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Industrie

Pourquoi Forvia supprime 10 000 emplois en Europe malgré la hausse de ses résultats

Publié le 19 février 2024

Par Nabil Bourassi
3 min de lecture
Le premier équipementier automobile français a publié des résultats 2023 en forte hausse. Forvia constate néanmoins un déficit de compétitivité en Europe et veut réduire ses surcapacités.
Forvia suppression de postes
Ce plan doit permettre à Forvia d’économiser 500 millions d’euros par an. ©Forvia

Forvia revient dans le vert en 2023, mais prend les devants. L’équipementier automobile français a annoncé un plan de restructuration de ses effectifs en Europe, alors même que ses résultats annuels 2023 sont en forte progression.

 

Avec un chiffre d’affaires en hausse de 11 % à 27,2 milliards d’euros, un résultat opérationnel qui s’envole (+35,7 % à 3,3 milliards d’euros) un bénéfice net qui repasse en territoire positif à 222 millions d’euros (-400 millions en 2022) et un cash-flow également en forte hausse (+34 %), Forvia a présenté des résultats solides.

 

L'Europe : des surcapacités structurelles depuis le Covid

 

Mais pour la direction emmenée par Patrick Koller, le groupe issu de la fusion entre Faurecia et Hella souffre d’un déficit de compétitivité structurel en Europe. Avec un marché qui ne semble pas vouloir redécoller, les usines sont sous-utilisées.

 

Dans son communiqué de presse, Forvia rappelle que la production automobile européenne a baissé de 16 % en cinq ans, notamment depuis la crise du Covid (+12 % en Asie) et n’attend aucune amélioration d’ici 2030.

 

L’activité en Europe a enregistré une marge opérationnelle de 2,5 % en 2023, alors qu’elle est à 4,3 % en Amérique. Elle est surtout très loin de celle enregistrée en Asie : 11 % ! Forvia est particulièrement dynamique en Asie puisqu’il surperforme le marché de 760 points de base, contre "seulement" 250 points en région Europe.

 

De fait, l’Asie rapporte plus de deux fois plus de résultats opérationnels (815 millions d’euros) que le Vieux Continent (316 millions d’euros), alors qu’elle représente presque deux fois moins de chiffre d’affaires (respectivement 6,7 et 11 milliards d’euros).

 

A lire aussi : Patrick Koller, Forvia : "En 2030, la moitié des véhicules électriques sera produite en Chine"

 

Le premier équipementier français vise ainsi près de 10 000 suppressions d’emplois en Europe (sur 75 500) d’ici 2028. Il n’a pas donné plus de précisions sur les modalités de ce plan baptisé EU-Forward (licenciement sec, départs à la retraite non remplacés, rupture conventionnelle collective au moins en France…). Il n’a pas non plus annoncé la fermeture d’un site.

 

Le groupe indique viser une marge opérationnelle de 7 % en 2028 sur le Vieux Continent.

 

"Cela va concerner tous les sites mais pas de la même manière", a précisé le directeur financier de Forvia, Olivier Durand, lors d'une conférence de presse.

 

"On a eu une baisse du marché européen, et on ne voit pas de progression possible à court ou moyen terme. Et on a un certain nombre de sites qui ne fonctionnent pas à leur pleine capacité", a-t-il souligné. "Nous voulons manifester notre ambition de rétablir notre compétitivité complète".

 

Montée en puissance des synergies après la fusion avec Hella

 

Ce plan doit permettre à Forvia d’économiser 500 millions d’euros par an. Cette économie va s’agréger à la montée en puissance des synergies engrangées par le rapprochement avec Hella qui s’élevait à 190 millions d’euros en 2023 et devrait atteindre les 350 millions d’euros fin 2025.

 

Forvia compte également sur l’achèvement de son programme de cession d’actif lancé en 2022 et qui doit s’accélérer en 2024, et dont le produit servira à alléger la dette du groupe.

 

Bien qu’en hausse d’un point, la marge opérationnelle (5,3 %) est encore loin de l’objectif de 7 % en 2025 (pour un chiffre d’affaires de 30 milliards d’euros).

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