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Industrie

Les groupes automobiles français parmi les plus rentables en 2019

Publié le 15 avril 2020

Par Alice Thuot
6 min de lecture
Selon les données rassemblées par EY, les groupes français ont été, en 2019, les plus rentables, avec une marge bien au-dessus de la moyenne des 17 groupes automobiles analysés. Un résultat largement à mettre au crédit de PSA.
En 2019, Renault et PSA ont affiché une marge moyenne de 5,6 %.

 

Comme chaque trimestre, EY a compilé et analysé les résultats des 17 plus grands groupes automobiles au monde. Plusieurs indicateurs sont mis en lumière, dont le volume de ventes, le chiffre d’affaires, l’EBIT et enfin la marge.

 

Concernant le chiffre d’affaires, celui des groupes français considérés dans l’étude, soit PSA et Renault, s’est montré relativement stable en 2019 avec un léger repli de 0,9 %. Ce dernier est ainsi passé de 131,4 milliards d’euros en 2018 à 130,2 milliards en 2019, un somme corrigée des variations de change. Dans le détail, PSA à vu son chiffre d’affaires croître de 1 % à 74 milliards, tandis que celui de Renault a diminué de 3 % à environ 56 milliards.

 

Un résultat plutôt satisfaisant, alors que, de leurs côtés, les groupes japonais on vu leur chiffre s’affaires reculer de 2,2 % à 554 milliards d’euros, celui des américains de 3 % avec un chiffre d’affaires de 392 milliards en 2019 contre 404 milliards en 2018. Seuls les Allemands ont fait mieux avec une progression de près de 6 % et 530 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Au global, et grâce aux Allemands, le chiffre d’affaires global des 17 groupes analysés n’a jamais été aussi élevé, à 1 720 milliards d’euros, soit une hausse de 0,8 %.

 

Une marge parmi les plus élevées pour les Français

 

Moins réjouissant, l’EBIT. Celui des Français a affiché entre 2018 et 2019 un recul de 8,5 % passant de 8 milliards d’euros à 7,3 milliards. Mais la réalité est très contrastée entre les deux constructeurs : Renault a plombé ce total avec un plongeon de son EBIT de 26 % à 2,7 milliards d’euros tandis que PSA s’est extrêmement bien porté de ce côte avec un EBIT un hausse de 6 % à 4,7 milliards d’euros. Si cette évolution globale des deux français n'est pas, de prime abord, positive, elle est pourtant rassurante par rapport à celle connue par les autres groupes. L’EBIT des allemands s’est effondré de 15,6 % entre 2018 et 2019, celle des japonais de 16,3 % et celle des américains de 16 %. Ainsi, au cours de 2019, l’EBIT cumulé des 17 groupes automobiles mondiaux a reculé à son plus bas niveau depuis 2014. Dans ce contexte, les deux constructeurs français considérés ensemble dans cette étude s’en sortent très bien, avec un EBIT qui n’a jamais été aussi élevé depuis 10 ans, hormis en 2018 bien sur.

C’est en se basant sur ces deux indicateurs, le chiffre d’affaires et l’EBIT qu’il est possible de calculer la marge et ainsi de tirer la conclusion suivante : les groupes automobiles français n’ont jamais été aussi profitables. Du moins, en apparence. Renault et PSA ont ainsi affiché une marge moyenne de 5,6 % en 2019, soit une progression de 0,5 point par rapport à 2018. Mais ici encore, la nuance est importante : les deux résultats sont très contrastés entre PSA et Renault. Le premier a vu sa marge passer de 5,9 à 6,2 % entre 2018 et 2019 tandis que la marque au losange a subi une très forte chute de sa marge, de 6,3 à 4,8 %.

 

 

Mais une marge globale au plus bas historiquement

 

Quoi qu’il en soit, les données d’EY montrent que les groupes français, ont été, en moyenne, les plus rentables, avec les japonais qui affichent le même niveau de marge, soit 5,6 %, devant les Allemands (5,4 %), et les Américains (3,6 %) plombés notamment pas Tesla, et donc, au dessus de la marge moyenne des 17 constructeurs analysés par l’étude, soit 4,9 %. Ainsi, en 2019, la rentabilité des 17 groupes automobiles analysés a atteint un plus bas historique depuis les dix dernières années, avec un recul de 0,9 % à 4,9 % par rapport à l’année précédente. Ce plus bas est inférieur de 0,4 point au minimum historique de la période sous analyse, qui était de 5,3 % observés de 2010 à 2012. 

 

"Les investissements massifs consentis par toutes la chaîne de valeur automobile, notamment dans les technologies d'électrification, pèsent sur la rentabilité des groupes, qui y consacrent d'importantes dépenses en R&D, analyse Jean-François Bélorgey, responsable du secteur Mobilités chez EY. Sans compter qu'il n'est pas certain que les véhicules électrifiés affichent une marge égale à celle des thermiques : puisque le client n'est encore que peu naturellement attiré par ce type de véhicules, les groupes doivent peut-être consentir à des prix plus bas ou des remises pour stimuler les ventes. Il faut noter que le repli des volumes de ventes de véhicules diesel, plus profitables, a aussi un impact sur cette marge. Ainsi, les groupes qui présentent une marge satisfaisante, sont ceux qui ont fait des efforts de compétitivté gigantesques et récoltent aujourd'hui le fruit de leur travail."

 

 

Autre explication : l'empreinte géographique des groupes automobiles, déterminante durant cette année 2019. Une constatation validée par l'analyse des résultats très divergeants entre les deux français, PSA et Renault. Renault a subi de plein fouet les effets d'une implantation géographique moins favorable, avec une exposition forte sur les marchés hors Europe et mal orientés en 2019. A l'inverse, PSA a non seulement profté d'un marché automobile européen plutôt robuste mais surtout, des effets du plan de redressement spectaculaire d'Opel mené par Carlos Tavares. Ainsi, le bon résultat des groupes français, au niveau de leur marge, tient, en 2019, assez largement à la bonne santé de PSA, malgré une baisse générale de l'activité et des ventes en recul de 7 % au niveau mondial pour les deux groupes nationaux. Peu de chances donc que cette performance tienne sur la longueur, alors que 2020 s'avère déjà bien chaotique.

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