois amendes d'un total de 2,3 milliards d'euros, mais reste sous la menace d'une cascade de procédures civiles et pénales. Ainsi, dans un procès engagé il y a un an, des investisseurs réclament dédommagement pour la chute spectaculaire du cours en Bourse après l'éclatement du dieselgate.
En début de semaine, l'actuel patron Herbert Diess et le président du conseil de surveillance du groupe Hans Dieter Pötsch ont été renvoyés devant les juges pour manipulation de cours de Bourse. L'ex-patron Martin Winterkorn, qui a dû démissionner en 2015, a lui, en plus, été renvoyé pour "fraude". Au-delà du front judiciaire, le scandale a accéléré le déclin du diesel et les voitures diesel risquent d'être bannies de plusieurs villes allemandes en raison de leur niveau de pollution en oxydes d'azote (NOx).
Pour Volkswagen, le scandale du diesel "appartient à l'histoire du groupe" au même titre que "la coccinelle et la Golf", reconnaît Ralf Brandstätter, responsable de la marque VW. Mais il assure que le groupe a "profondément changé" : le constructeur mise 30 milliards d'euros sur sa nouvelle gamme électrique pour "regagner l'estime de la société". "La crise du diesel était pour nous comme un catalyseur pour la transformation", a récemment expliqué Ralf Brandstätter dans un entretien à l'AFP. (avec AFP).
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