Normes CO2 : la filière automobile abasourdie par la position de la France
Illisible, incompréhensible, stupéfaction... La filière automobile n'en revient toujours pas de la position de la France qui a confirmé son soutien à la fin de vente des véhicules thermiques en 2035.
Révélée par Contexte, la lettre conjointe des deux pays réaffirme que la révision prévue par la Commission européenne "ne devra en aucun cas remettre en cause l’objectif de zéro émission". Paris et Madrid plaident pour le maintien du cap, tout en évoquant des flexibilités réservées à l’industrie européenne, comme des super crédits pour les petits véhicules électriques.
Un soutien politique… qui désarçonne les acteurs
"C’est vraiment illisible", souffle un représentant du secteur. "On a du mal à comprendre ce qui se passe : c’est incompréhensible." Beaucoup s’interrogent sur la cohérence de la démarche : comment soutenir l’industrie tout en excluant la concertation ?
Plusieurs observateurs évoquent un bras de fer diplomatique avec l’Allemagne, qui milite pour un assouplissement de la réglementation. Mais pour les professionnels français, le message passe très mal. "Même si c’est une posture politique, le minimum serait de concerter l’industrie concernée. Cette attitude serait impensable en Allemagne", déplore un autre acteur.
Une filière unanime, mais ignorée
La filière avait pourtant répondu d’une seule voix à la consultation ouverte par Bruxelles, appelant à davantage de réalisme dans la trajectoire climatique. "La Commission reconnaît elle-même qu’il y a un souci, et voilà qu’on apprend cette position par voie de presse. Personne ne sait même qui a écrit cette note", déplore Xavier Horent, délégué général de Mobilians.
Cette crispation intervient alors que l’Allemagne et l’Italie tentent de rallier d’autres États membres à leur camp pour desserrer la contrainte de l'échéance 2035. Berlin, en particulier, a mis sur la table trois milliards d’euros d’aides à l’achat pour soutenir son industrie électrique, tout en plaidant pour une révision du texte.
Des distributeurs relancent une pétition
Dans les rangs des acteurs de la distribution, beaucoup partagent le même sentiment. "Nous nous sentons trahis par le gouvernement", lance l'un d'eux. Et pour cause, quelques jours après la publication du rapport réalisé par des sénateurs, ils imaginaient que l'Elysée avait pris conscience du niveau de risque pesant sur l'industrie automobile.
Il n'en fallait pas plus pour provoquer une réaction et celle-ci prend la forme d'une pétition. La seconde à avoir été créée en quelques jours à peine. Elle a été initiée par Edouard Bonnefis, directeur associé de Bonnefis Automobile, enseigne de revente de véhicules d'occasion premium. Certains se souviendront que ce dernier avait adressé récemment des lettres ouvertes au premier Ministre, Sébastien Lecornu, et à l'Assemblée Nationale.
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