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Industrie

Shell Eco Marathon : une 30e édition record

Publié le 18 juin 2014

Par Romain Baly
6 min de lecture
Sous le soleil de Rotterdam, la trentième édition du Shell Eco Marathon a permis de faire tomber quatre records de distance. Toujours aussi à leur aise dans cette épreuve, les équipes françaises ont une nouvelle fois brillé, remportant six des dix prix.
Pour cette 30e édition, 3 000 jeunes représentants 200 équipes et 26 pays s’étaient réunis à l’Ahoy Arena de Rotterdam.

Près de trois décennies que ça dure et le succès ne se dément pas. Rendez-vous traditionnel de tous les étudiants européens de la filière automobile, le Shell Eco Marathon s’est déroulé du 15 au 18 mai dernier dans les rues de Rotterdam (Pays-Bas). Une nouvelle édition forcément particulière puisqu’il s’agissait cette année de la trentième et que celle-ci a été marquée, une fois n’est pas coutume, par des performances de haute volée. Sur le circuit urbain de la deuxième ville batave, 3 000 jeunes issus de 26 pays ont roulé dans le seul et unique but de se montrer le plus efficient possible avec un litre de carburant ou un kWh. Contrastant avec la pluie et le vent qui avaient fortement handicapé les participants de l’édition 2013, le soleil était cette fois-ci au rendez-vous. Un élément bien moins anodin qu’il n’y paraît. Responsable des deux équipes de La Joliverie de Nantes (44), Philippe Maindru explique ainsi qu’une météo favorable “peut, potentiellement, offrir un gain en performance de 7 %. Une absence de nuage ou un vent favorable influe énormément sur le résultat final”. De surcroît sur des véhicules réglés au millimètre, mais surtout au gramme près. Lorsque l’on sait que le poids d’un prototype ou d’un Urban Concept (proche, dans la forme, d’un véhicule de série) peut frôler les 30 kg – le pilote, lui, devant peser au minimum 50 kg –, on comprend mieux l’influence que peut avoir la moindre brise sur le chronomètre. Historiquement toujours parmi les meilleures, les équipes françaises n’ont pas failli à leur réputation. D’horizons divers, elles étaient au total 57 à avoir fait le déplacement. Parmi elles, figuraient les deux équipes de Philippe Maindru.

3 314,9 km, record battu

Alignée en catégorie Urban Concept avec pile à combustible à hydrogène, la Polyjoule de La Joliverie-Polytech Nantes a réussi à améliorer son résultat en parcourant 150,5 km. Un score vingt-deux fois moins important que la Microjoule de La Joliverie. Déjà plusieurs fois titrée dans le Shell Eco, cette dernière était alignée avec les prototypes à essence et a établi un nouveau record en parcourant 3 314,9 km. Un chiffre supérieur de 11 % au précédent, qui correspond, par équivalence, à un trajet La Rochelle-Moscou effectué avec un seul litre de carburant. “Sur un revêtement difficile et avec cinq virages à angle droit à gérer, c’est une performance vraiment remarquable que nous venons d’accomplir. Je pense que nous étions à notre maximum”, note Philippe Maindru. Son équipe n’est d’ailleurs pas la seule à s’être illustrée. En Urban Concept à essence, le lycée Louis Delage de Cognac (16) est reparti de Rotterdam auréolé d’un nouveau record avec 468,8 km parcourus, soit 73 de plus qu’en 2013. En tout, pas moins de quatre records et six prix ont été remportés par les équipes tricolores. Un résultat que Gilles Vanier, directeur technique de l’épreuve, attribue à différents éléments : “Le Shell Eco Marathon est né en France et les écoles françaises ont toujours été très motivées pour y participer. Une histoire s’est créée et une certaine culture de l’épreuve s’est développée. Aujourd’hui, contrairement à d’autres pays, de nombreuses équipes françaises ont une démarche presque professionnelle avec des professeurs et des élèves qui servent de guide de part leur vécu.”

