EDF veut être exemplaire sur l’électrification de ses flottes
En décembre 2017, EDF devient la première entreprise française à rejoindre l’initiative EV100. Ce programme, porté par l’organisation internationale à but non lucratif The Climate Group, est présenté comme la première initiative mondiale à inciter les entreprises à se lancer dans la mobilité électrique. En tant qu’énergéticien et acteur majeur de la transition énergétique, le groupe EDF s’est donc engagé à montrer l’exemple sur la conversion de son parc automobile à l’électrique.
"Derrière cette signature, il y avait l’objectif d’être exemplaires sur l’électrification de notre flotte parce que nous voyions déjà à cette période que l’arrivée du véhicule électrique était imminente. C’était un objectif visible par tous et partagé au sein du groupe et c’est ce qui a conduit la présidence d’EDF à signer l’initiative EV100", souligne Pascal Pavard, chef de projet EV100 chez EDF.
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Au moment de la signature, le groupe s’est ainsi fixé l’objectif d’atteindre 100 % de véhicules légers électriques au sein de sa flotte d’ici fin 2030. Si EDF avait auparavant déjà commencé à électrifier ses véhicules, cette démarche était jusqu’alors assez disparate au sein de l’entreprise, sans qu’elle soit réellement pilotée au niveau de toutes les entités du groupe.
"À partir de juillet 2018, une dynamique s’est mise en place dans chaque entité du groupe EDF à l’échelle mondiale, telle que : Enedis, Dalkia, Framatome ou encore EDF Renouvelables, Luminus en Belgique, EDF au Royaume‑Uni, Edison en Italie… Nous avons ensuite fait un état des lieux pour recenser la flotte mondiale de véhicules légers du groupe. Puis, nous avons essayé de calculer à quel rythme nous allions pouvoir électrifier cette flotte au niveau mondial", explique Pascal Pavard.
Plus de 29 % de véhicules électriques à fin 2023
Pour atteindre l’objectif qu’il s’est fixé à l’horizon 2030, l’énergéticien a instauré un système de paliers annuels, qu’il adapte au fur et à mesure en fonction des évolutions du contexte et de l’état du marché du véhicule électrique. "Chaque année, nous nous sommes fixé un objectif à atteindre au niveau de l’électrification de la flotte. Depuis 2018, nous y sommes parvenus tous les ans", témoigne le responsable de projet EV100 d’EDF.
À la fin de l’année dernière, le groupe EDF comptait 29,3 % de véhicules électriques au niveau mondial. Pour rappel, l’entreprise française dispose d’une flotte totale de 47 000 véhicules légers, ce qui porte aujourd’hui le nombre de véhicules électriques à 13 700 unités. Sur ces véhicules électrifiés, environ 23 % sont des hybrides rechargeables, tandis que le reste est bel et bien des véhicules 100 % électriques. Cependant, il ne suffit pas seulement de s’équiper de véhicules électrifiés pour s’engager dans la mobilité électrique.
La mise en place de dispositifs de recharge est également un élément essentiel et complémentaire à cette électrification de la flotte. Le groupe EDF a pour cela besoin d’infrastructures de recharge sur plus de 1 900 sites dans le monde. Actuellement, ce ne sont pas moins de 1 100 emplacements qui ont d’ores et déjà été équipés, ce qui représente environ 15 700 points de charge en service à l’échelle mondiale.
"L’électrification de notre flotte de véhicules a pu se faire grâce au déploiement de certaines infrastructures de recharge sur les aires de services des autoroutes. Aujourd’hui, toutes les aires d’autoroute concédées en France sont équipées de vraies stations‑service avec plusieurs bornes de recharge, ce qui permet à nos salariés de traverser l’Hexagone sans perdre de temps significatif avec un véhicule 100 % électrique grande autonomie", ajoute Pascal Pavard.
Un travail à faire sur le véhicule utilitaire léger
La flotte actuelle d’EDF est composée d’un mix de véhicules plutôt équilibré, puisqu’elle compte à peu près 50 % de véhicules particuliers et de société deux places et 50 % de véhicules utilitaires légers (VUL). En ce qui concerne le taux d’électrification, le groupe est évidemment beaucoup plus avancé sur la première catégorie de véhicules, avec plus de 40 % d’électriques.
