Quelles conséquences économiques du deuxième et d'un troisième confinement ?
Le cabinet Asterès, spécialisé dans la production d’études économiques, s’est penché sur l’impact macroéconomique de ce deuxième confinement, et d’un potentiel troisième épisode en 2021.
La santé de l'économie française en 2021 dépend étroitement de l'évolution de l'épidémie.
C’est la question que tout le monde se pose : dans quelle mesure, ce confinement épisode II va-t-il perturber l’économie française ? Le cabinet d’études économique Asterès s’est penché sur la question. Selon son dernier rapport, l’économie française devrait connaître une contraction de 10,5 % de son PIB en 2020. Après un repli de cet indicateur de près de 20 % durant les deux premiers trimestres, sur fond de confinement, le rebond a été plus vigoureux qu’attendu au troisième trimestre avec une progression du PIB de 18,2 %. La consommation des ménages pratiquement revenue au niveau d’avant-crise et le dynamisme du commerce extérieur ont contribué à ce rebond. Bémol toutefois au niveau de l’investissement des entreprises, traduisant un manque d’optimisme de ces dernières. Et à juste titre…
Le deuxième épisode de confinement est venu gâcher les effets de cette reprise à l’ampleur inespérée. Avec en conséquence, une contraction de l’activité au quatrième trimestre "inévitablement brutale », selon Asterès qui nuance toutefois. L’impact de ce second confinement, moins strict que le premier, devrait être environ deux fois moins douloureux pour l’économie française avec un repli du PIB estimé à 10,4 % pour le quatrième trimestre. Et pour cause : si l’impact sur la consommation et l’épargne devrait être quasiment similaire à ce qui a été constaté au printemps, la production industrielle sera, elle, moins pénalisée. La balance commerciale devrait donc s’améliorer sur le quatrième trimestre. Pour ces projections, Asterès s’est basé sur un second confinement allant jusqu’à mi-décembre.
L’industrie davantage préservée qu’au premier confinement
Ce travail d’analyse de l’évolution de la production a été affiné selon différents secteurs. Celui de l’automobile n’a pas été détaillé, mais intégré dans le vaste secteur du commerce. Secteur qui, au quatrième semestre afficherait selon les prévisions le pires des replis, soit une contraction de 16,7 % du PIB. Cette une chute serait quasiment aussi importante que celle subie lors des deux premiers trimestres de l’année. De bien mauvais augure donc avec un repli porté à -11,7 % pour l’ensemble de 2020.
Les estimations sont un peu moins pessimistes du côté de l’industrie puisque le PIB généré par la production de biens industriels afficherait un recul de 8,1 % au dernier et quatrième semestre, contre -18 % la période précédente. Ainsi, si au deuxième trimestre 2020, la production de biens industriels a atteint seulement 77 % de son niveau d’avant-crise, pendant ce second confinement, ce niveau se maintiendrait à 86 % du niveau d’avant crise d’après les prévisions d’Asterès.
Une troisième vague décisive
Asterès s’est ensuite attaché à modéliser la santé de l’économie française en 2021, qui dépendra étroitement de l’évolution de l’épidémie. Deux scénarios ont été imaginés : l’un avec une épidémie maîtrisée en 2021, l’autre prenant en compte un troisième confinement, qui interviendrait au deuxième trimestre et d’une même durée et intensité que l'actuel. Dans le scénario optimiste, l’épidémie disparait en 2021, permettant un rebond de 8,3 % l’an prochain, avec un premier trimestre dynamique grâce notamment à l’effet du rattrapage de la consommation des ménages et des exportations en hausse de fait de la reprise en Europe et du tourisme. Le rythme de la reprise s’essoufflerait progressivement en 2021 du fait de la levée des mesures de soutien et des difficultés accumulées pendant la crise. Fin 2021, le PIB français serait alors 2 % inférieur à son niveau de fin 2019.
Dans le scénario pessimiste, un reconfinement au deuxième trimestre 2021 entraînerait une rechute de l’activité et limiterait la croissance de 2021 à 3,9 %. Après avoir rebondi au premier trimestre, toujours sous l’effet rattrapage, le PIB plongerait de -8,7 % au deuxième trimestre, durant le confinement, avant de rebondir au 3e trimestre, comme en 2020. Le PIB serait l’an prochain inférieur de 7 % à son niveau d’avant-crise. "Ces hypothèses pèchent peut-être par excès d’optimisme. Suite à un troisième confinement, il est possible que les séquelles de la crise (temps passé hors de l’emploi par les salariés des secteurs fermés, affaiblissement des entreprises) amputent les capacités de rebond de l’économie française", prévient Asterès.
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