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Industrie

Luc Chatel, PFA : "La France est désormais une petite nation automobile"

Publié le 8 juillet 2025

Par Romain Baly
3 min de lecture
À l’occasion de la 7e édition des Rencontres du Pneu et de l’Innovation, le 3 juillet 2025, le président de la Plateforme automobile (PFA) Luc Chatel a lancé un appel urgent à une inflexion stratégique et politique face à une filière en perte de vitesse.
Pour sortir de l'impasse dans laquelle se trouve la filière automobile, Luc Chatel recommande à l'Europe de s’inspirer du modèle chinois, avec des politiques industrielles proactives, des investissements massifs et une attractivité renforcée. ©Jean-Claude Guilloux-PFA 2022

Réunis à Paris le 3 juillet 2025, les professionnels de la filière du pneumatique ont assisté à une édition particulièrement houleuse des Rencontres du Pneu et de l’Innovation.

 

Organisé par le Syndicat du Pneu, cet événement accueillait notamment Luc Chatel, président de la Plateforme de la filière automobile (PFA), qui n’a pas mâché ses mots face à une situation qu’il juge "critique" pour l’avenir de l’industrie automobile française et européenne.

 

Cette crise est d’une nature inédite. Elle touche à la structure même de notre industrie

 

Dans une prise de parole incisive, l’ancien ministre a dressé un constat sévère sur les maux d’un secteur en proie à des bouleversements sans précédent : chute des ventes, hausse des prix, incertitudes réglementaires et transition technologique mal maîtrisée.

 

Une perte de leadership inquiétante

 

"La France est devenue une petite nation automobile", a lancé Luc Chatel en citant des chiffres alarmants : 40 000 emplois perdus ces cinq dernières années, et jusqu’à 75 000 supplémentaires d’ici 2035. "C’est un tiers des effectifs qui disparaîtrait sur 15 ans", a-t-il alerté, évoquant un "sabordage économique et industriel".

 

 

Selon lui, le choix politique de l’électrique comme voie unique a désorienté les consommateurs et désorganisé la chaîne de valeur. "Les bonus ont changé 17 fois en cinq ans ! Les ménages sont perdus, le système est devenu horriblement complexe."

 

Un tournant stratégique inévitable

 

Luc Chatel appelle à une réaction rapide. Il propose un cap fondé sur trois axes. Avant toute chose, "il faut redonner de la clarté réglementaire, notamment en appliquant les recommandations du rapport Draghi pour stimuler la compétitivité européenne".

 

Il se dit ensuite pour rétablir une diversité technologique, en ne limitant pas la transition énergétique à une seule solution. "Plusieurs centaines de milliards ont été investis dans l'électrique, tout ça pour se rendre compte que les consommateurs n'achètent pas. Tout cela remet en cause la pérennité de notre chaîne de valeur. Auparavant, celle-ci était pleinement maîtrisée avec le thermique, alors qu'elle ne l'est plus du tout avec l'électrique."

 

 

Enfin, Luc Chatel recommande de s’inspirer du modèle chinois, avec des politiques industrielles proactives, des investissements massifs et une attractivité renforcée pour la filière. "Il faut dire aux Chinois que leur stratégie est tellement bonne que nous allons l’appliquer chez nous… mais à nos conditions", a-t-il renchérit.

 

Vers la fin de l'industrie automobile européenne ?

 

Aux côtés de Pierre Gattaz, ancien président du Medef, Luc Chatel a invité l’ensemble de l’écosystème – industriels, pouvoirs publics, distributeurs et équipementiers – à se mobiliser pour restaurer la souveraineté industrielle de l’Europe automobile.

 

 

Face à une conjoncture instable et à la montée en puissance des concurrents asiatiques, le président de la PFA lance un avertissement : "Il est minuit moins une. Si nous ne changeons rien, l’automobile européenne subira le même sort que d’autres grandes filières industrielles disparues."

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