S'abonner
Industrie

Le monde selon Navteq

Publié le 24 septembre 2010

Par Gredy Raffin
6 min de lecture
Le leader de la cartographie, comme chaque année, a réuni ses partenaires pour un briefing. Une opportunité de faire le point sur le développement du marché de la navigation mais aussi de lever le voile sur les prochaines évolutions,...
...dont le Navteq Natural Guidance.

Les cartographes ont encore de belles heures devant eux. C'est un peu la conclusion que l'on pourrait tirer du dernier Navivision, l'événement annuel organisé par Navteq qui se veut l'occasion de réunir tous les partenaires du spécialiste de la cartographie. Une occasion de faire le point sur le marché, les tendances et les futures technologies aussi.

Mais avant toute chose, revenons sur les dernières avancées du cartographe. Au cours de l'année écoulée, Navteq et ses équipes de géographes ont œuvré à élargir les couvertures. L'Europe de l'Est a fait l'objet d'une attention toute particulière. Aujourd'hui, ce sont quelque 1,6 million de kilomètres qui sont couverts et 1 million de POI qui sont recensés. En Europe de l'Ouest, déjà largement intégrée dans les bases de données, seules l'Islande et l'île de Malte sont venus enrichir la liste. "Nous avons travaillé le peaufinage de nos informations pour la France, notamment le bon emplacement des numéros de rue", rapporte Vincent Astorri, directeur de la zone Europe du Sud chez Navteq.

Dans son discours, il est largement revenu sur le NavteqTrue, cette technologie de capture d'image en haute résolution dont sont équipés les camions de la flotte. Elle devrait aboutir sous peu à des innovations majeures dans les interfaces de guidage de ses clients, telles que des reproductions hyperréalistes des environnements. Navteq a également amélioré sensiblement la qualité des services associés, en particulier l'info trafic. En ce mois de septembre, le cartographe annonçait avoir accru de 400 % sa couverture du réseau français et de 1 200 % celle d'Europe.

Guidage naturel

Il faut comprendre une réalité de marché : les fabricants de PND sont obligés de tirer les prix vers le bas pour soutenir la consommation. En témoigne une étude européenne réalisée fin 2009 qui fait état d'un prix de vente moyen de 150 euros et qui détaille la pénétration par segment de prix. Les produits de moins de 100 euros représentaient 18 % des ventes, en stabilité par rapport à 2008. Ceux de plus de 200 euros perdaient 6 points, à 12 %, sur la même période, tandis que les catégories "de 100 à 150 euros" et "de 150 à 200 euros", accaparaient respectivement 43 et 27 %, en progression (voir tableau). De fait, ils sont obligés de répercuter cela sur les prix d'achat des composants, notamment les cartes. Un sujet sensible sur lequel Marc Guerin, directeur du département Europe de Navteq, n'a pas souhaité s'exprimer, préférant mettre en avant les innovations qui concourent à "la conservation d'une certaine valeur au produit cartographie". Un argument qu'il avance en toute connaissance de cause, puisque sa prochaine révolution est déjà en marche. Présenté lors du salon IFA de Berlin, il y a quelques semaines, le Navteq Natural Guidance représente la future solution de guidage vocale. "Nous voulons concevoir une méthode plus proche de la réalité", avance Vincent Astorri. "Tournez à droite avant le magasin jaune", voilà ce que pourraient nous dire les GPS dans les prochaines années à la place du traditionnel "dans 100 mètres, tournez à droite". Cela ne remet pas en question la façon dont les géographes capturent les rues, mais redéfinit une partie de leur travail, forcément. Ils doivent maintenant relever des éléments marquants dans le décor pour s'en servir comme point de repère. "Nous prenons en considération la visibilité, la permanence, l'angle de vue, la saison pour juger de la pertinence", poursuit le responsable. Le programme Navteq Natural Guidance a débuté à Berlin, Munich, Londres, Paris, Chicago, New York et dans la région de Dehli. Les premières applications sont à prévoir pour le premier semestre 2011. "Elles entreront chez nos partenaires au rythme classique des mises à jour et des lancements de produits", tempère Marc Guerin.

L'émergence des solutions embarquées

Franck Gaget, directeur marketing de Navteq pour la zone EMEA, s'est ensuite attardé sur les tendances de marché. Les exercices 2009 et 2010 auront marqué un tournant. Selon l'expert, le public, dans une proportion toute relative, s'est tourné vers les produits connectés. "Avant l'info trafic, c'est le service proposé par Coyote qui a donné l'impulsion", juge-t-il. La France est d'ailleurs en tête sur ce segment, dû au fait que les principaux acteurs de l'information radar sont nationaux et ont conclu des accords avec les fabricants de PND. Si on prend les cinq pays majeurs, 50 % des PND communicants sont commercialisés chez nous, même s'ils ne pèsent que 14 % des volumes totaux dans l'Hexagone.

Sans entrevoir leur fin, la suprématie des PND semble s'effriter. C'est en tout cas une des observations faites par Navteq. La concurrence, à la fois des solutions embarquées chez les constructeurs et des smartphones, commence à peser. "Les utilisateurs de GPS nomades ont compris l'apport de telles solutions au quotidien, mais désormais ils veulent aller plus loin dans l'expérience. Ce que les constructeurs automobiles peuvent leur apporter en intégrant le système de navigation au véhicule. On prévoit que cette alternative, installée en première monte, aura augmenté son volume de 25 % à fin 2010", certifie Franck Gaget.

Et Marc Guérin d'abonder en ce sens : "Nous avons encore des projets d'évolution, mais le besoin en ressources ne convient pas aux PND, limités en hardware. Alors, l'implémentation dans le véhicule, qui peut inclure un disque dur, représente une nouvelle dimension intéressante". Quant aux smartphones, leur volume (96,7 millions de pièces par an) et leur sophistication jouent en leur faveur. La facilité de souscription à des services de navigation participe également. Les solutions permanentes sont passées de 2 000 à 18 000 ventes entre 2008 et 2009. Leur faiblesse étant encore le manque d'expérience de la part de consommateurs. 69 % des sondés déclaraient fin 2009 connaître la navigation sur téléphone mobile sans pour autant l'avoir expérimentée. Une part qui tombe à 39 % pour les PND.

Leur rivalité devrait monter encore d'un cran dans les années à venir, sous l'impulsion de Navteq. En effet, le cartographe a répété son intention de fournir une solution de navigation piétonne d'aussi bonne facture que celle disponible pour les automobilistes. "Un vaste chantier d'une très grande complexité", n'a de cesse de souligner Vincent Astorri. Un projet pharaonique sur lequel ils sont attendus car il ne faut pas oublier que Navteq subit la pression d'un acteur de poids, GoogleMaps, à la notoriété bien supérieure auprès du grand public.

Photo : Les géographes ne quittent jamais le terrain. Ils se concentrent désormais sur le programme Natural Guidance.

Vous devez activer le javacript et la gestion des cookies pour bénéficier de toutes les fonctionnalités.
Partager :

Sur le même sujet

Laisser un commentaire

cross-circle