Néanmoins, l’offre de véhicules utilitaires légers électrifiés, qui s’avère être de plus en plus grandissante, permet à l’entreprise française d’afficher aujourd’hui un taux de VUL 100 % électriques supérieur à 14 %. "Pour ce qui est des infrastructures de recharge, nous avons aussi des solutions qui arrivent pour le VUL et nous sommes donc dans une phase d’accélération très forte de l’électrification de nos véhicules utilitaires légers", affirme le chef de projet EV100 d’EDF.
Au niveau des types de véhicules, l’énergéticien dispose d’une flotte assez variée. Sur les véhicules particuliers de fonction, EDF a jusqu’alors privilégié les hybrides rechargeables de Stellantis, avec principalement des modèles DS Automobiles et des Peugeot 3008.
"Cependant, nous voyons bien que cela nous coûte très cher aujourd’hui en termes de TCO et les résultats ne sont pas très bons. Nous regardons également les émissions de CO2 qui y sont liées parce que les consommations en carburant pétrolier sont beaucoup plus élevées que ce qui avait été annoncé au départ, atteste Pascal Pavard. Nous intégrons donc aujourd’hui d’autres types de véhicules 100 % électriques, notamment ceux du groupe Volkswagen, comme le Skoda Enyaq ou la Cupra Born. Et très récemment, nous avons aussi commencé à intégrer le nouveau Renault Scenic E‑Tech qui correspond bien à nos critères de longues distances."
Pour ce qui est des véhicules de société, le groupe a opté pour des Peugeot e‑208 cinq et deux places, des Opel Corsa‑e et des Renault Zoe. Du côté des VUL, la société énergétique a intégré des Peugeot e‑Expert, des Ford E‑Transit ou encore des Iveco eDaily et elle souhaiterait également faire l’acquisition du nouveau Renault Master E‑Tech.
Des outils pour mesurer le TCO des VE
En complément de son objectif d’électrification de sa flotte, le groupe EDF porte aussi une attention particulière sur le coût global de ses véhicules. L’entreprise française a, en effet, pour ambition que le TCO de sa flotte électrifiée soit inférieur ou égal à celui de sa flotte de véhicules thermiques sur l’ensemble de la période du projet. Pour cela, l’énergéticien a mis en place un dispositif de simulation de TCO, qu’il a ensuite croisé avec ses résultats afin de vérifier que le modèle était bel et bien cohérent.
"Nous avons deux types de TCO. Le premier est un TCO dit prospectif puisqu’il nous permet de voir comment nous nous plaçons par rapport à notre situation de départ et d’identifier les meilleurs leviers d’action. Et le deuxième, que nous appelons dynamique, va aider le gestionnaire de flotte à remplacer un véhicule thermique", détaille Pascal Pavard. Selon le responsable du projet EV100 d’EDF, cet outil permet de comparer les différentes offres du marché en temps réel, tout en déduisant le coût complet du véhicule qui va amener le meilleur TCO à l’entreprise. Le groupe EDF s’est également rendu compte que le gestionnaire de flotte n’avait pas toujours de vision sur l’ensemble des coûts qui sont directement liés aux véhicules
électriques.
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"Si nous prenons un véhicule de fonction, par exemple, le gestionnaire de flotte ne voit pas l’avantage en nature correspondant sur lequel l’entreprise paye des charges sociales, alors que c’est quand même important. Et puis, globalement, il ne voit pas non plus les amortissements non déductibles qui sont aussi très avantageux pour un véhicule électrique. C’est donc pour cela que nous avons mis en place ce dispositif de simulation de TCO, qui permet au gestionnaire de flotte de prendre en compte les coûts complets pour la société", explique‑t‑il.
Enfin, la récente suppression du bonus écologique pour les entreprises n’est pas perçue comme un frein chez EDF, du moins sur le long terme. Les nouveaux prix et taux de remise permettent à la société d’avoir des voitures encore moins chères qu’avec le bonus écologique. "Cependant, il va y avoir un problème sur les véhicules que nous avons commandés avant cette suppression puisqu’ils ne seront pas éligibles au bonus s’ils sont livrés après le 15 mai 2024. Et le souci, c’est que nous avons des centaines de véhicules concernés et nous parlons de 3 000 euros par unité. C’est un enjeu fort puisque nous risquons de perdre de l’argent au niveau du groupe par rapport à ce que nous avions prévu initialement", conclut Pascal Pavard.
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