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Industrie

Les équipementiers automobiles demandent aussi le report des normes d'émission de CO2

Publié le 18 septembre 2024

Par Catherine Leroy
4 min de lecture
Les équipementiers automobiles, réunis au sein de la Fiev, soutiennent la demande de certains constructeurs de revoir l'échéance des normes CAFE prévue en 2025. Les industriels craignent une nouvelle baisse de la production qui pourrait entraîner la suppression de près d'un emploi du secteur sur deux en France.
Les équipementiers automobiles craignent une nouvelle baisse de la production qui pourrait entraîner la suppression de près d'un emploi sur deux en France.
Les équipementiers automobiles craignent une nouvelle baisse de la production qui pourrait entraîner la suppression de près d'un emploi sur deux en France. ©adobe.stock.com

Rentrée difficile pour l'industrie automobile. L'échéance de 2025 sur la baisse des émissions de CO2, prévue dans le calendrier des normes CAFE, met en suspens l'intégralité de la filière. Les constructeurs sont les premiers concernés. Avec des pénalités qui pourraient s'élever jusqu'à 15 milliards d'euros, selon les calculs réalisés par Luca de Meo, président de l'Association des constructeurs européens (ACEA).

 

Mais l'impact remontera bien en amont de la filière, jusqu'au tissu des équipementiers automobiles. Pour éviter les amendes, les constructeurs pourraient envisager de baisser la production de véhicules thermiques. L'objectif étant de garder une part de véhicules électriques représentant environ 22 % des mises à la route.

 

Cette norme CAFE (Corporate Average Fuel Economy) a été globalement respectée jusqu'ici. Les constructeurs étaient notamment poussés par l'explosion des ventes de voitures électriques. Mais dès janvier 2025, les seuils se renforcent. Et les groupes automobiles doivent respecter des émissions fixées en moyenne à 93,6 grammes de CO2/km.

 

A lire aussi : Luca de Meo remet une pièce contre les normes CAFE 2025

 

"En 2025, nous ne serons pas aux objectifs attendus et le risque de pénalités est fort. Or, si ces pénalités s'appliquent aux constructeurs, elles auront des impacts directs sur les emplois de la filière. Si certains limitent le volume des thermiques, ce sera mortel pour les équipementiers", annonce Jean-Louis Pech, le nouveau président de la Fiev.

 

Vers une nouvelle baisse de la production ?

 

Pour les équipementiers, le plus gros risque n'est pas la transition vers le véhicule électrique mais la baisse de la production automobile. Sur le territoire français, celle-ci s'est déjà effondrée de 31 % par rapport à 2019, à 1,5 million d'unités. Mais le plus marquant reste la part de la production en France qui est tombée de 9 % à 2 % entre 2005 et 2023, comme l'indique le graphique ci-dessous :

 

graphique montrant l'évolution de la production automobile dans le monde depuis 2005 - OICA

 

La filière a déjà perdu 17 % de ses effectifs depuis 2019. Près de 57 000 personnes travaillent aujourd'hui dans le secteur de l'équipement automobile. Mais compte tenu de ce nouveau défi, près d'un emploi sur deux pourrait tout simplement disparaître.

 

"Vu l'activité, perdre la moitié d'emplois de plus, malheureusement, ne me paraîtrait pas exagéré sur les cinq ans à venir, ça peut se jouer très très vite", poursuit Jean-Louis Pech.

 

Le danger est d'ores et déjà palpable. Valeo a annoncé vouloir se séparer de trois sites en France. Bosch a fermé une usine en Haute-Savoie, au printemps dernier. La France n'est pas un cas isolé. En Allemagne, ZF devrait supprimer jusqu'à 14 000 emplois d'ici 2028. Grave pour les industriels de rang 1, le danger devient existentiel pour les entreprises des rangs 2 et 3.

 

Tensions exacerbées entre constructeurs et équipementiers

 

Pas question pour autant de remettre en cause la trajectoire, pour le président de la Fiev. L'échéance de 2035 reste d'actualité mais sans dogme. Une fois encore, les équipementiers dénoncent les stratégies de baisse de coûts initiées par les constructeurs. "La logique de baisse des coûts est portée à l'extrême. Il n'est pas rare de voir des constructeurs pratiquer des enchères à la baisse lors d'un appel d'offres", dénonce Jean-Louis Pech.

 

Une stratégie destructrice de valeur qui pourrait accélérer la concentration et le rachat d'acteurs européens par des groupes chinois. En Allemagne, Leoni, un fabricant allemand de câbles électroniques, vient notamment d'être racheté par le fournisseur chinois Luxshare.

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