Une certaine idée du monde

Garants d’une ligne conductrice unique, ces guides participent aussi à ancrer chaque année davantage l’état d’esprit du Shell Eco dans la tête des novices. Au-delà de la bataille de l’innovation, du projet éducatif et de la performance sportive, l’épreuve offre surtout un formidable panorama de ce qu’est le monde étudiant. Entre découverte, partage et entraide, le paddock tend très vite à effacer les différences. Sans professeur référent, contrairement à la majorité, et avec un budget limité à 4 000 euros (à titre de comparaison, celui de La Joliverie dépasse les 100 000 euros), l’équipe de l’Insa Strasbourg fait partie des Petits Poucets. L’un de ses membres, Robin Marchal, fait part de son expérience : “C’est assez unique ce que l’on vit. On n’a pas les mêmes moyens, on ne vient pas des mêmes horizons, mais on est tous liés par le même objectif. L’entraide est omniprésente dans le paddock. Si la langue est parfois une barrière, on se débrouille et on finit toujours par s’entendre.” Cette année, et ce pour la première fois dans l’histoire du Shell Eco Marathon, deux équipes nigérianes avaient été conviées. Remarquée, leur participation a aussi été saluée par les concurrents. Philippe Maindru témoigne : “Je trouve que le Shell Eco Marathon constitue une formidable occasion de s’ouvrir au monde. L’arrivée du Nigeria me réjouit et je souhaite que se mettent en place des synergies avec ses étudiants pour qu’ils puissent développer leur projet sans perdre leur identité.” Au-delà de ces bonnes paroles, le Shell Eco Marathon est également un outil de communication ultra-positif pour Shell. Défendre un événement à la fois éducatif et écologique n’est pas chose commune pour un pétrolier. “C’est évidemment plus positif que d’être partenaire de la Formule 1 ou des 24 Heures du Mans”, confirme Gilles Vanier. Celui-ci préfère en revanche souligner le caractère louable de la démarche : “Nous ne nous plaçons pas comme un pétrolier, mais comme un fournisseur d’énergie qui souhaite engager une large réflexion, notamment via cette mixité d’énergie.” Une mixité renforcée en 2015. Aux catégories essence, Diesel, éthanol, hydrogène ou électrique, s’ajoutera l’an prochain le gaz naturel. Une manière de relancer un enjeu pourtant loin de perdre en attractivité.

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FOCUS - Un événement international

Evénement historiquement franco-français, le Shell Eco Marathon a réussi son pari d’ouverture sur le monde. Dans un premier temps en se donnant, avec succès, une image beaucoup plus européenne – l’Hexagone ayant accueilli les vingt-quatre premières éditions au Castellet (13) puis à Nogaro (32) – en s’installant en Allemagne, à Lausitz, de 2009 à 2011, puis aux Pays-Bas, à Rotterdam, depuis 2012. Dans un second temps en concrétisant un doux rêve des organisateurs qui consistait à dupliquer leur épreuve sur d’autres continents. En 2007 puis en 2010, deux déclinaisons “Amériques” et “Asie” ont ainsi vu le jour avec un succès relatif en termes de performance, mais particulièrement probant en termes de participation. Non contents de ce résultat, les organisateurs planchent actuellement sur une quatrième déclinaison, “peut-être en Afrique ou au Moyen-Orient”, comme nous l’a confirmé Gilles Vanier. La venue du Nigeria cette année doit ainsi servir de moteur et d’exemples pour convaincre de nouvelles écoles issues de ces régions de rejoindre l’épreuve. Dans un avenir proche, l’édition 2015 sera vraisemblablement la dernière effectuée à Rotterdam avant qu’une nouvelle ville d’Europe ne soit investie. A plus long terme, le pétrolier envisage également de créer une épreuve rassemblant les meilleures équipes de tous les continents pour une sorte de Course des Champions de l’innovation et de l’efficience.
 

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