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Industrie

Le C-V2X en démonstration européenne

Publié le 10 juillet 2018

Par Gredy Raffin
4 min de lecture
A partir du 10 juillet et à l'occasion du rassemblement des membres de l'association 5GAA à Paris, le circuit de Montlhéry (91) accueille la première démonstration européenne de la technologie C-V2X, le standard de communication direct entre les véhicules et leur environnement, appelé à entrer en fonction dès 2019.
BMW, Ford et PSA ont participé à la démonstration de communication entre véhicules, ce 10 juillet, à l'Autodrome de Montlhéry (91).

 

Certes, il y a eu la sortie médiatique de PSA au salon InOut, à Rennes, en mars dernier, mais cette fois-ci, les prêcheurs ont voulu donner plus d'ampleur à la démonstration du C-V2X. Ce 10 juillet 2018, les membres de l'association mondiale 5GAA (5G Automotive Association) ont organisé la première séance d'essai de la technologie de communication directe entre les véhicules et leur environnement. Un événement qui s'est tenu dans l'enceinte de l'Autodrome de Montlhéry (91), terre de l'Utac Ceram, en marge du rassemblement des quelque 90 membres de l'association.

 

Une opération aux allures de prouesse, car les organisateurs ont tout orchestré en huit semaines. De tous les cas d'usage imaginables dans lesquels le C-V2X peut jouer un rôle clé, le 5GAA en a retenu six pour les besoins de l'expérimentation, dont le freinage d'urgence, la détection de piéton, l'aide au passage de carrefour aveugle, l'alerte de véhicule stationné en bord de route, l'assistance en virage dangereux et la récupération d'information de feu tricolore. Surtout, il a pu être prouvé que la technologie permettait de faire tomber les barrières des marques automobiles, puisque PSA, Ford et BMW ont associé leurs efforts de sorte à ce que chacun des ateliers implique a minima deux constructeurs différents.

 

Les véhicules (DS7 Crossback, Ford Edge et BMW i3) ont tous été modifiés par rapport à leur version de série, recevant le modem C-V2X développé par Qualcomm. Ainsi équipés, il leur est désormais possible de communiquer directement entre eux ou avec les unités de bord de route, sans recourir à un réseau de télécommunication. La preuve par l'exemple : le déclenchement d'un freinage d'urgence au volant du SUV de DS avertit l'électrique de BMW, roulant une quinzaine de mètres derrière, de la criticité de la situation. Une alerte retentit, ordonnant une action du conducteur. Notons que, pour l'occasion, les trois OEM ont appliqué une modification de l'interface homme-machine afin d'intégrer ce nouveau détail d'information d'aide à la conduite.

 

Lettre à Bruxelles

 

Le C-V2X permet donc aux véhicules de se parler, y compris les motocyclettes. Le canal s'ouvre aussi vers les infrastructures et les piétons/cyclistes. Cette solution ne requiert pas de connexion à des antennes d'opérateurs, ce qui signifie qu'elle fonctionne partout, puisque le véhicule constitue à la fois l'émetteur et le récepteur de l'information, par l'intermédiaire de son antenne de nouvelle génération (smart antenna) et que le système embarqué fait le travail de filtre, de sorte à ne pas surcharger le conducteur d'informations inutiles (un freinage brusque dans l'autre sens de circulation). Il faut savoir que le C-V2X partage à plus d'un kilomètre à la ronde. "En zone dégagée, nous avons atteint 3,5 km", assure-t-on chez Qualcomm.

 

La technologie devrait se répandre sur les routes à partir de 2019. Année durant laquelle les premiers smartphones seront également dotés de l'évolution. Toutefois, il y a des barrières, en particulier législatives. En Chine, le Gouvernement a fixé une feuille de route. Le C-V2X dans sa définition de standard mondial doit être embarqué sur 10 % des véhicules neufs en 2020, sur 30 % en 2023 et sur 50 % en 2025. Aux Etats-Unis, le législateur s'est prononcé en faveur d'une neutralité technologique laissant le champ libre aux industriels pour parvenir à équiper les véhicules d'une solution sécuritaire crédible. En Europe, en revanche, il y a une division, née de la multiplicité des idées. Motif pour lequel quinze dirigeants d'entreprises ont co-signé une lettre exhortant Bruxelles a adopté une position de neutralité. Seule voie vers une compatibilité entre les véhicules, les mobiles et les objets connectés, défend-on chez Qualcomm.

 

L'autre barrière à lever est celle du modèle économique. Les municipalités accepteront-elles de financer des unités de bord de route ou du mobilier communicant en C-V2X ? Le gain de sécurité est évident, mais le bénéfice, sinon l'amortissement du surcoût, demeure plus compliqué à trouver. Le sujet anime de vif débat au sein de l'association 5GAA. La réponse pourrait venir des nouveaux membres. De plus en plus d'acteurs de la smart city aspirent à faire partie du groupe de réflexion et de standardisation. Le rassemblement de Paris a déjà quelques sujets chauds à l'ordre du jour. Il pourrait alors s'achever sur des promesses d'expérimentations en condition réelle.

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