Portrait d’une personnalité de l’électro-mobilité : Louis Nègre
"J’ai réellement pris contact avec le véhicule électrique dans les années 90, via l’offre de PSA. Je me souviens avoir effectué un essai assez bref, d’une quinzaine de minutes à tout dire, mais très marquant. J’ai alors pressenti que le jour J, par ce biais, nous pourrions tous faire un pas en avant très significatif", se souvient-il. A titre personnel, le jour J est entre guillemets arrivé pour Louis Nègre : "Depuis le 14 décembre, Carlos Ghosn a mis gracieusement à ma disposition une Fluence ZE, pour un test en format réel d’une durée d’un an. Je l’utilise quotidiennement comme monsieur tout le monde prend sa voiture. J’ai donc remisé mon ancien véhicule thermique qui fait office de mulet, et sauf exception prévue à l’avance, je n’ai plus besoin de l’utiliser car je fais en moyenne 80 km par jour".
Ne pas oublier les avantages collatéraux du VE
Louis Nègre voit plusieurs avantages au véhicule électrique, au premier rang desquels figure naturellement le zéro émission, argument essentiel par rapport à l’enjeu de la pollution locale notamment. L’absence de bruit lui semble aussi précieuse pour la qualité de vie, même s’il estime qu’un avertisseur sonore pour les piétons est sans doute nécessaire, surtout en dessous de 30 km/h. Par ailleurs, il loue le comportement dynamique des VE, battant en brèche l’image d’Epinal de la "voiturette de golf" en mettant en évidence les francs démarrages aux feux par exemple. Enfin, il met en exergue ce qu’il appelle avec élégance "les avantages collatéraux du véhicule électrique. A savoir qu’un VE forme le conducteur, l’incitant à la prudence et à une éco-conduite naturelle. Il en résulte une circulation apaisée et par extension, une plus grande sécurité, ainsi qu’une meilleure qualité de vie".
"Taillés sur mesure pour les flottes captives"
Si le jour J pour le développement du véhicule électrique est arrivé, Louis Nègre reste cependant modéré et surtout réaliste : "Les VE sont taillés sur mesure pour les flottes captives, surtout lorsque les trajets sont prédictibles. Dans ce cas de figure, ce n’est pas une projection, mais bel et bien une réalité d’aujourd’hui. Par ailleurs, pour les particuliers, les VE actuels peuvent tenir le rôle du 2e véhicule de la famille pour un usage urbain. En revanche, au-delà d’un trajet de 100 km, il faut envisager une autre solution, véhicules hybrides ou véhicules thermiques, surtout que ces derniers sont de plus en plus vertueux sous l’angle environnemental".
L'enjeu central de la santé publique
Mais quand on évoque les réserves, voire les critiques acerbes, émanant de certains journaux ou de l'opinion publique, Louis Nègre peut aussi se muer en fervent défenseur du VE : "La plupart du temps, on est dans l'idéologie, complètement déconnecté du pragmatisme et de la prise directe avec les concitoyens". Une remarque aussi valable pour le lien intime entre VE et énergie nucléaire par rapport à l'efficacité environnementale : "Il s'agit d'un débat tout à fait honorable, d'un débat de fond. Mais même les écologistes reconnaissent qu'on ne peut envisager de sortir du nucléaire que sur plusieurs générations. D'ici là, que fait-on ? Rien ou devons-nous améliorer le quotidien en exploitant les atouts du nucléaire que nous avons à disposition ? Je pense que la réponse est claire. Surtout que moi, en tant que maire par exemple, j'ai deux problèmes : le bruit et la santé publique". Ce dernier sujet tient particulièrement à cœur Louis Nègre qui se veut volontiers provocateur : "D'un côté, nous déplorons 4 000 morts chaque année sur nos routes et nous déployons des trésors d'imagination et de gros moyens pour faire baisser ce chiffre, soit. Mais d'un autre côté, selon les données de l'OMS, nous déplorons 40 000 morts prématurés à cause de la pollution atmosphérique et nous ne faisons rien ! Dès lors la mobilité électrique et les énergies alternatives me semblent nécessaires".
Fortement investi dans le Grenelle des Transports et nommé par le Premier Ministre pour superviser le Livre Vert, Louis Nègre veut définir et pérenniser une vision à moyen-long terme de la filière électrique française et éviter les hésitations ou les volte-face qui ont par exemple pénalisé le développement des solutions photovoltaïques : "Il est important de créer une task-force en France pour la filière VE. D'autant plus que nous sommes dans le peloton de tête et que le plan véhicules décarbonés est cité en exemple en Chine, au Japon, aux Etats-Unis et même en Allemagne, ce qui n'a rien d'anodin". Une conviction et un objectif que Louis Nègre traduit aussi au quotidien depuis plusieurs années dans sa fonction d'élu, avec le développement des infrastructures de voirie, du VE et du photovoltaïque. Tout en voyant déjà plus loin, vers l'optimisation de l'intermodalité et la bascule de la voiture dans la sphère des services.
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