Tesla veut aussi dynamiter l'univers du poids lourd
(AFP)
Après avoir révolutionné les voitures électriques, Tesla s'attaque à une nouvelle frontière du transport routier "vert" et a dévoilé jeudi un semi-remorque aux lignes futuristes... ainsi qu'un nouveau prototype pour sa voiture de sport Roadster.
La nouvelle génération de Roadster, la voiture de sport prisée des stars d'Hollywood, coûtera au moins 200000 dollars et disposera d'une autonomie de près de 1000km (620 miles). Elle devrait être disponible à partir de 2020. Quant au camion, Tesla l'a conçu "pour qu'il soit (aérodynamique) comme une balle", a déclaré Elon Musk, le patron du groupe, lors d'une soirée à Hawthorne, près de Los Angeles, où se trouvent les bureaux de design du constructeur. Le nouveau semi-remorque aux 4 roues indépendantes et autant de moteurs détonne par rapport aux camions traditionnels par ses lignes épurées et son avant évoquant les trains à grande vitesse, sa carrosserie aux couleurs mates ou métallisées. Il accélère de 0 à presque 100km à l'heure en seulement cinq secondes, a promis le richissime visionnaire né en Afrique du Sud. Le Semi a une autonomie de 800km (500 miles) "chargé à son poids maximum et à vitesse d'autoroute", a affirmé Elon Musk devant un parterre de centaines de clients, employés et journalistes.
"Comme 80% des trajets font moins de 400km (250 miles), ça veut dire qu'on peut aller à sa destination et revenir sans recharger", a encore précisé M. Musk. La cabine de pilotage du Semi est assez haute pour permettre au conducteur de se tenir debout et de se mouvoir sans contorsions. Le conducteur est assis au centre de l'habitacle pour une visibilité non obstruée. Le siège pour un passager a quasiment disparu. A la place, un strapontin sur la cloison arrière équipée de rangements. Le siège est équipé de deux écrans tactiles pour la navigation, la musique, l'information routière, etc.
"Le coût d'un camion est extrêmement important", a reconnu le charismatique patron de 46 ans, assurant qu'un semi-remorque au Diesel serait "20% plus coûteux qu'un Tesla" en incluant tous les coûts y compris assurances et essence. Le Semi arrive toutefois au moment où divers constructeurs comme Daimler, Volkswagen, Nikola, Einride, travaillent aussi au développement de semi-remorques électriques, parfois équipés de fonctions de conduite autonome et d'un design futuriste.
Les experts remarquent aussi que des poids lourds et bus fonctionnant aux énergies alternatives comme les piles à hydrogène ou le gaz naturel comprimé existent déjà. Le Semi pourra s'adapter aux remorques standard. Il dispose des mêmes fonctionnalités d'assistance au pilotage que la berline compacte Model3 (caméras, détecteurs pour minimiser les angles morts, les changements de voie intempestifs, freinage d'urgence...).
Le constructeur n'a pas donné de détails sur les coûts ou le lieu de fabrication. Il vise fin 2019 pour démarrer la production, même si "Elon Musk n'est pas très bon pour tenir les délais", remarque Rebecca Lindland, analyste de la société de conseil automobile Kelley Blue Book. Le rythme de fabrication de la Model3 est notamment très en retard, avec des pics de production de 500 à 1000 exemplaires par semaine sur certaines lignes de fabrication alors que l'objectif était de 5000.
Le Semi vise toute la gamme des trajets routiers courts ou longs et les camions pourront se recharger sur les stations "Superchargeur" de Tesla – 1000 actuellement disponibles dans le monde. Pour Rebecca Lindland, les semi-remorques électriques – et plus encore avec conduite autonome – sont particulièrement intéressants pour les villes et banlieues, les entreprises avec des routes répétitives comme La Poste, la société de messagerie express UPS, voire les camions de nettoyage municipal, les bus scolaires, etc. Tesla a confirmé un projet d'usine en Chine et "il y a des opportunités formidables là-bas", où les grandes villes luttent contre le smog, ajoute-t-elle.
Elon Musk a par ailleurs dévoilé un prototype de voiture de sport "Roadster", qui sera la "première voiture (de fabrication industrielle) à passer sous deux secondes pour monter à 100km/h". "Le but est de donner une bonne claque aux voitures à essence", a-t-il ironisé. Des nouveaux produits pour le groupe, qui doit encore lancer la fabrication de ses toits solaires à la fin de cette année, accélérer la production de ses trois modèles de voitures (S, X, 3), et surtout devenir enfin rentable.
"Wall Street reste très tolérant vis-à-vis d'Elon Musk et considère Tesla comme une entreprise de technologie plus qu'un constructeur auto", note Mme Lindland, "mais il y aura un moment où les investisseurs (...) auront besoin de voir des bénéfices". L'action prenait 0,36% dans les échanges électroniques, à 312,5 dollars, après la présentation.
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