Royaume-Uni : Londres prépare une taxe sur les voitures électriques

À trois semaines de la présentation de son budget, la ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, envisage de créer une taxe sur les véhicules électriques. Objectif : "rétablir l’équité" entre les conducteurs d’essence, de diesel et d’électrique, selon un porte-parole du gouvernement. "Il est juste de chercher un système fiscal qui finance équitablement les routes, les infrastructures et les services publics", a-t-il ajouté.
Selon le Daily Telegraph, la mesure consisterait à prélever 3 pence (3,5 centimes d’euro) par mile parcouru, soit environ 250 livres sterling par an pour un conducteur moyen. Le dispositif, prévu pour 2028, pourrait générer 1,8 milliard de livres par an dès le début des années 2030.
Londres confrontée à l’érosion de la taxe carburant
Le Royaume-Uni fait face à un effondrement progressif de la fiscalité sur les carburants, conséquence directe de la montée des ventes de véhicules zéro émission. Depuis le début de l'année, celles-ci représentent 22,1 % du marché global outre-Manche, selon les chiffres communiqués par l'ACEA.
L’Office for budget responsibility (OBR) estime que les recettes issues des taxes sur l’essence et le diesel tomberont à 24,4 milliards de livres en 2025-2026 (environ 28 milliards d'euros), soit à peine 2 % des recettes publiques.
Cette perspective pousse le Trésor britannique à repenser un modèle fiscal bâti depuis des décennies sur la consommation d’hydrocarbures. Mais le projet de taxe sur les véhicules électriques suscite déjà la controverse. La fédération automobile SMMT, qui représente les constructeurs, dénonce une mesure "complexe, coûteuse et contre-productive". "Introduire un régime ciblant précisément les véhicules que les constructeurs peinent à vendre serait une erreur stratégique", alerte son directeur, Mike Hawes.
En France, la TICPE bientôt sous tension
La réflexion britannique résonne particulièrement en France. La taxe sur les produits pétroliers (carburants et huiles) a rapporté près de 46,3 milliards d’euros en 2023 dans les caisses de l’État français mais aussi des collectivités territoriales, selon l'ACEA.
Mais la montée en puissance du véhicule électrique va mécaniquement faire fondre la consommation de carburants. Pour l'instant modérée, l'Ufip (Union française des industries du pétrole) indique une consommation de 48 millions de m3 en 2023, en baisse de 2,6 %. Mais à horizon 2030, la perte de recettes pourrait atteindre plusieurs milliards d’euros.
Vers une future taxe kilométrique à la française ?
Alors que l’Islande et la Nouvelle-Zélande ont déjà instauré des taxes kilométriques sur les véhicules électriques, la démarche britannique pourrait ouvrir la voie à un nouveau modèle de fiscalité automobile en Europe.
Face à cette équation budgétaire, l’idée d’une taxe à la distance parcourue refait régulièrement surface dans les débats hexagonaux. Une redevance à l'usage qui s’appliquerait à tous les véhicules, quel que soit leur mode d’énergie, pour financer l’entretien du réseau routier.
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