Paquet automobile européen : la Commission reporte ses annonces au 16 décembre 2025

Prévue le 10 décembre, la présentation du grand paquet automobile de la Commission européenne est finalement repoussée au 16 décembre 2025, selon nos informations.
Bruxelles tente de finaliser un ensemble de textes stratégiques très attendus par l'industrie, dans un contexte de crise aiguë du secteur et de fortes pressions politiques autour de l’objectif d’interdiction des ventes de voitures neuves thermiques en 2035.
Quatre textes au menu pour l'industrie automobile
Le paquet automobile comprendra quatre initiatives clés. L’Industrial Accelerator Act, destiné à soutenir la compétitivité et la réindustrialisation du secteur. La révision des normes CO₂ pour les voitures particulières et les utilitaires. Le Battery Booster, visant à doper les investissements dans les gigafactories en Europe et l’omnibus automobile, un texte de simplification réglementaire transverse. Ce dernier pourrait notamment permettre un gel des réglementations existantes afin de permettre la création d'une e-car européenne.
Selon nos informations, il serait aujourd'hui acquis qu'un lissage plus important, au moins jusqu'en 2029, serait accordé pour les étapes d'émissions de CO2 prévus par les normes CAFE. Ce lissage concernerait aussi bien le segment des véhicules utilitaires que les voitures particulières.
Les notions de contenu local devraient être intégrées dans l’Industrial Accelerator Act et dans la révision des normes CO₂, une évolution majeure que plusieurs États membres appellent de leurs vœux pour renforcer les chaînes de valeur européennes.
L'objectif de faire passer les voitures neuves au tout-électrique en 2035 avait été fixé en 2021. C'était l'une des mesures phares du Pacte vert européen.
Bruxelles sous pression face à l’interdiction du thermique en 2035
L'assouplissement qui devrait être annoncé, intervient alors que l’interdiction de vente de voitures neuves essence ou diesel en 2035 s’invite plus que jamais dans le débat européen.
L’ACEA rappelle que le secteur a reçu "l’objectif le plus contraignant" des industrie, alors même que "l’écosystème et la demande des consommateurs n’ont pas pu suivre le rythme" imposé. En 2025, entre janvier et octobre, les immatriculations de voitures électriques on pesé 16,4 % des ventes totales alors que le rythme imposé par l'Europe prévoyait près de 25 %. Pour les utilitaires, la part franchit à peine les 10 % contre un objectif de plus de 17 %.
En parallèle, la concurrence chinoise s’intensifie avec des véhicules électriques bien moins coûteux que leurs équivalents produits en Europe. Et des équipementiers qui sont confrontés à des prix plus bas de près de 30 % face à leurs compétiteurs chinois.
Le risque ? Selon les industriels européens, une crise sociale et industrielle sans précédent si les objectifs ne sont pas adaptés.
"Le sol se dérobe sous nos pieds", alertait début novembre Luc Chatel, président de la Plateforme automobile (PFA), dénonçant une impasse née d’"un choix politique et dogmatique".
L’Europe divisée : Allemagne offensive, Italie insistante, France prudente
Le chancelier Friedrich Merz s'est fait ces dernières semaines le porte-voix des constructeurs, particulièrement puissants en Allemagne et qui appellent depuis des mois Bruxelles à revoir cette obligation.
Dans un courrier à la Commission, le chef du gouvernement allemand a réclamé le maintien après 2035 des ventes de voitures neuves hybrides rechargeables (PHEV), mais aussi les véhicules équipés de prolongateurs d'autonomie (REEV) ou de moteurs thermiques roulant avec des biocarburants.
L'Italie défend, quant à elle, l'autorisation post-2035 des véhicules neufs roulant aux biocarburants (ou agrocarburants), produits à partir de biomasse.
La France, elle, appelle au contraire à dévier le moins possible de la trajectoire vers le tout-électrique, histoire de ne pas compromettre les énormes investissements déjà réalisés par les constructeurs.
"Si demain on abandonne l'objectif de 2035, oubliez les usines de batteries électriques européennes", a lancé le président Emmanuel Macron, à l'issue du sommet européen organisé en octobre 2025.
Un report pour tenter de rassembler les États membres
En repoussant l’annonce du paquet automobile du 10 au 16 décembre 2025, la Commission espère trouver un compromis acceptable entre des positions nationales très éloignées.
Ce délai supplémentaire doit permettre aux services européens d’arbitrer les derniers points sensibles, notamment autour du contenu local, du rythme de décarbonation et des modalités de soutien industriel. Le sujet mis sur la place au début de l'année 2025 par les équipementiers automobiles doit obliger un minimum de véhicules assemblés sur le sol européen et un minimum de pièces produites en Europe pour avoir accès notamment aux aides à la l'achat mais aussi pour garantir une préférence pour les entreprises publiques.
En visite en Chine, Emmanuel Macron a réaffirmé la volonté de la France :"Nous soutenons le principe des flexibilités technologiques et une préférence européenne. Ce n'est pas du protectionnisme. Tous les autres pays (USA et Chine) le font."
Les tractations avancent avec l'Allemagne et pourraient aboutir à un accord d'ici le 16 décembre 2025 pour fixer ce pourcentage de contenu local. La Commission s'offre avec ce report un délai qui lui garantirait un vote au Parlement européen, puis au Conseil de l'Union.
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